Critique, historien du cinéma, enseignant, Jean-Michel Frodon a déclaré : « Souleymane Cissé est l’auteur de grands films, qui appartiennent au patrimoine mondial de l’art cinématographique. Mais il est aussi celui qui, plus que quiconque, aura cristallisé ce moment unique car grâce à lui, c’est tout un univers qui s’est installé, même de façon fragile et instable, au sein même de la grande maison mondiale du cinéma. Cissé n’est pas le premier, Ousmane Sembene et d’autres ont ouvert la voie, mais c’était une voie bordée par le statut de l’africanité et tracée par un discours et un combat. Cissé n’a renoncé ni à l’un ni à l’autre, mais les a fait vivre dans un cadre plus large, à la fois plus quotidien et plus inscrit dans une culture à long terme. Pas à pas, Cinq jours, Den Muso, Baara, Finye, Yeelen et Waati ont construit le partage, pour des publics multiples et différents, de perspectives historiques et culturelles. Et il ne s’agit pas seulement des films, mais aussi des formes de présence de leur auteur au Mali, en Afrique et dans le monde, ses initiatives, ses discours, ses choix stratégiques pour lui-même et pour les autres cinéastes, qui ont joué un rôle décisif dans la dynamique d’entrée des cinémas d’Afrique dans le ‘’tout cinéma’’ ».
Hommage d’une fille à son père est l’histoire d’un cinéaste racontée par sa fille. À travers les témoignages de ses amis, de sa famille et de ses proches collaborateurs, ce film retrace la vie de Souleymane Cissé, de son enfance à aujourd’hui.
Après des études secondaires à Ouagadougou, Fatou Cissé a suivi des études de psychologie à l’université de Caen. Elle part ensuite au Canada pour suivre un cursus en tourisme et voyage. Elle rentre au Mali en 2003 pour ouvrir la société de communication DELI. Deux ans plus tard, elle revient au cinéma pour aider son père à gérer l’UCECAO (Union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel en Afrique de l’Ouest). Elle travaille au sein de la structure en tant que chargée de mission. Elle est également directrice de production des Films Cissé et co-gérante. Voyant les difficultés que traverse son père depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui, elle a voulu réaliser un documentaire retraçant la vie de Souleymane, relatant son expérience depuis l’enfance ainsi que ses œuvres afin de mettre en valeur sa personnalité de réalisateur.
En 2003, elle est nommée chef de projet dans l’organisation des Rencontres Cinégraphiques de Bamako et du Festival International de Nyamina dont l’objectif est de permettre aux réalisateurs des 15 pays de la sous-région de partager leurs difficultés et de trouver des solutions aux problèmes. En raison de la situation sécuritaire au Mali, les activités ont dû être suspendues.
En ce qui concerne les productions de son père, elle a été directrice de production dans : Min Yé… (Dis-moi qui tu es) en 2009 qui reflète les contradictions d’une bourgeoisie malienne en quête de sens ; en 2013 pour le documentaire O. Sembène que Souleymane a réalisé en hommage à son ami décédé, et O Ka (Notre maison) qui a été présenté en sélection officielle au 68e Festival de Cannes en 2015. Ce film relate le combat de Souleymane pour la vérité qui pousse l’artiste à prendre la parole et à s’engager.
Le Mali sera à l’honneur ce soir-là, non seulement sur le grand écran mais aussi dans la salle puisque sera présentée la Nouvelle Route du Coton avec un défilé de mode à la suite de la projection, pour illustrer la richesse de la culture de ce pays.
La Nouvelle Route du Coton est une initiative qui symbolise l’héritage culturel malien dans le domaine des textiles, de la mode et du design d’intérieur. Les produits créés sont sourcés de manière durable – en particulier auprès des femmes cultivant du coton, des teintures naturelles à base de terre et d’écorce, ainsi que des textiles faits à la main par des artisans, des designers de mode. Son objectif est de soutenir le développement et de créer un impact à long terme dans les communautés où elle opère. Elle contribue également directement à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et propose de tirer avantage des innovations dans le secteur de la mode pour protéger l’environnement et améliorer les conditions de vie des jeunes et des femmes maliennes.
Le Festival international de cinéma Vues d’Afrique se déroulera du 20 au 30 avril.
Les personnes qui voudraient assister à l’ouverture peuvent le faire en devenant membres de Vues d’Afrique pour 10 $.
À noter qu’une seconde projection du film de Fatou Cissé aura lieu le dimanche 24 avril à midi à la Cinémathèque québécoise.