Le gouvernement du Canada, qui tablait sur un plan record visant à accueillir 370 000 immigrants en 2020, est contraint de revoir son objectif à la baisse en raison de la pandémie de COVID-19. Le Canada qui a accueilli 341 203 immigrants en 2019 (Statistiques Canada), recevrait au terme de cette année, selon un rapport de la Banque Royale (août 2020), environ 110 000 immigrants seulement, soit 30% de l’objectif ciblé, ce qui représente une baisse de 68% par rapport à 2019. Les mesures de confinement et la fermeture des frontières décidées en mars pour contrecarrer la crise sanitaire ont ralenti le traitement des demandes des candidats désirant immigrer au Canada et leur établissement au pays.
Par ailleurs, avec la levée graduelle des mesures de confinement, les premiers signes de reprise économique ont été constatés dès le mois de mai, avec un retour à la normale aux environs de 85% de l’activité économique. Toutefois, cette reprise risque d’être ralentie par la rareté de la main-d’œuvre, un phénomène qui s’est aggravé suite au ralentissement des flux migratoires en raison de la pandémie de COVID-19.
La menace du ralentissement de l’immigration sur la croissance économique
Un nouveau rapport de la Banque Royale (août 2020), intitulé : « Le rêve canadien repoussé : Une reprise de l’immigration est peu probable à court terme », souligne dans son analyse qu’un ralentissement de l’immigration au Canada en raison de la pandémie de COVID-19 menace de ralentir, au moins temporairement, la croissance économique du pays. Le rapport s’appuie sur des données statistiques saillantes qui montrent un ralentissement net de l’immigration dans toutes ses catégories (résidents permanents, travailleurs temporaires et étudiants), et ce, malgré les signes de reprise qui se sont manifestés en juin.
Le rapport souligne que la rareté de la main-d’œuvre a suscité une vive inquiétude dans le secteur agricole, mais grâce aux efforts du gouvernement et au soutien financier accordé aux producteurs, les fermes et les serres canadiennes ont réussi à maintenir des niveaux d’emploi proches de ceux de 2019.
Par ailleurs, la rareté de la main-d’œuvre a mis à rude épreuve le secteur de la santé, notamment les établissements de soins de longue durée, qui n’ont jamais éprouvé des besoins aussi importants en main d’œuvre !
Le plein effet du ralentissement de l’immigration en raison de la COVID-19 sur l’économie canadienne et ses défis démographiques sera ressenti qu’à partir de l’année prochaine, souligne ce rapport, qui recommande d’inciter les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires à s’installer d’une manière permanente au pays pour pallier ce ralentissement.
Le Canada qui fait face aux défis démographiques de la prochaine décennie (vieillissement de la population, croissance des villes canadiennes, rareté de la main-d’œuvre, attraction des étudiants et talents étrangers…) doit maintenir une forte immigration, conclut le rapport.
Les enjeux de l’immigration pour le Canada
En effet, il est judicieux de s’interroger sur le caractère inéluctable du phénomène de vieillissement de la population dans un pays où la part relative des personnes ainées dans la population (17,5%) est plus importante que celle des moins de 15ans (16%). Renverser ce phénomène à long terme par la mise en place d’une politique de stimulation de la natalité coûte chère (congés parentaux financés par l’État, allégements fiscaux, subventions à la garde d’enfant, prestations mensuelles pour enfant…) et l’alternative pour le Canada vient de l’immigration pour peupler son territoire et remplacer partiellement les départs en retraite des baby-boomers.
Sofiane Idir