La santé mentale est un enjeu crucial de la santé publique. L’impact économique et social est énorme : les coûts de l’inaction en matière de santé mentale au Québec sont évalués à 18 milliards chaque année (Source : Rapport de recherche – pour un accès universel à la psychothérapie, Force Jeunesse, juillet 2022). Selon l’OMS, la santé mentale d’une personne sur quatre est compromise à un moment de sa vie. Les troubles de santé mentale comme la dépression, la bipolarité, la schizophrénie, les troubles anxieux et les troubles alimentaires concernent directement ou indirectement toute la population canadienne : 13% d’entre nous vivent avec un tel trouble (Source : ACSM).

Pour l’association PositiveMinders (à l’origine des Journées de la Schizophrénie), CAP Santé Mentale et la Société québécoise de la schizophrénie, trop de vies sont brisées, alors que des solutions existent. En 2024, l’association et tous ses partenaires souhaitent montrer les progrès réalisés dans les approches, les traitements et les solutions alternatives en psychiatrie. Les troubles de santé mentale doivent être déstigmatisés.

La schizophrénie est le diagnostic de tous les préjugés. Au-delà des symptômes, les personnes vivant avec une schizophrénie (85 000 personnes au Québec) sont victimes d’exclusion sociale et de délais déraisonnables dans leur prise en charge, entrainant un impact direct sur leurs perspectives de rétablissement. La principale raison : la persistance d’idées fausses sur la schizophrénie et de préjugés discriminants qui n’épargnent pas leurs proches.

La psychiatrie du futur existe déjà. C’est une révolution des pratiques, un véritablement changement de posture. On ne cherche plus à annihiler tous les symptômes. On assure aux personnes un rétablissement durable grâce au partenariat entre la personne qui vit avec une schizophrénie, les proches (parents, conjoint(e), fratrie, ami(e)s, voisin(e)s, collègues, gestionnaires, etc.), les équipes de soins et le réseau communautaire. Et ça marche! Le rétablissement est possible, il n’est plus l’exception.

Juste après la cérémonie des Oscars, PositiveMinders lancera les « SchizAwards », une remise de prix originale sur le regard porté sur la schizophrénie dans les films.

LA SCHIZOPHRENIE, LE DIAGNOSTIC DE TOUS LES PRÉJUGÉS
Les avancées de la recherche ont permis d’identifier de nombreuses formes de schizophrénies. Il reste encore beaucoup à apprendre sur ces troubles complexes qui affectent la pensée, les émotions et les comportements. Les causes exactes de ces maladies ne sont toujours pas connues, mais, selon le consensus, elles sont le résultat d’une combinaison de facteurs génétiques, neurobiologiques et environnementaux.
Les symptômes des schizophrénies sont variables d’une forme à l’autre de la maladie et évoluent en fonction des personnes. Ils peuvent entre autres inclure des hallucinations (perceptions sensorielles qui ne sont pas réelles), des délires (croyances fausses ou irrationnelles), des déficits cognitifs (difficulté à organiser ses idées) et des difficultés au niveau de la communication et des habiletés sociales (isolement social, apathie, etc.).
La schizophrénie est généralement diagnostiquée chez les jeunes adultes, entre 15 et 25 ans. Avant la première crise, des signes avant-coureurs doivent alerter (cf. refer-o-scope et outil de détection précoce des psychoses), mais ils sont souvent confondus avec une adolescence difficile, y compris par les médecins. Par manque d’information, la schizophrénie est également victime de nombreuses idées fausses et de préjugés largement entretenus par la culture populaire (médias, cinéma, etc.). Dans l’inconscient collectif, les personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie restent associées à tort à la dangerosité, au dédoublement de personnalité et à la violence. Des notions éloignées de la situation réelle de la très grande majorité des personnes vivant avec une schizophrénie.
En déstigmatisant les schizophrénies auprès d’un large public, PositiveMinders, CAP Santé Mentale et la Société québécoise de la schizophrénie souhaitent faciliter leur détection précoce, enjeu crucial pour la mise en place d’un accompagnement personnalisé permettant le rétablissement durable de la personne et un meilleur référencement des proches vers les ressources communautaires destinées aux familles.

LA PSYCHIATRIE DU FUTUR EXISTE DÉJÀ

Quand la schizophrénie s’immisce dans la vie d’une famille, elle est souvent vécue comme un véritable tsunami, surtout que, contrairement à d’autres troubles de la santé mentale, elle ne génère pas d’empathie à l’égard de l’ensemble des membres de la famille. Les personnes vivant avec une schizophrénie et leurs proches sont à la fois confrontés à la souffrance et au défi d’apprendre à vivre avec ce trouble, mais également à la honte et à la peur engendrées par l’un des troubles mentaux les plus stigmatisés.

Comme pour beaucoup d’autres troubles de santé mentale, la médecine s’est souvent trompée dans les hypothèses posées. Deux erreurs majeures ont eu d’énormes conséquences sur la qualité de vie des personnes et sur leur rétablissement. Tout d’abord, on a cru que les familles et, en particulier, les mères étaient l’un des facteurs déclencheurs de la maladie. En parallèle, la médecine a longtemps adopté une posture paternaliste, considérant la rémission des symptômes comme but à atteindre et l’imposition des soins comme seule stratégie efficace.

