Tënk est heureuse d’annoncer la mise en ligne d’un fragment de l’œuvre du cinéaste québécois Pierre Perrault, disponible jusqu’au 2 octobre. Pionnier du cinéma direct, Perrault a consacré son œuvre à la Belle Province à une époque où l’offre culturelle québécoise s’inspirait surtout de l’étranger. Moins connues que le cultissime Pour la suite du monde, les trois œuvres proposées traversent plusieurs périodes de la filmographie de Perrault, illustrant toute l’étendue de sa démarche empreinte de poésie et de questionnements identitaires. Les films à voir sont chacun agrémentés d’une note rédigée par Mathieu Perrault, fils du défunt réalisateur.
En introduction au travail de Perrault, le court métrage La traverse d’hiver à l’île-aux-Coudres (1960), coréalisé avec René Bonnière, s’intéresse aux moyens de traverser le fleuve, l’hiver, à l’Isle-aux-Coudres. Pour atteindre la terre du nord parmi les glaces à la dérive, les courants et les marées, les insulaires ont élaboré toutes sortes de stratégies, et ont construit d’étonnants canots d’hiver qui se propulsent sur les glaces à la rame, à l’aviron et à toutes jambes. Ce film fait partie de la série documentaire intitulée Au pays de Neufve-France.
Portant sur la question nationale à une époque bouillonnante pour l’identité québécoise, Un pays sans bon sens! (1970) parvient à prendre la parole tout en la donnant à plusieurs. Qu’iels se considèrent Autochtones, Breton·ne·s, Franco-canadien·ne·s ou Québécois·e·s, chacun·e partage son idée sur la question délicate de l’appartenance à un pays. Se trouve-t-elle enracinée dans le cœur des hommes et des femmes, comme le croient certain·e·s? Les Québécois·e·s ont-ils assez de maturité pour se donner l’autonomie et un territoire? Qu’est-ce que le pays? Voilà quelques interrogations soulevées dans le film.
Dernier film réalisé par Pierre Perrault, Cornouailles (1994) a été tourné à l’île d’Ellesmere, au Nunavut. Film unique dans son œuvre, il ne contient ni humain, ni parole. S’il observe pendant 120 jours les bœufs musqués de la région, expliquant leur mode de vie, leur alimentation et leur organisation, Cornouailles n’est pas un documentaire animalier. C’est plutôt une éloquente métaphore sur l’occupation du territoire, avec cette race animale millénaire comme symbole de la résistance.
UNE NOUVELLE SECTION PATRIMOINE
Tënk inaugure cette semaine une nouvelle section Patrimoine consacrée aux films de notre héritage cinématographique québécois qui seront disponibles en vidéo sur demande. Cette section regroupe des films d’intérêt déjà diffusés sur la plateforme, dont certains ont fait l’objet d’une numérisation pour leur diffusion en ligne. Cet ajout permet à Tënk de devenir un lieu centralisateur où trouver des documentaires du patrimoine québécois qui autrement auraient été voués à l’oubli. Parmi eux, les abonné·e·s de la plateforme pourront apprécier Les désœuvrés (1959) de René Bail, Oscar Thiffault (1987) de Serge Giguère, Chronique d’un temps flou (1988) de Sylvie Groulx, Paysage sous les paupières (1995) de Lucie Lambert et plusieurs autres.