Tënk est heureuse de présenter l’escale La vidéo féministe en France et au Québec : deux territoires, une carte. Six films portant sur les enjeux féministes de 1971 à 1996 sont proposés, célébrant des militantes de cette partie du XXe siècle qui ont fait de la vidéo le support privilégié pour populariser et accompagner les luttes. Cette escale est aussi une façon de prendre acte de la distance et de la proximité entre les années 1970 et notre époque. Montée avec Tënk France et pensée en collaboration avec la chercheuse Julia Minne, cette escale sera disponible du 3 juin au 28 juillet.
Le premier film de cette sélection est le travail d’une figure importante du mouvement LGBTQ2S+ en Suisse. Dans Le FHAR (1971), Carole Roussopoulos capte le défilé du 1er mai de 1971, auquel participe le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR). Les images enregistrées lors de la manifestation ponctuent des extraits d’une réunion publique où sont discutées les questions soulevées par le mouvement.
À notre santé (1977) de Dominique Barbier, Louise Vandelac et Josiane Jouët témoigne de la 2e rencontre internationale des Centres de santé pour femmes, tenue à Rome en 1977 sous le thème « Connaître son corps avec d’autres femmes pour mieux l’habiter et le contrôler ». Contestant le pouvoir médical traditionnel et sa conception machiste de la médecine, les centres pour femmes font état de leurs recherches autour de pratiques alternatives.
À la même époque, du côté du Québec, Helen Doyle et Hélène Bourgault proposent Chaperons rouges (1979). Le film porte sur une peur très familière : celle du viol, inscrite dans les corps des femmes, dans leurs yeux aux aguets, dans leurs muscles atrophiés et dans leurs quotidiens rétrécis par tous ces gestes évités au cas où.
D’abord ménagères de Luce Guilbeault se veut un tableau de la situation des tâches domestiques non rétribuées au Québec dans les années 1970. Plusieurs femmes (et quelques hommes) y expliquent les grandeurs et les misères de ces corvées. Sans offrir de solutions, le film dégage un constat clair : les femmes, même si elles travaillent de plus en plus à l’extérieur, demeurent prisonnières de leur rôle traditionnel de ménagère.
Avec Histoire des luttes féministes au Québec (1980), Hélène Roy et Louise Giguère donnent toute la place à l’historienne Michèle Stanton-Jean qui, lors d’une conférence, retrace les principaux mouvements féminins qui ont marqué l’histoire des Québécoises.
Unikausiq (1996) de Mary Kunuk, membre du collectif inuit Arnait Video Productions, complète la programmation. Cette œuvre d’animation explore des histoires et des chansons évoquées dans l’enfance de la cinéaste. Le cinéma permet ainsi à la cinéaste de célébrer le folklore de sa communauté et de le garder en vie.