Fédération de l’Écomusée de l’Au-Delà en collaboration avec L’Association de la Sépulture Musulmane au Québec (ASMQ)

Résumé de la soirée du jeudi 2 Novembre 2017 :
Mots de bienvenue de Mr. Alain Tremblay – Directeur Général de la Fédération Écomusée de l’Au-Delà et de Mme Louise Dusseault-Letocha – Historienne d’Art et Présidente de la Fédération Écomusée de l’Au-Delà

LES CONFÉRENCES
1er conférencier – M. Rachid Baïou, Conseiller bénévole de l’ASMQ
M. Baïou présente d’abord un cadre de réflexion prospective pour aborder la question des cimetières multiconfessionnels et comment participer à la construction du ‘’Nous’’ au Québec. Une carte mentale partagée par M. Baïou a permis de présenter ce cadre avec les acteurs, les enjeux, les lois fédérales et celles de la province du Québec, les bonnes pratiques, les processus de concertation et les mécanismes existants qui peuvent être impliqués. Par la suite quelques définitions et clarifications sur les musulmans, leurs origines et leur répartition dans le monde et au Québec, leur pratiques religieuses sont présentés. À ce propos, il invite le public à lire les 10 livres du Dr. Mohamed Chahrour pour de plus amples informations sur l’histoire et le présent du monde musulman. Une projection établie par statistique Canada sur l’évolution des communauté religieuses au Canada ainsi que celle de la diversité religieuse jusqu’en 2036 sont montrées et discutées et permettent de voir que ce sont les musulmans qui, de par leur nombre, portent actuellement le flambeau de la revendication de l’accès aux cimetières en général et aux cimetières multiconfessionnels au Québec. La réflexion finale a porté sur la nécessité d’être proactif et non plus réactif pour répondre peu à peu à cette revendication.

2ème conférencier – M. Michel Lessard : Historien d’Art
M. Lessard aborde l’histoire autour du cimetière du Mont Marie de Lévis/Lauzon, des inhumations dans les cimetières catholiques qui depuis le 17ième siècle accepte de nombreux autres groupes culturels dans leurs lieux (amérindiens) du moment qu’ils sont baptisés. Il raconte aussi l’ouverture de ce cimetière pour d’autres groupes culturels et la diminution du pouvoir ecclésiastique sur l’acceptation des gens inhumés.

3ème conférencier – M. François Chapdelaine : Président de l’association des cimetières chrétiens du Québec (ACCQ)
Tout d’abord, M. Chapdelaine souligne le fait que les cimetières chrétiens du Québec sont des lieux d’accueil, ouverts aux personnes d’autres confessions religieuses ou athées; en autant que les gens soient confortables avec le fait que le lieu de sépulture est confessionnel et régi par une règlementation particulière. Afin d’éviter toute ambiguïté aux yeux des membres de sa famille, il mentionne toutefois la possibilité pour la personne de confession musulmane qui a choisi d’être inhumée dans un cimetière confessionnel chrétien d’écrire une lettre expliquant son choix.
À titre de directeur de la Compagnie du cimetière Saint-Charles, il présente également son expérience récente de facilitateur en marge des démarches d’un groupe de musulmans de Québec qui souhaitait obtenir un lieu d’inhumation dédié. Ses principaux outils : la rencontre de représentants reconnus de la communauté musulmane locale, l’écoute de leurs besoins, ainsi que la collaboration technique offerte au démarrage des opérations de ce nouveau cimetière musulman. Pour une communauté établie depuis au moins 3 générations dans cette ville, il lui apparait légitime que ce groupe souhaite désormais être inhumé en sol québécois, selon ses propres rites et coutumes, en un lieu administré en tenant compte des principes de l’Islam.
Quant à une question posée sur la viabilité à long terme des cimetières chrétiens du Québec, M. Chapdelaine a évoqué une transformation importante qui a été amorcée dans ce secteur, afin de s’ajuster au phénomène des columbariums dans les salons funéraires. Grâce au regroupement des petites entités, il note un mouvement de professionnalisation des cimetières au Québec.
4ème conférencier- M. Omar Koné : Imam du centre soufi Naqshbandi de Montréal
M. Koné nous parle de son expérience québécoise et du délicat problème de l’inhumation des musulmans au Québec avant la création de l’A.S.M.Q. Il confirme la diversité des pratiques culturelles des musulmans présents au Québec. Il mentionne qu’il est toujours important de travailler à l’évolution de la société civile et de mettre en place des mécanismes facilitant l’inhumation ici au Québec par la communauté mais aussi dans le respect des législations d’ici. Il est important d’avoir ces mécanismes afin de pouvoir accompagner les défunts selon les besoins des musulmans. Il conclue qu’il est possible d’inclure d’autres cultures sans perdre son âme ou son identité québécoise.

