Après un an d’attente, le second volet de Bootblack vient de paraître chez Dargaud, la maison d’édition spécialisée dans la bande dessinée. Bootblack[1] ou le cireur de chaussures en français, est le titre d’une œuvre passionnante qui a été imaginée par Mikaël, le bédéiste franco-canadien à qui l’on doit Giant, un autre diptyque dont les événements se déroulent à New York pendant l’entre-deux-guerres.
Dans Bootblack, l’auteur nous replonge dans la Grande Pomme à la même période pour suivre Altenberg Ferguson un bootblack au destin tragique et dont les parents ont péri dans un incendie alors qu’il avait à peine 10 ans. Nous sommes en 1929, le gamin cire les chaussures des passants pour gagner quelques pièces de monnaie. Il traîne avec ses amis d’infortune et fréquente les malfrats pour s’en sortir. À 15 ans, le jeune homme que l’on surnomme Al Chrysler rêve de grandeur et de projets en fréquentant Maggie.
Seulement voilà, les coups tordus conduiront le jeune Al tout droit à la case prison. À sa sortie de l’univers carcéral 10 ans plus tard, le pays est en guerre et Al s’engage sous les drapeaux. Lui qui a est hanté par son passé doit fuir la ville qui l’a vu grandir. Direction le Vieux Continent pour combattre les Nazis.
Avec Bootblack, Mikaël nous fait découvrir plus qu’une simple histoire de misère et d’espoir. C’est avant tout une excellente œuvre graphique qui dépeint un autre visage d’une grande ville comme New York. Si le gigantisme de la cité fascine, ses bas-fonds sont aussi dignes d’intérêt comme l’illustre l’artiste, qui nous permet d’apprécier la ville sous une autre perspective. L’auteur prend de la hauteur dans sa manière de reproduire New York et ses espaces grandioses avant de nous immerger dans le dédale des rues typiques avec des situations qui permettent de mieux situer les personnages qui représentent le cœur de l’œuvre.
Par un habile travail scénaristique, Mikaël nous transporte de l’Amérique à l’Allemagne ; des quartiers populaires de New York aux premières lignes du front ; et du passé au présent. Cette facilité à osciller entre plusieurs temporalités permet de capter l’attention des lecteurs à travers cette œuvre aux couleurs sépia, un choix judicieux de la part du bédéiste qui créé des effets emplis de nostalgie.
Mikaël qui, on le dira, est généreux en termes de partage avec ses fans, car il leur avait permis de découvrir quelques planches de ce second tome et ce, avant même sa parution. Ce dévouement est d’ailleurs constant puisqu’il partage sur sa page Facebook des cases de sa toute nouvelle publication Queenie. En attendant de découvrir cette nouvelle œuvre, les lecteurs pourront connaître l’épilogue Bootblack avec ce 2e tome, qui s’inscrit en complément de Giant son précédent diptyque qui se déroule lui aussi à New York.
Reda Benkoula
[1] Bootblack – Tome 2 | Mikaël | Dargaud | 2020 | 64 pages