VISITE DU PRÉSIDENT MEXICAIN ENRIQUE PEÑA NIETO À QUÉBEC POUR PARLER DES RELATIONS STRATÉGIQUES ET ÉCONOMIQUES AVEC LE PREMIER MINISTRE PHILIPPE COUILLARD – MAIS QU’EN EST-IL DES DROITS HUMAINS?
Québec, 27 juin 2016. Le Président du Mexique Enrique Peña Nieto rencontre aujourd’hui le Premier ministre Philippe Couillard avec l’objectif de poursuivre, de renforcer et d’augmenter les partenariats économiques existant depuis plus de 35 ans entre le Québec et le Mexique. La question des droits humains au Mexique, un pays où la violence s’est généralisée sur tout le territoire à travers les cartels de la drogue et le système politique, ne semble pas figurer au programme.
Pendant le déjeuner-causerie « Le Québec et le Mexique : partenaires stratégiques à l’ère de la nouvelle économie » se tenant au Château Frontenac, des membres de la société civile québécoise, solidaires des populations mexicaines et de la cause des droits des travailleurs et travailleuses temporaires mexicain-e-s au Québec, se réuniront à la Place d’Armes (10 rue Saint-Louis), lundi le 27 juin, de 11h00 à 14h00, pour exiger :
– l’arrêt des répressions et des violences contre le peuple mexicain de la part du gouvernement et la garantie de la liberté d’expression;
– la fin des massacres, des disparitions forcées et de la violence systémique et systématique au Mexique;
– que le Président Peña Nieto réponde aux multiples appels des organisations des droits humains et de l’ONU pour que les massacres des civils (étudiant-e-s, professeur-e-s, journalistes, membres d’organismes de lutte sociale, et de la société civile) soient éclaircis et que les responsables de ces crimes soient traduits en justice;
– que les premiers ministres du Québec M. Philippe Couillard et du Canada M.Justin Trudeau agissent en cohérence avec les valeurs de respect des droits humains et de démocratie reconnues au Canada et dont ils font la promotion dans leurs discours et qu’ils cessent de fermer les yeux devant les crimes commis par l’État mexicain, et ce, au nom des intérêts économiques.
Comité pour les droits humains en Amérique latine, info@cdhal.org
Association des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires , attetquebec@gmail.com
Mexicain-e-s uni-e-s pour la régularisation, mexicanxsunidxs@gmail.com
Contact :
Marie-Eve Marleau, Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), 514-358-2227, marie.eve@cdhal.org« >marie.eve@cdhal.org
Contexte :
Dimanche le 19 juin, à Nochixtlan dans l’État de Oaxaca au Mexique, des enseignant-e-s du CNTE (Coordination nationale des travailleurs de l’éducation – Coordinadora Nacional de Trabajadores de la Educación) qui s’organisent depuis 3 ans pour revendiquer le respect des droits des travailleurs et travailleuses face à l’imposition d’une réforme éducative promue par le gouvernement mexicain de Peña Nieto ont été agressé-e-s brutalement par la police fédérale et la police de l’État de Oaxaca qui ont ouvert le feu sur une manifestation pacifique. Le bilan est présentement de 11 morts, plus de 90 personnes blessées et hospitalisées et plusieurs autres disparues.
En septembre 2014, les événements d’Ayotzinapa ont secoué le Mexique et la communauté internationale alors que le bilan s’élevait à 6 personnes tuées, dont 3 étudiants, 43 étudiants disparus, et 22 personnes blessées gravement, et où ont été impliquées les polices fédérale et de l’État de Guerrero. L’enquête menée par le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI) a réfuté les preuves défendues par le Procureur général de la République du Mexique (PGR) pour faire la lumière sur les événements. En avril 2015, des membres des familles des 43 étudiants disparus de l’école normale Raul Isidro Burgos d’Ayotzinapa et leur représentant légal étaient au Canada pour dénoncer la violence étatique et les lacunes de reddition de comptes au Mexique. Ils ont été reçus à l’Assemblée nationale du Québec, qui a voté une motion unanime de solidarité. Ceux-ci ne sont que des cas emblématiques, sous le gouvernement de Peña Nieto, où des attaques massives ont été perpétrées par les forces de l’ordre, comme dans les cas de Ostula, Apatzingan, Tlatlaya, etc.
La violence généralisée au Mexique a commencé à s’intensifier depuis une dizaine d’années obligeant des milliers de Mexicain-e-s à quitter le pays vers l’étranger, dont le Canada. De nombreuses demandes d’asile au Canada se sont vues refuser au motif d’un manque de preuves, et en particulier depuis que le Mexique a été désigné en 2013 comme un pays faisant partie intégrante de la liste des « Pays d’origine désignés » (POD), lesquels voient leurs ressortissants considérablement réduits dans leurs possibilités de demander l’asile au Canada, même s’ils font l’objet de menaces réelles.
Bon nombre de Mexicain-e-s viennent au Canada à travers le Programme des travailleuses et travailleurs agricoles saisonniers (PTAS), qui expose la main d’œuvre mexicaine à plusieurs types d’exploitations et d’abus. L’immobilité dans le marché du travail canadien, l’impossibilité d’accéder à la résidence permanente et l’isolement dans les lieux de travail sont les conditions structurelles que la main d’œuvre agricole saisonnière mexicaine doit accepter pour travailler au Canada, conférant tout le pouvoir dans la relation au patronat canadien. Alors que ce programme est présenté comme une formule gagnante pour toutes les parties intéressées, pour les travailleuses et travailleurs agricoles saisonniers, il représente l’autre face de la médaille de la criminalisation de l’immigration, étant la seule voie « légale » de la mobilité internationale.