Raymond Cloutier tente une expérience audacieuse cet été : Oleanna de David Mamet sera à l’affiche de la Salle Alec et Gérard Pelletier de la charmante ville de Sutton, pour une vingtaine de représentations. Un nouveau rendez-vous pour les amateurs de théâtre de partout.
Dans la foulée de #moiaussi, Raymond Cloutier a souhaité monter ce texte prémonitoire. Il signe une mise en en scène toute en aspérité pour en étaler un contenu dense et explosif, une lutte à finir entre John, le professeur qu’il incarnera et Carol, son étudiante interprétée par Gwendoline Côté. Oleanna plonge au coeur d’un combat sanglant et sans issue qui opposera la jeune étudiante exigeant un traitement juste et une instruction sans ambiguïté, à ce professeur paternaliste et ambitieux pérorant sur l’inutilité d’une éducation supérieure pour tous. Les enjeux sont majeurs et les protagonistes se butent à une impossibilité de se comprendre l’un l’autre. Les destins de cette étudiante exigeante et intraitable et de ce professeur ambigu et satisfait seront changés à tout jamais.
Dans ce huis clos se dessine une réflexion, sur les abus de pouvoir et d’autorité, sur la pertinence de l’accès à l’éducation supérieure et sur la perception des harcèlements psychologiques et sexuels. David Mamet titre sa pièce, Oleanna, du nom d’une chanson folklorique évoquant une colonie paradisiaque qui vit dans un village utopique. Mamet choisit spécifiquement ce nom pour dénoncer les tenants d’une société où tout est propre, sans tâches, où la perfection est la norme.
« En ces temps de surveillance chirurgicale des comportements, j’ai trouvé pertinent de remettre à l’avant-plan ce récit dangereux et cruel. Je cherche à créer une conversation autour de ce grand mouvement de dénonciation des harcèlements sexuels et psychologiques. Quand tout devient blanc ou noir, il est important d’ouvrir le voile sur les nuances, sur les perceptions. Chaque histoire a une réalité. Certaines méritent un châtiment, d’autres méritent l’analyse. Banaliser les abus, si mineurs soient-ils n’est simplement pas acceptable. Et du même coup, justifier les dérives au nom d’une purge salutaire, nous rappelle des moments sombres de l’histoire. »
– Raymond Cloutier
*Pour mémoire, la pièce Oleanna a été écrite et jouée en 1992 dans la foulée des dénonciations d’Anita Hill lors de la comparution du juge Clarence Thomas en vue de sa nomination à la cour suprême des États-Unis. Dix ans plus tôt, cette ancienne collègue l’avait accusé d’harcèlement sexuel alors qu’il lui aurait déclaré aimer les films pornographiques. Clarence Thomas a du répondre de ces accusations devant la commission sénatoriale et cette affaire a déclenché un tollé médiatique. Parallèlement, les défenseurs des droits civiques s’objectaient à sa nomination, les positions de cet avocat noir ultra conservateur étant diamétralement opposées à leurs valeurs. Clarence Thomas a invoqué un lynchage et une cabale raciste et a rejeté toutes les accusations. Au final, la commission sénatoriale n’a rien trouvé pour corroborer les accusations d’Anita Hill et Clarence Thomas a été confirmé par 52 voix contre 48.
* Les informations de la section « Pour mémoire » sont en bonne partie tirées de Wikipédia.
Carol : Ya des règles.
John : Très bien. On va les enfreindre.
Oleanna
De David Mamet
Traduction Pierre Legris
Production, mise en scène et scénographie Raymond Cloutier
Avec Gwendoline Côté et Raymond Cloutier, Artistes entrepreneurs
Musique originale Émile Proulx-Cloutier
Du 6 juillet au 4 août 2018
Salle Alec et Gérard Pelletier
4-C, rue Maple, Sutton
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