Du 16 mars au 15 avril 2018, la galerie Noel Guyomarch est particulièrement fière de présenter sa nouvelle exposition, Toc Twee, et de réunir à cette occasion deux jeunes prodiges de l’émail, la québécoise Aurélie Guillaume et l’américain Zachery Lechtenberg.
Le titre de l’exposition juxtapose un mot français, TOC, qui exprime l’idée de camelote, de pacotille et de peu cher, et le mot anglais TWEE, un adjectif signifiant de manière familière kitsch, mièvre ou « cucul ». C’est en effet du thème du kitsch qu’Aurélie et Zach se sont emparés, présentant pour l’exposition leur interprétations personnelles et réflexions sur le thème.
Dessinateur accompli, âgé de 29 ans, Zachery Lechtenberg représente sur ses pièces différents personnages qui constituent son panthéon personnel. Il s’inspire de la bande dessiné contemporaine, notamment du travail de Matt Groening, dont la BD Life in Hell et la série d’animation Les Simpsons sont reconnues internationalement. Gauches et rigolos, les créatures de Zach sont néanmoins porteuses de fortes symboliques : le Rat, par exemple, représente un être dévoré par ses passions, le Démon Oni l’équilibre entre l’énergie positive et négative de toute chose.
Aurélie Guillaume, 27 ans, après avoir envisagé de devenir illustratrice de livres d’enfants, tomba amoureuse de la couleur et du brillant des surfaces émaillées. Son style personnel s’est développé sous l’influence de plusieurs dessinateurs tels que le québécois Simon Bossé, le français Gilles Roussel ou encore Loic Secheresse. Elle a depuis mis en place un univers très personnel, développant des personnages plus fantasques les uns que les autres dans un monde de dessin animé qui oscille entre l’humour et le rêve. Dans chacune de ses pièces, elle projette son imagination ainsi que la marque de ses expériences personnelles. Certaines de ses broches peuvent être constituées de 15 à 20 couches d’émail, toutes chauffées à 1500°C.
Aurélie et Zachery partagent le même intérêt pour l’art de la rue et le pop art, la bande dessinée, les icônes populaires et la contre-culture. Leur objectif est le même : revitaliser l’art traditionnel de
l’émail en passant par une iconographie nouvelle, fraiche et modernisée.
La technique traditionnelle, utilisée depuis des siècles, consiste à appliquer de la poudre d’émail colorée à l’intérieur de compartiments préalablement aménagés. Chez Aurélie, ces compartiments sont
réalisés avec des fils d’argent qu’elle applique sur la pièce pour dessiner un motif (émail cloisonné).
Zachery lui préfère le champleve, sculptant directement dans la matière avant d’appliquer la pâte.
Les pièces sont ensuite intégralement séchées pour passer au four, parfois plusieurs fois, avant d’être polies. Une seule erreur, et des jours de travail peuvent être perdus.
Le Kitsch est le thème principal de l’exposition. Généralement associé à des objets issus de productions de masse et de mauvaise qualité, il véhicule l’idée du « trop » et du « mauvais goût ».
L’associer à la technique artistique de l’émail, une technique délicate, chère et couteuse en temps, est donc la porte ouverte à de nombreux questionnements.
Pour Zach, l’idée est venue du commentaire d’un autre joaillier sur son travail. Ce dernier lui avait en effet demandé son sentiment à l’idée que son travail puisse être considéré comme kitsch. Zach s’est
alors lancé dans l’inventaire de ce qui pour lui, pouvait être considéré comme tel, et collecté tout un bric à brac d’objets divers, pour les utiliser dans ses futures pièces.
Aurélie, de son côté, a embrassé le kitsch avec enthousiasme. Il constituait pour elle le prétexte idéal à donner libre cours à son imagination débridée et à s’amuser dans son travail. Le kitsch n’a besoin d’aucune justification, et il n’y a alors pas de limites à faire un usage décomplexé d’une iconographie couleur bonbon (chérubins, anges, chats, rubans, fleurs…) et à puiser dans la sentimentalité excessive (amour, peine de coeur et nostalgie…) pour s’exprimer.
TOC TWEE sera présentée à la galerie du 16 Mars au 15 Avril 2018.
Aurélie Guillaume
Diplômée de l’École de Joaillerie de Montréal, Aurélie Guillaume est également détentrice d’un BFA en conception de bijoux et travail du métal de la NSCAD University à Halifax. A sa sortie d’école, elle a gagné la 12e édition de la National Student Jewellery Competition, organisée par la galerie L.A.Pai au Canada, et a été sélectionnée pour le prix BKV présenté par le conseil des arts de la Bavière en
Allemagne. En 2018, elle était finaliste du Art Jewelry Forum Artist Award. Présenté dans de nombreuses expositions, son travail a récemment attiré l’attention d’institutions majeures (The Enamel Arts Foundation, Los Angeles ; The Museum of Art and Design, New York ; The University of Iowa Museum of Art ; Seoul Pureun Culture Foundation, Corée du Sud). Plusieurs de ses pièces ont ainsi
rejoint leurs collections permanentes.
Zachery Lechtenberg
Né et élevé dans le Midwest, Zachery Lechtenberg est diplômé d’un BFA de la Southern Illinois University d’Edwardsville, et d’une maitrise de la East Carolina University de Greenville, Caroline du Nord, où il a étudié la joaillerie avec Robert Ebendorf. Son lexique personnel, qu’il déploie sur de multiples objets, s’inspire très fortement du street art, des icônes populaires et de la bande dessinée.
Il signe ses pièces du nom “Yotburd”, un composé du verbe « yot » (associer, riveter) et de “burd » (Buried Underground Residential Distribution). Il a exposé au Metal Museum de Memphis, et son travail est récemment entré dans plusieurs collections personnelles d’importance.
A propos de la galerie
Établie en 1996, la Galerie Noel Guyomarc’h expose des collections impressionnantes de bijoux et objets contemporains de créateurs canadiens et internationaux.
Unique galerie dédiée à cette discipline au Canada, elle a présenté plus de 100 expositions dans son espace, aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands au monde, en plus d’organiser des expositions itinérantes, au Canada, en Europe, aux États-Unis et en Asie.
Reconnue internationalement, la galerie est un lieu incontournable pour les collectionneurs, les conservateurs de musées mais principalement pour s’initier et apprivoiser le bijou de création.
Par les différentes collections et expositions, la galerie incite les visiteurs à jeter un œil neuf sur le bijou. Bien plus qu’un simple objet décoratif, le bijou est en effet le résultat d’une recherche qui porte à la fois sur la forme, le contenu et l’expérimentation.