Le Festival du Nouveau Cinéma rend hommage à plusieurs réalisateurs dont Rabah Ameur-Zaïmeche qui fonde sa maison de production en 1999 pour réaliser son premier film. Cinéaste autodidacte, il s’entoure d’amis et de membres de sa famille, puis rallie des professionnels au fil des tournages. Entre la France, où il a grandi, et l’Algérie, où il est né, il ose d’abord des allers-retours filmés qui relatent et expriment avec justesse la vie entre deux rives, le plaisir des retrouvailles, l’enracinement en France malgré les politiques discriminatoires. Ses films se tiennent aussi tous à la charnière de son souci politique et de son désir de cinéma. Faire œuvre commune dans l’adversité, tel est sans doute ce qui définit le mieux le geste épique que l’on retrouve dans ses fictions comme dans ses aventures de tournage. Et si dans ses deux derniers films, Rabah Ameur-Zaïmeche revient sur les deux figures (Mandrin et Jésus de Nazareth) qui l’ont particulièrement inspiré durant son enfance, c’est parce qu’elles incarnent la résistance et la fraternité, qui inspirent aussi sa manière de faire du cinéma. Cette rétrospective réserve enfin un bonheur particulier : celui de voir Rabah Ameur-Zaïmeche, acteur dans chacun de ses films, construire un autoportrait inachevé : figure du banni dans Wesh Wesh…, transfuge dans Bled number one, maître d’œuvre dans Dernier Maquis, héraut contrebandier dans Les chants de Mandrin, compagnon dévoué dans Histoire de Judas. On songe impatiemment à ce qu’il pourrait devenir au prochain film. Magie du cinéma oblige, la discrétion dont font preuve ses personnages recueille néanmoins les petites touches d’être qui conspirent au charme de ses apparitions : une manière d’inscrire sa silhouette dans un paysage, de faire sonner sa voix ou d’esquisser un geste vers l’autre, un sourire au bord des lèvres.
BLED NUMBER ONE
Kamel, expulsé de France après avoir purgé une peine de prison, arrive dans son village d’origine au nord-est de l’Algérie. Malgré l’accueil chaleureux des siens, et son implication dans leur lutte contre les jeunes islamistes radicaux qui veulent faire la loi au village, Kamel ne se sent pas à sa place. Il se rapproche de sa cousine, reniée par son mari, désapprouvée par sa mère et battue par son frère qui ne supporte pas le déshonneur familial dont elle est la cause. Prix de la jeunesse au Festival de Cannes 2006.
LES CHANTS DE MANDRIN
1755 : Louis Mandrin, hors-la-loi et héros populaire, vient d’être exécuté à Valence. Ses compagnons contrebandiers continuent cependant d’organiser des marchés clandestins qui échappent aux taxes abusives imposées par les « Fermiers généraux ». Dans la France prérévolutionnaire, ils écrivent des chants en l’honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent, préparant ainsi sa légende. Un film sensuel, empreint de fraternité, qui a « la beauté de nos rêves » et rend hommage aux « prémices de la République ».
DERNIER MAQUIS
Le patron musulman d’une entreprise de fabrication de palettes et propriétaire d’un garage dans une zone industrielle de la région parisienne décide d’ouvrir une mosquée au bénéfice de ses ouvriers. Alors qu’il en désigne l’imam sans aucune concertation, pour s’assurer de la docilité de ses hommes, il provoque la révolte des mécaniciens qui voient clair dans son jeu et revendiquent leur droit démocratique à élire leur propre imam.
WESH WESH, QU’EST-CE QUI SE PASSE ?
Après avoir purgé une double peine qui l’avait contraint à quitter la France pour l’Algérie, Kamel est de retour dans sa cité, en région parisienne. En continuité avec la lutte politique pour la reconnaissance des droits des personnes immigrées, ce premier film est aussi une chronique sociale imprégnée de la connivence et du sentiment de liberté du groupe d’amis et de parents qui ont permis sa réalisation. Prix Louis Delluc du Premier film 2002, Grand Prix du Forum de Berlin du nouveau cinéma 2002.