5ème conférencière – Mme Nancy Shaink : Doctorante en théologie pratique
Mme Shaink nous parle des situations insolites dans les cimetières au Québec. Si la région centre n’a pas de sites d’inhumations musulmanes, une petite communauté musulmane est présente en région. Mais malgré le fait que le tissu social est généralement chrétien, on retrouve dans les cimetières de sa région des éléments ou des situations insolites qui nous permettent de voir que nous devons aussi nous pencher sur ce qui est accepté comme symbole dans nos cimetières ou comme incident… Plusieurs photographies pour illustrer cela : graffiti, vandalisme de monuments, cimetière protestant détruit en 1 nuit avec des masses, symboles racistes, refus d’un monument éphémère à cause de la présence d’un dragon médiéval (destiné à la tombe d’un enfant et en attendant un monument permanent) puisque le dragon est perçu par les 2 prêtres de la paroisse comme un symbole du mal. Ce dernier incident ayant soulevé l’intérêt médiatique provincial et régional mais également l’ire de certains citoyens devant le manque de compassion et la fermeture de ce cimetière. Avant d’exprimer son ouverture, il faut aussi considérer ce qui est acceptable socialement ou non dans nos lieux de paix.

LES PRINCIPALES QUESTIONS DÉBATTUES :

· M. Baïou mentionne qu’il est bien difficile de parler de valeurs universelles en Islam ou ailleurs dans l’absolu mais elles réfèrent à un partage et à un consensus construit par l’humain. Comme elles représentent le pôle axiologique d’une société donnée, elles doivent référer et sont rattachées à quatre autres pôles normalement inhérents à la construction de cette société:
– L’objectif et la finalité définis du vivre ensemble – Le pôle téléologique;
– Les lois et les règles du vivre ensemble bâties sur l’expérience et le savoir humain accumulés des sociétés et le consensus social – Le pôle déontologique;
– Le modèle de société – Le pôle épistémique;
– Le traitement et la mémoire des faits et des chiffres – Le pôle statistique.
Si un des pôles est défaillant ou manquant, la société connaîtra de sérieuses crises.
· La construction du Québec s’est faite en renforcement d’une culture. Les immigrants doivent respecter les valeurs de cette culture tout en l’enrichissant. Il n’y a pas de place pour la peur sur les identités respectives.
· Historiquement, la société québécoise n’a pas considéré la prise en charge du processus funéraire et celui des cimetières par le civil, mais par le religieux. Cela explique l’absence du palier gouvernemental municipal, régional et provincial jusqu’à nos jours. Avec le changement que nous vivons, les acteurs absents devraient s’impliquer.
· La question esthétique et celle du patrimoine des cimetières au Québec ont été soulevées. Une réflexion partagée a porté sur le lien entre le beau et la spiritualité.

Résumé de la soirée du vendredi 3 Novembre 2017 :
Mots de bienvenue de Mr. Alain Tremblay – Directeur Général de de la Fédération Écomusée de l’Au-Delà et de Mme Louise Dusseault-Letocha – Historienne d’Art et Présidente de la Fédération Écomusée de l’Au-Delà.

