Lorsque l’on regarde la bande annonce du film The Algerian, la première pensée qui nous vient à l’esprit en tant qu’Algérien est celle-ci : « Voilà encore un film qui va dénaturer le regard que les autres portent sur nous! ». C’est peut-être là aussi un reproche qui sera fait au long-métrage qui associe dans le contexte actuel, l’image d’un Algérien à celle d’un terroriste. Le profane devra d’ailleurs revoir le film pour saisir la portée de certains concepts qui peuvent être mal interprétés de prime abord…Pas étonnant, puisque The Algerian aborde sous un certain regard, le parcours d’un jeune Algérien (Ali)qui est installé aux États-Unis et dont l’objectif est de fomenter un complot terroriste. Ce sentiment change assez rapidement après avoir vu le film qui s’intéresse à la vie d’Ali qui assiste dès son plus jeune âge à la mort tragique de sa mère. Ce moment fort au début du film permet de saisir en partie les raisons de l’engagement politique du jeune homme dans une cellule dormante et sa haine contre l’occident. Or, tous ceux qui connaissent l’histoire de l’Algérie, comprendront que les enjeux politiques que l’on voit dans le film sont aux antipodes de la réalité algérienne et font plus penser au Moyen-Orient; et pour cause puisque s’il y a bel et bien un pays qui a souffert du problème du terrorisme pendant la décennie noire, c’est l’Algérie. Là aussi le film n’y fait pas référence! D’ailleurs, à l’occasion de la venue du réalisateur Giovanni Zelko à Montréal lors du Festival des Films du Monde, il confiait que pour des raisons cinématographiques, il a dû adapter une histoire pour en faire un thriller. Le réalisateur qui a voyagé dans de nombreux pays tels que la Syrie et la Jordanie, s’est ainsi embarqué caméra à la main au pays du million et demi de martyrs (on y trouve la référence dans le film) pour y faire le shooting de quelques scènes à Alger Centre, à la Casbah, à Tipaza et à Ghardaïa. Avec l’aide de Ben Youcef alias Ali dans le film, le cinéaste sera resté une dizaine de jours en Algérie, un temps un peu court mais suffisant pour garder en mémoire la saveur du meilleur couscous qu’il aura mangé de toute sa vie. Giovanni Zelko, parle ainsi du pays d’origine de son ami Ben Youcef et se défend de vouloir donner une image négative de l’Algérie ou des Algériens. Il reconnaît que certaines subtilités liées à la culture, à la religion, à la géographie, à la politique et à l’histoire sont difficiles à saisir pour les occidentaux, mais il espère que ce film sera porteur d’un message d’espoir entre des univers qui ne se connaissent pas forcément, mais qui ont tant à partager. Pour le réalisateur, si The Algerian coïncide avec l’actualité internationale, c’est tout simplement parce qu’il aura fallu cinq années de travail pour finaliser ce film indépendant du circuit hollywoodien. Entre les premiers moments du tournage et le montage, de nombreux efforts ont été mis en place pour réaliser ce film qui se veut être : un hymne à la tolérance. Réda Benkoula (L’initiative)