Les données de cette année montrent que la hausse prononcée du coût des biens et services essentiels depuis deux ans a des conséquences particulièrement importantes pour les personnes au bas de léchelle des revenus.
Hausse du revenu viable: les plus pauvres durement touchées par linflation
Le revenu nécessaire pour atteindre un niveau de vie exempt de pauvreté a augmenté plus rapidement que linflation cette année. En effet, alors que le taux dinflation officiel est de 6,7 % au Québec, le panier de biens et services qui sert à calculer le revenu viable dun ménage composé de deux adultes et deux enfants en bas âge a augmenté de 8 % à 12 % selon les localités étudiées.
« Comme linflation a été particulièrement élevée dans les secteurs du logement, de lalimentation et du transport, qui composent la majorité des dépenses des ménages au bas de léchelle, une simple indexation des programmes de soutien au revenu ou du salaire minimum ne permet pas datteindre ou de maintenir un niveau de vie viable en 2023 », déplore Eve-Lyne Couturier, chercheuse à lIRIS et co-autrice de la note.
Des politiques gouvernementales qui laissent de côté les moins fortunées
Bien que la hausse du coût de la vie ait un impact vital sur les ménages à faible revenu, le gouvernement a choisi dans son budget 2023-2024 daméliorer les revenus disponibles des personnes au sommet de léchelle en appliquant des baisses dimpôt qui les avantagent durablement. « Il y aurait eu moyen dagir autrement et de prioriser la protection du pouvoir dachat des revenus au bas de léchelle avec un effet positif sur lensemble de la société », rappelle Eve-Lyne Couturier.
Les aides financières temporaires versées aux ménages au début de la pandémie ont fait une démonstration intéressante, bien que ponctuelle, de cet effet positif. En effet, le nombre de personnes ne pouvant pas couvrir leurs besoins de base est passé de près dune personne sur dix en 2019 (8,9 % de la population) à un peu moins dune personne sur 20 (4,8 % de la population) en 2020. De plus, la part de la population pouvant être considérée comme faisant partie de la classe moyenne au Québec est passée de 52,1 % en 2019 à 55,1 % de la population en 2020, sans perte de niveau de vie pour les ménages plus riches.
Un salaire minimum encore trop bas pour sortir de la pauvreté
Cette année encore, malgré une hausse du salaire minimum que le gouvernement estime généreuse, une personne seule habitant à Montréal et travaillant à temps plein au salaire minimum touche un revenu qui équivaut à seulement 78 % du revenu viable. « Pour faire en sorte que travailler ne rime plus avec pauvreté, il faudrait un salaire minimum à au moins 20 $ lheure. Alors que le gouvernement consulte pour la prochaine édition du plan daction requis par la Loi visant à lutter contre la pauvreté et lexclusion sociale, les constats contenus dans lédition 2023 du revenu viable indiquent les chemins à emprunter vers un Québec sans pauvreté », conclut Eve-Lyne Couturier.
Source : IRIS Institut de recherche et d’informations socioéconomiques