Lux entreprend un travail de réédition de l’ensemble de l’oeuvre de Pierre Perrault, plus nécessaire que jamais à une époque marquée par la perte du monde. Toutes isles marque le coup d’envoi de ce projet d’envergure.
Poète au long cours, parti à dos de dauphin blanc (un béluga) nommé Blanchon sur les traces à rebours de Jacques Cartier, Pierre Perrault descend le Saint-Laurent entre mer et eau douce, contourne Terre-Neuve, remonte vers le Nord à la source des neiges et explore cette région entre Sept-Îles et Blanc-Sablon dont les îles sont si nombreuses que Cartier les a baptisées « toutes isles ».

Dans une suite de fragments aussi frangés que les sont les îles, Pierre Perrault met par écrit ses impressions et ses observations ethnographiques sur les pêcheurs de Tête-à-la-Baleine, les chasseurs de loups-marins de l’Anse-Tabatière et, surtout, les nomades du caribou que les sont les Montagnais. Voici le pays qui le fascine au temps où il rédige une première version de ces pages, au début des années 1960, c’est-à-dire à l’heure où il va bientôt tourner ce chef-d’œuvre du cinéma documentaire qu’est Pour la suite du monde.
Toutes isles compte parmi les livres les plus importants de l’œuvre foisonnante de Pierre Perrault. Peu de temps avant sa mort, il travaillait à une ultime version, publiée ici pour la première fois telle qu’il l’avait envisagée. Cette réédition comprend également les dernières annotations de l’auteur qui prévoyait les ajouter à la nouvelle édition prévue avant son décès.

EXTRAIT
J’ai vu les barques, les barques et les canots à la remorque… et des
chaises, des chaises et des chiens enchaînés… et des enfants, des enfants sages et
des yeux inquiets… et un espace, un espace d’îles et les amers sur les mornes… et
une maison, une autre maison dans l’anse d’une île… et une île entre les îles.
Île habitée ! Île inhabitée ! Île inhabitable, île abandonnée… et surtout cette île
où il y a huit maisons et qu’ils ont nommé, Dieu sait pourquoi, l’île de la Providence…
îles, toutes îles où fleurit le « chicouté », où ne fleurit pas la chanson.

Poète, cinéaste, dramaturge, essayiste et voyageur, Pierre Perrault (1927-1999) est né à Montréal. Devenu avocat, il abandonne sa profession pour travailler à Radio-Canada où il se consacre à l’écriture radiophonique et télévisuelle. Il entreprend en 1962 une carrière de cinéaste qui le conduit à l’Office national du film du Canada où il était permanent depuis 1966.

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