Saladi est l’un des artistes marocains le plus frauduleusement reproduit. Il décède en 1992 à l’âge de quarante-deux ans. Il nous laisse aveugles devant une beauté, dont il est le seul à pouvoir déchiffrer les talismans. Abbès Saladi pousse le délire jusqu’à se présenter en marabout (un saint reconnu comme protecteur) devant la porte de la salle de son exposition, avec tous les accessoires de la fonction, chat, bougie, calame et smgh (encre artisanale) Marrakech, 1978.
Voici un peintre étrange, euphorique et fascinant. Un univers de motifs puisés dans le zellige, les minarets, les palmiers de Marrakech, mais surtout une galerie de personnages et une faune et flore fantasmés et tirés des contes populaires, avec ses saints, ses anges, ses démons, ses femmes, ses centaures et mille autres personnages surnaturels.
Chaque œuvre est un espace d’illusion féerique où le délire installe avec exactitude chaque sujet présent dans l’œuvre. Il distribue avec justesse des rôles tantôt insolites, tantôt bizarres pour que l’ensemble de l’œuvre tende vers une scène complètement hallucinatoire.
Suite à une enfance pauvre et très difficile, Abbès Saladi quitte son Marrakech natal et entame des études de philosophie à Rabat. Il doit interrompre ses études parce que sa santé psychique se détériore et il est interné à l’hôpital psychiatrique Errazi de Salé. C’est là qu’il obtient du papier et de la peinture et entame une carrière de peintre.
De retour à Marrakech, sa mère et sa sœur vendent ses tableaux à Place Jamaâ El-Fna. Les œuvres se vendent très vite et il est découvert par le directeur de l’American Language Center de Marrakech qui va l’aider à organiser sa première exposition en 1978.
