Si la motion est adoptée, elle pourrait mener à la mise en place par la Ville de Montréal d’un programme de soutien financier opérationnel spécifique aux lieux de diffusion indépendants, ainsi qu’à une révision de la réglementation municipale et à un allègement des procédures administratives.
La fermeture temporaire du Cabaret La Tulipe, une salle emblématique de la scène culturelle montréalaise située au Plateau-Mont-Royal, expose crûment la situation alarmante à laquelle font face les lieux de diffusion indépendants. En 2016, une erreur administrative a permis la transformation d’un immeuble adjacent, jusqu’alors commercial, en logements résidentiels, en contradiction avec les règlements municipaux. Cette situation a rapidement engendré une série de plaintes liées aux nuisances sonores, déclenchant une longue et coûteuse bataille juridique. En septembre 2024, la Cour d’appel a finalement ordonné la suspension des activités de La Tulipe, un geste lourd de conséquences pour ce lieu historique et mettant en péril la pérennité des autres lieux de diffusion montréalais.
Ce cas illustre à quel point le règlement sur le bruit, dans sa forme actuelle, est flou et inadapté aux réalités des métropoles culturelles comme Montréal. Appliqué de manière subjective depuis des années, il met en péril la survie des lieux de diffusion indépendants. Pour répondre à cette urgence, l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal a annoncé que l’article 9 du Règlement sur le bruit ne s’appliquera plus aux lieux de diffusion, parmi d’autres types d’établissement. Il s’agit d’une mesure temporaire qui devrait protéger ces espaces jusqu’à l’entrée en vigueur d’un nouveau règlement en janvier 2025.
La fermeture du La Tulipe n’est qu’un symptôme d’une crise plus vaste. Des lieux comme le Divan Orange, les Katacombes et le Scaphandre ont également été contraints de fermer leurs portes ces dernières années, étouffés par des règlements inadaptés, des difficultés financières insurmontables, et une spéculation immobilière galopante. Ces fermetures privent non seulement les artistes de scènes vitales pour leurs carrières, mais affaiblissent aussi la diversité et la créativité qui font la richesse culturelle de Montréal.
Face à cette situation critique, Ensemble Montréal a déposé une motion proposant trois mesures essentielles pour sauver ces lieux et garantir leur pérennité.
• Révision de la réglementation sur le bruit : La motion demande à la Ville de Montréal de réviser les règles en matière de gestion sonore dans l’ensemble des arrondissements. La révision de ces règles est cruciale pour permettre aux lieux de diffusion de continuer à contribuer à la vitalité culturelle de la ville tout en tenant compte des besoins des résidents.
• Allègement des procédures bureaucratiques : La motion appelle également à un allègement des procédures administratives dans tous les arrondissements de la ville. Cette simplification est essentielle pour encourager la diversité des lieux de diffusion, en reconnaissant leurs différents modèles d’affaires et en leur donnant plus de flexibilité pour remplir leur rôle culturel.
• Mise en place d’un programme de soutien financier : Enfin, la motion propose la création d’un programme de soutien financier destiné aux lieux de diffusion indépendants comptant jusqu’à 1000 places. Ce programme inclura des critères d’admissibilité adaptés aux besoins spécifiques de ces lieux afin d’assurer leur stabilité financière et de garantir que Montréal continue de prospérer comme une métropole culturelle vibrante.
“Les SMAQ se réjouit de cette initiative et appelle les élu•e•s de la Ville à se mobiliser derrière cette motion, une mesure cruciale pour la protection et la pérennité des lieux de diffusion indépendants, véritables piliers de la scène artistique montréalaise” réclame Jon Weisz, directeur général des SMAQ. “Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps que nos élu.es fassent un geste fort. Nous espérons sincèrement que cette motion sera adoptée à l’unanimité par le conseil municipal, pour envoyer un message clair : Montréal est prête à défendre ses lieux culturels et à soutenir ses artistes. Protéger nos lieux, c’est maintenir le cœur culturel de Montréal vivant. L’avenir de notre scène artistique et la richesse sociale de notre métropole en dépendent.”