Ecrire est une manière de se libérer d’un poids de quelle nature puisse-t-il être, économique, politique, culturel voire même personnel. Dans Nulle part dans la maison de mon père, Assia Djebar se dévoile depuis l’enfance: « Une fillette surgit : elle a deux ans et demi, peut-être trois. L’enfance serait-elle tunnel de songes, étincelant, là-bas, sur une scène de théâtre où tout se rejoue, mais pour toi seule à l’œil exorbité? Ton enfance se prolonge pour quelle confidente d’un jour, pour quelle cousine de passage qui aurait vu éclater tes larmes en pleine rue, autrefois, ou des sanglots qui te déchirent encore? Un ancrage demeure: ma mère, présente, grâce à Dieu, pourrait témoigner. Dix-neuf ans seulement me séparent d’elle ». Ce voyage dans la mémoire met à nu toute la vérité qui, comme dit Virgina Woolf : « Si vous ne dîtes pas la vérité sur vous-même, vous ne pouvez pas la dire sur les autres ».
Les différents sujets abordés:
L’œuvre Nulle part dans la maison de mon père comprend neuf chapitres dans la première partie : La jeune mère, Les larmes, Le tout premier livre, Intermède, le père et les autres, La bicyclette, Le jour du hammam, Le petit frère, Dans la rue, avec le père, ou jeux de miroirs, La chambre parentale, douze chapitres dans la deuxième partie : Madame Blasi, premiers voyages seule…, Le piano, la première amie, Farida, la lointaine, Au réfectoire, Le monde de la grand-mère maternelle, Jacqueline…au dortoir…Corps mobile, L’opérette, Un air de Ney, L’été des aïeules et onze chapitres dans la troisième partie qui se présente sous les titres suivant : Encore au village, lettre déchirée, premier rendez-vous, lettres dites « d’amour », La famille à Alger, Dans la rue, promenades au port, Mounia réapparue, Nous…trois!, dans le noir vestibule.., ce matin-là. Dans l’épilogue l’auteur s’interroge: « Ce récit est –il le roman d’un amour crevé? Ou la romance à peine agitée d’une jeune fille, j’allais dire « rangée » simplement non libérée-du sud de quelque Méditerranée? L’esquisse d’une ouverture, prologue à une plus vaste autobiographie? Ces « premiers souvenirs » ne s’imposent à moi que par besoin soudain – quoique tardif- de m’expliquer à moi-même- moi, ici personnage et auteur à la fois, le sens d’un geste auto-meurtrier ». Le geste auto-meurtrier réside dans la quintessence de l’écriture qui, comme affirme Hemingway: « L’écriture d’un roman doit tuer le romancier s’il en reste quoi que ce soit c’est qu’il n’a pas assez travaillé ».
Assia Djebar, la romancière qui a été élue à l’académie française a beaucoup travaillé. Son dernier roman publié en 2007, Nulle part dans la maison de mon père est la mise à nu de tous les souvenirs. Assia Djebar, de son vrai nom Fatima Zohra Imalayène est née à Cherchell le 30 juin 1936 et morte le 6 février 2015 à Paris.