Plusieurs sondages indiquent que la pandémie a joué un rôle crucial dans la dégradation de la santé mentale et l’accroissement de la détresse au sein de plusieurs groupes, dont les étudiants et les aînés.
Les étudiants de niveau post-secondaire lourdement affectés
En ce qui concerne les étudiants, un sondage effectué par l’UEQ en collaboration avec la Fédération des associations étudiantes universitaires québécoises en éducation permanente (FAEUQEP) révèle que 3 % des personnes interrogées ont affirmé avoir fait une tentative de suicide au cours de la dernière année.
Ce constat est d’autant plus alarmant que 81 % des répondants ont montré des indices de détresse psychologique au cours du trimestre de l’automne 2020 et que tout semble indiquer que ce mal-être n’a fait que croître depuis ladite étude qui fut réalisée en février dernier. Ces données démontrent une aggravation de la santé mentale estudiantine par rapport à celles d’une étude menée en 2018, puisque le nombre d’étudiants ayant montré des signes de détresse psychique a fait un bond de 23 %.
Deux facteurs prédominants expliquent cette détresse. D’abord, la peur de perdre son emploi chez les étudiants, puisque la majorité, occupent des emplois précaires dans le secteur tertiaire. Les ressources financières de milliers d’étudiants ont fondu comme neige au soleil, à la suite des fermetures et mises à pied dues à la COVID. Bien que des programmes gouvernementaux leur soient venu en aide, ces mesures ne sont que temporaires et reportent le problème à une date ultérieure.
La pandémie a pareillement eu des effets sur le stress et sur la performance des étudiants de tous les niveaux, car bien que la charge de travail soit demeurée pratiquement la même, les délais de remise des travaux ont diminué et le fait de ne pouvoir collaborer avec les coéquipiers lors des travaux de session, par exemple, sont des facteurs avec lesquels les étudiants ont dû composer lors de l’enseignement à distance. Cet amalgame de facteurs ont contribué à faire augmenter de façon exponentielle les demandes de consultations.
L’anxiété et le stress à la hausse chez les aînés
La troisième vague de COVID-19, a aussi, des effets importants en regard de la détresse et l’anxiété chez plusieurs personnes âgées. Depuis le début de la pandémie, il a été demandé aux aînés de s’isoler, de demeurer dans leur appartement ou encore, dans leur chambre et de limiter leurs déplacements. Avec le temps, la présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, la Dre Christine Grou, constate que cela semble devenir de plus en plus difficile à soutenir pour ces derniers. Cela se manifeste souvent par des gestes malheureux comme le suicide d’une octogénaire qui demeurait dans une résidence de Montréal-Nord. Plusieurs facteurs pourraient expliquer la hausse de détresse psychologique et le sentiment de découragement chez nos ainés, entre autres, les mesures de confinement plus sévères à leur égard.
Ensuite, l’aspect temporel de la situation s’avère également un facteur de détresse pour ces aînés qui croient ne pas pouvoir profiter de la vie aussi longtemps que le reste de la population. Devant s’isoler dans leurs appartements, sans possibilité de vaquer à des tâches nécessaires telles qu’aller faire son marché, alors que le reste de la population est relativement libre pour ce genre de tâches. Les ainés ont l’impression d’être pris en otage. De même, pour certains d’entre eux étant en fin de vie, l’impossibilité de voir leurs proches une dernière fois s’avère un stress additionnel face à la mort.
Enfin, la détresse psychologique vécue par les personnes aînées peut être exacerbée par la disparition d’une certaine qualité de vie. Le vieillissement s’accompagne d’une série de deuils comme celui des enfants qui quittent la maison, de la carrière, puis de la maison en elle-même et, inévitablement, de certains êtres chers. Donc, ce qui reste comme qualité de vie devient à ce moment extrêmement précieux, voire sacré. Le retrait du contact humain avec les proches, la famille et les amis devient alors la goutte qui fait déborder le vase.
Privilégier la santé mentale
Les autorités sanitaires parlent fréquemment d’une forte pandémie d’un an et demi à deux ans, avec l’arrivée et l’accélération de la vaccination au Québec et dans le monde à l’heure actuelle. Toutefois, puisque les conséquences se feront assurément sentir sur plusieurs années et que l’éradication complète du virus ne semble pas pour un futur rapproché, il faudrait faire preuve d’un peu plus de souplesse en essayant de garder le plus de sécurité possible pour les aînés. Il faut opposer […] la sécurité physique à la santé mentale des gens et à la détresse psychologique que nos aînés peuvent éprouver, une tâche pouvant s’avérer complexe pour redonner à ces gens leur autonomie et les plaisirs qui leur sont significatifs.
Des actions concrètes doivent être prises dès maintenant par les hautes instances pour le bien de tous, afin de disposer des ressources nécessaires afin de diminuer la détresse psychologique chez les populations les plus affectées.
Martine Dallaire, B.A.A.