Plus important que Rome, ses fastes, ses pompes et son repentir, l’art autochtone se lève, se soulève et s’affirme fièrement. Colère, joie, et espérance sont ses vertus cardinales.

Le Festival international Présence autochtone, qui se déroule cette année du 9 au 18 août, est un moment épiphanique de rencontres, de concerts, de projections, d’expositions, durant lequel un vrai miracle contemporain s’accomplit au vu et au su des foules. Ces cultures et ces langues qu’on a voulu effacer de l’histoire s’avèrent vivantes et le cœur de Montréal vibrera bientôt sous leurs harmoniques accords.

Concerts et théâtre
Sur la Place des festivals, une scénographie emblématique sort des années de torpeur pandémique avec de nouveaux atours. Là se dressera la scène Québecor sur laquelle des concerts prodigieux prendront place.

« Québecor est fière de prendre part depuis près de 10 ans au Festival international Présence autochtone, un incontournable de la saison estivale à Montréal, à titre de grand partenaire. Par notre soutien à cet événement unique, qui est l’occasion d’en apprendre davantage sur l’histoire et l’art contemporain et traditionnel des peuples des Premières Nations, nous poursuivons notre engagement d’encourager l’expression et le rayonnement des artistes et artisans », a déclaré Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor.

Sur la scène Québécor, donc, une programmation de grands concerts de soirée. Dès le mercredi 10 août avec, en lever de rideau, Leonard Summer, chanteur et auteur compositeur anishinaabe, suivi de Beatrice Deer, artiste « inuindie » au palmarès impressionnant. Le 11 août, avec Nikamotan MTL-new, un concert qui rassemble une pléiade d’artistes réunis par Musique nomade. Puis, le groupe attikamek Pinaskin de Manawan précèdera le duo Digging Roots composé de ShoShona and Raven. Samedi 13 août, Mack MacKenzie (anciennement du groupe montréalais Three O’Clock Train) fera un spectacle avant que le chanteur innu Matiu entre en scène pour interpréter des chansons de son nouvel album Tipatshimushtunan (« racontez-nous ») qui sera lancé sur place pour l’occasion. Fidèle à sa tradition, le spectacle de l’Amitié Nuestroamericana célébrera la fraternité qui unit les Premières Nations, les peuples de notre Amérique et ceux des autres régions et continents du monde. Le lundi 15 août se tiendra la représentation de la pièce autobiographique Uteï, récit d’un survivant (des productions Menuentakuan), écrite et interprétée en innu et en français, par Omer St-Onge de Maliotenam.
Le dimanche 14 août Quelques part et autres lieux, un grand concert réunira à l’auditorium de la Grande Bibliothèque, le Nouvel Ensemble de Montréal et Forestare. Invitée d’honneur, Deantha Edmunds, soprano inuk y interprétera, avec Lorraine Vaillancourt au pupitre, des poèmes en innu-aimun de la désormais célèbre Joséphine Bacon, dont les textes ont été mis en musique par Tim Brady : ce sera la première mondiale de Uiesh, pièce pour une voix et quatorze instruments. Au même programme, Andrée-Lévesque-Sioui, auteure wendat, interprètera ses poèmes sur les accords conçus par Alexandre Ethier.

Cinéma
Nos héros contemporains ne s’agenouillent pas, ils se dressent fièrement et le cinéma en témoignera dans les œuvres présentées au Cinéma du Musée.
Tel le grand chef dont Adeus, Capitão de Vincent Carelli <letterboxd.com/director/vincent-carelli/> et Tatiana Almeida <letterboxd.com/director/tatiana-almeida/> retrace l’héroïque parcours comme leader de la Nation Gavio dans un imposant film-fleuve : un sommet du cinéma brésilien. Par ailleurs, Carelli recevra dans le cadre du festival, un prix d’accomplissement historique pour son travail de quatre décennies pour donner image et voix aux peuples autochtones du Brésil. Telles femmes autochtones comme Phyllis Jack-Webstad, initiatrice du mouvement des chandails oranges (Returning Home) ; celles qui ont organisé la résistance à Standing Rock (We Are Unarmed; Powerlands); celles qui dénoncent les violences sexuelles intra-communautaires (Tysnaden in Sapmi) et les féminicides (Flores de la llanura).
Celles qui réalisent comme Courtney Montour et Sonia Bonspille-Boileau qui vont donner chacune une leçon de cinéma dans les locaux du prestigieux ONF, plus précisément dans la salle Alanis-Obomsawin. Incidemment, Incidemment, la cinéaste abénakise, auréolée de prestige, aura aussi des films dans le festival (dont Bill Reid Remembes, Au Upstairs Jaxx Bar avec David Amram).
La fiction présente aussi des figures combatives comme Elder dans El gran movimiento), comme Virginio et Sisa dans Utame, deux longs métrages boliviens remarqués dans les grands festivals internationaux et présentés en primeur montréalaise.
Et autres prodiges…
De prestigieux prix seront remis le 16 août, dont le Prix Rigoberta-Menchu; le même jour, aura lieu le lancement du nouveau format de la revue PANORAMA-Cinéma avec un numéro consacré au cinéma autochtone; un colloque international Regards autochtones sur les Amériques, se tiendra le 15 et le 16.
Des invités viendront du monde entier : Maoris de Aotearoa, Kal’inas de Guyane française, Mi’gmaqs d’Acadie, Wayu du Venezuela; expositions sur la rue Ste-Catherine (œuvres électroniques de Buffy Ste-Marie) et à la Maison du développement durable (Voies parallèles).

À Kahnawake, un programme cinéma haudenosaunee sera proposé au Legion Hall le 15 août à 18 h avec des films de Brooke Rice, Nicolas Renaud, Roxann Whitebean et Courtney Montour.

Des activités continuelles seront offertes sur la Place des festivals du 10 au 15 août : des chants et danses de la tradition mohawk, le cirque Tupiq ACT, des tambours de Guyane et d’ici (Northern Voices, Buffalo Hat Singers) des kiosques avec des artistes exposants, etc.

Les Jardins Gamelin accueilleront des concert-midi : dès le 4 août avec Corey Thomas et le Backwater Township Band, puis, le 11 août, avec Esther Pennell, chanteuse et compositrice Mi’kmaq et le 18 août, Mack Mackenzie encore. Et pour que tout se termine en grâce et en beauté, en soirée du 18, le musicien et artiste d’origine mapuche Akawui et le groupe naskapi de Kawawachikamach, Violent Ground, se partageront la dernière scène.
Au Quai des Brumes, Tim Armstrong en formule 5@7 donnera un spectacle le mercredi 17 août.

Pour finir, une surprise
Grâce à Vans, les jeunes Autochtones pourront s’initier à la pratique de la planche à roulettes : une rampe sera installée pour ce faire sur la Promenade des artistes durant le festival. Vans devient un commanditaire important par son implication dans ce projet spécifique qui est appelé à prendre de l’ampleur avec les années.
Conclusion
Certains diront qu’il aura fallu de la mule pour faire croître le modeste événement d’il y a trente-deux ans et en faire le grand festival qu’il est devenu aujourd’hui. Aucun rapport avec le pape, évidemment.

By admin

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