De multiples recherches montrent désormais que le rétablissement et la qualité de vie de la personne sont fortement liés à la confiance qui lui est accordée et à l’autonomie qu’elle peut s‘approprier. Ces facteurs favorisent son engagement dans les soins comme son alliance avec ses proches, le personnel soignant et tous ceux et celles qui la soutiennent. Parmi ces recherches, on peut citer par exemple :

Les déclarations anticipées : elles amènent la personne à définir ses souhaits préventivement à une hospitalisation (réduit de 50% le taux de réhospitalisation) ;
•La pair-aidance et la pair-aidance famille : l’implication de personnes rétablies et des membres de la famille des personnes rétablies dans l’accompagnement dès le premier épisode psychotique ou lors de la découverte de la maladie (éducation thérapeutique) améliore considérablement l’alliance thérapeutique, les troubles de l’insight (identification des symptômes) et la perception de la gêne liée aux troubles ;
•Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : elles réduisent de façon impressionnante beaucoup de symptômes résistants et renforcent considérablement l’autonomie des personnes.

À l’image de nombreuses autres maladies chroniques, l’approche de partenariat fait désormais partie de l’un des principes directeurs énoncés dans le dernier Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 (p. 12 et 13). De nombreuses équipes ont d’ailleurs adopté avec succès cette stratégie d’accompagnement impliquant TOUS les acteurs du parcours de vie et de soins des personnes vivant avec une schizophrénie. Il s’agit maintenant de déployer ce changement de posture à large échelle.

LES SCHIZAWARDS : LA CÉRÉMONIE POUR FAIRE CHANGER DE REGARD SUR LA SCHIZOPHRÉNIE
Entre fascination morbide et ressort scénaristique inépuisable, les troubles psychiatriques inspirent les personnes qui créent des films et des séries. Toutefois, ces représentations sont souvent très éloignées de la réalité. Elles véhiculent des clichés et entretiennent des stigmates aux nombreuses conséquences pour les personnes vivant avec une schizophrénie, leurs proches et les personnes oeuvrant dans le domaine de la santé mentale.
Alors, il était temps de mieux raconter la schizophrénie et de prendre du recul sur ce que les films reflètent. Pour ce faire, quelques jours après la 96e cérémonie des Oscar et à la veille des Journées de la Schizophrénie (du 16 au 23 mars 2024), l’association PositiveMinders lance les SchizAwards : la cérémonie pour faire changer de regard sur la schizophrénie.

Cette cérémonie sera présentée par Morgane Cadignan, humoriste et chroniqueuse, accompagnée d’un jury composé de six experts et expertes (psychiatres, personnes vivant avec une schizophrénie, proches, réalisateurs et réalisatrices, acteurs et actrices) pour éclairer le grand public.

Trois prix seront décernés :
🏆 Prix du film qui donne la meilleure représentation d’une personne vivant avec une schizophrénie
🏆 Prix du film qui a voulu montrer une personne vivant avec une schizophrénie, mais qui s’est le plus trompé
🏆 Prix du film où tout le monde pensait que le personnage était « schizophrène » alors qu’en fait pas du tout
L’émission sera diffusée dès le 15 mars sur les réseaux sociaux et sur schizawards.com, un site dédié enrichi d’interviews de personnes expertes et de témoignages.
Parmi les membres du jury, Jean-Victor Blanc et Marine Rimbaud, médecins psychiatres, respectivement à l’Hôpital Saint-Antoine et à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris, sont des spécialistes de la représentation de la santé mentale dans la culture populaire.

SCHIZOPHRÉNIE AU QUÉBEC : DES CHIFFRES CLÉS
•Plus de 85 000 personnes touchées au Québec
•Environ 50 Canadiens sur 100 000 reçoivent un diagnostic de schizophrénie par année.1
•Environ trois cas de schizophrénie sur 10 nouvellement signalés se produisent entre 20 et 34 ans.
•44 % des personnes concernées par une schizophrénie sont des femmes
•Sur une durée de vie entière, 40% des personnes atteintes tentent de se suicider et 10% de toutes les personnes souffrant de schizophrénie mettent fin à leurs jours
•55% des personnes qui ont un trouble schizo-affectif ont eu un autre diagnostic au départ – Il est très fréquent que les diagnostics évoluent au cours de la vie
•20% des personnes qui reçoivent un diagnostic de schizophrénie n’ont qu’un ou deux épisodes symptomatiques au cours de leur vie4
•60% des jeunes avec une schizophrénie se rétablissent socialement dans les 2 ans grâce à une intervention précoce (15% dans le parcours classique)
•L’OMS classe la schizophrénie dans le groupe des 10 maladies entraînant le plus d’invalidité
•L’espérance de vie des personnes vivant avec une schizophrénie est en moyenne de 10 ans inférieure à celle de la population générale7

By admin

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