Réalisé par Xavier Muntz, le documentaire « Boko Haram : les origines du mal » revient sur la genèse du mouvement djihadiste qui s’est développé au nord-est du Nigeria.
Boko qui désigne tout ce qui représente la culture « occidentale » et Haram qui signifie « interdit » ou « illicite » en arabe, a été fondé en 2002 par le prédicateur Mohamed Yusuf qui critiquait à travers ses prêches la corruption et le système politique au Nigéria.
L’analyse historique et la lecture sociologique qui est apportée par Élodie Apard Chercheure à l’Institut français de recherche en Afrique démontre la complexité de la compréhension du mouvement qui avant tout de chose avait des revendications sociales.
De son coté, Marc-Antoine Pérouse de Montclos Chercheur à l’Institut de recherche pour le développement cite : «Il faut systématiquement avoir un regard des atrocités commises par Boko Haram et les atrocités commises par l’armée ou la police. On ne peut pas comprendre Boko Haram si on fait abstraction de ces atrocités».
L’insurrection armée de 2009 qui s’en suivi et qui occasionna l’arrestation de Yusuf et son exécution, radicalisa la trajectoire du mouvement qui était dirigée par son aile dure en la personne d’Abubakar Shekau.
Lorsque 276 étudiantes furent kidnappées entre le 14 et 15 avril 2014 par Boko Haram, le monde « découvrit » l’ampleur de la terreur, ce qui conduisit la communauté internationale à conduire une coalition qui n’a toujours pas réussi à éradiquer le groupe terroriste.
Le documentaire porte quand même une lueur d’espoir avec le message de Fatima Akilu ex-directrice du programme de déradicalisation : «À quoi doit ressembler un citoyen? Il ne doit pas seulement être éduqué, il doit avoir une vie épanouie, ce genre de vie nécessite plusieurs choses pour s’ancrer dans la société : la possibilité de s’épanouir dans l’art, la musique, la philosophie ou même la danse. Il y a tellement de choses qui existent et qui nous rendent humains. L’état doit se joindre aux familles et aux institutions traditionnelles pour que ses enfants aient le choix. Si vous n’avez pas de possibilité de briller, vous allez en chercher, une autre part et parfois ça peut être très sombre».
Le film est présenté dans le cadre de la programmation de la programmation de la 33e édition du Festival international de cinéma Vues d’Afrique.
Projections : Jeudi 20 avril – 18h15 – Salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise à Montréal | Vendredi 21 avril – 15h – Salle principale de la Cinémathèque québécoise à Montréal
Réda Benkoula