Le troisième rendez-vous de levée de fonds de l’Association de la Sépulture Musulmane du Québec (ASMQ ) a tenu ses promesses le samedi 18 janvier, en réunissant plusieurs intervenants autour du thème : S’organiser dans la mort comme dans la vie.
La Présidente de l’ASMQ, Madame Hadjira Belkacem, en a profité lors de son allocution de bienvenue de rappeler l’urgence de la création des cimetières dédiés aux musulmans : «Travaillons aujourd’hui pour demain et pour les futures générations qui nous en voudront si nous ne réussissons pas à assurer une mort digne aux centaines de milliers de musulmans du Québec qui décideront de se faire inhumer dans leur terre».
Au lendemain de l’attentat de Québec, le sujet reste sensible dans la Province comme le soulignait Yannick Boucher, Doctorant et Auxiliaire de recherche en Anthropologie à l’Université de Montréal au sujet de la question de l’identité qui est souvent instrumentalisé par les médias. Pour le chercheur : «Les cimetières sont porteurs de lieux de mémoire et les enjeux entourant la mort nous interpellent à travers les biographies singulières».
Le Docteur Brahim Benyoucef, Expert et Consultant en sciences sociales et en urbanisme soulignait à son tour que la mort s’impose dans notre vie quotidienne : «La mort est un déclic par excellence de la conscience». Pour Monsieur Benyoucef, même si la mort est un thème qui fait peur, les inquiétudes des musulmans concernant leur décès dans une terre inconnue nécessite de prendre acte de la mission de l’ASMQ qui œuvre pour enterrer les défunts dans la dignité et le respect des traditions musulmanes.
Même si le sujet peut diviser sur le choix des lieux pour enterrer les musulmans, le besoin reste criant comme le soulignait l’Imam et chercheur Wissem El Tom : «Je crois que dans ce genre de situations pour faire preuve d’un minimum de bon sens, alors faisons preuve d’un minimum d’analyse». Il ajoutait d’ailleurs qu’il est grand temps pour les musulmans de ce pays d’exprimer leur citoyenneté de manière responsable et d’investir les marchés immobiliers et médiatiques : «Ils doivent faire connaitre la véritable image de l’Islam».
Même message de la part du Cheikh Omar Koné qui a affirmait que les citoyens sont les meilleurs ambassadeurs pour l’Islam sont : «Chaque citoyen a un devoir moral et doit s’exprimer à travers le voisinage…c’est pour cela que je vous invite à redoubler d’efforts pour être les ambassadeurs de l’Islam et soutenir de telles initiatives (NDLR : Comme celle de l’ASMQ).
Parmi les intervenants, Monsieur Julien des Ormeaux qui est administrateur du patrimoine funéraire de Montréal et fossoyeur depuis sa jeunesse et organisateur de visites guidées en a profité pour démystifier son métier, qui porte selon lui une charge symbolique et forte : «Nous nous retrouvons à fermer le dernier chapitre de la vie…dans la mort il y a une grande partie d’humilité».
Parmi la centaine de personnes qui assistaient à l’événement, on notait la présence de Monsieur Saul Polo, Député de Laval-des-Rapides.
Réda Benkoula