LES CONFÉRENCES

1er conférencier – M. Jacques Poirier, Président de Magnus Poirier
M. Poirier présente son entreprise familiale de 3ème génération et explique comment Magnus Poirier accommode dans leurs cimetières les musulmans. La formule préconisée depuis 2015 à Laval en concertation avec l’ASMQ permet à la fois l’accès aux musulmans au cimetière en octroyant une section dédiée aux sépultures et assure toute la procédure des funérailles selon le rite musulman. Cette ouverture et cette pratique est appliquée pour d’autres confessions et que cela va bien, l’harmonie existe. Il mentionne que des règles définies par Magnus Poirier doivent aussi être respectées. M. Poirier fait aussi le point sur l’histoire d’acquisition et de gestion des cimetières au Québec et sur le changement en cours illustrant l’intervention des acteurs privés dans ce processus et l’absence de l’acteur civil des différents paliers gouvernementaux. Il informe aussi la communauté musulmane sur 2 points : il y a des coûts funéraires à payer ici au Québec et que ce n’est pas la municipalité qui octroie des terrains à usage de cimetière comme en Europe ou d’autres pays.
2ème conférencier – M. Mohamed Kesri : Coordonnateur du Projet de cimetière du centre culturel islamique de Québec (CCIQ)
M. Kesri a présenté tout le processus d’engagement du Centre Culturel Islamique du Québec (CCIQ) pour la recherche d’un terrain pour la construction d’une mosquée attenant à un cimetière musulman pour la région de Québec. Cette recherche a commencé il y a plus de 20 ans.
Début des années 2000 une négociation et une offre d’achat d’un terrain appartenant au cimetière Belmont à Québec furent avortées par les exigences de la ville de Québec en rapport au paiement des taxes des espaces verts. La difficulté de trouver des terrains à vendre (zonés lieu de culte ou cimetière) nous poussa à dissocier la réalisation d’un cimetière de l’acquisition d’une mosquée.
En 2008 le CCIQ fait l’acquisition d’une bâtisse appartenant à la Caisse Populaire Desjardins qu’il transforma en une Grande Mosquée de Québec (GMQ). À partir de cette date, le comité mettra toute son énergie pour la réalisation du cimetière musulman. Ce n’est qu’en 2016, lors du service funéraire d’un défunt musulman par la compagnie Harmonia, que le comité commence à négocier un terrain trouvé à St-Apollinaire.
Le 29 janvier 2017, date de l’attentat terroriste à la Grande Mosquée, survient la difficulté d’enterrer à Québec les six victimes musulmanes. Jusqu’à cette date, aucun politicien, aucune association et aucune coopérative funéraire ni aucun cimetière multiconfessionnel existant ne portait de l’intérêt à l’enterrement des musulmans dans la ville de Québec sauf le CCIQ qui était en négociations très avancées avec Harmonia et la municipalité de St-Apollinaire pour l’acquisition d’un terrain. Durant cette période de négociations, nous avons reçu la visite du directeur de Magnus Poirier et d’un représentant de l’Association de la Sépulture Musulmane au Québec (ASMQ) pour nous aider et nous offrir un carré musulman dans un cimetière multiconfessionnel. Le CCIQ a refusé cette offre en précisant que les musulmans de Québec veulent leur propre cimetière comme c’est le cas pour les chrétiens et les juifs.
Nous avons continué notre négociation avec St-Apollinaire et à la veille du vote pour le changement de zonage, les médias nous informent que le cimetière privé Lépine Cloutier de St- Augustin vient d’offrir dans son cimetière un carré aux musulmans. Nous avons été déçus par cette intrusion soudaine du cimetière de St-Augustin et par l’échec du vote à St-Apollinaire. Malgré cet échec et malgré que nos avocats étaient favorable à une poursuite judiciaire contre la municipalité de St-Apollinaire, les responsables du CCIQ ont préféré s’abstenir de faire cette poursuite surtout qu’à cette date (fin juillet 2017) le cimetière St Charles était prêt à nous vendre une partie de leur terrain.
Par une coïncidence inattendue, le 31 juillet 2017, le maire Labeaume et les techniciens de la ville de Québec, nous convoquent pour nous vendre une partie de leur terrain qui se trouve voisin du cimetière BELMONT. Une offre d’achat conditionnelle a été signée par les 2 parties le 28 août 2017. Actuellement le CCIQ est à vérifier la qualité environnementale et géotechnique du terrain à acquérir et cela avant de passer chez le notaire.
M. Mohamed Kesri affirme que le CCIQ doit acquérir un cimetière propre aux musulmans afin de respecter les préceptes de l’Islam et la jurisprudence musulmane du Waqf (bien inaliénable appartenant à la communauté musulmane). La Charte des droits et libertés du Québec et du Canada nous donne cette opportunité d’offrir aux familles des défunts plus de choix sur les lieux d’inhumation (rapatriement au pays d’origine, cimetière musulman à Québec ou à Montréal, carré musulman dans un cimetière confessionnel à Québec ou à Montréal…).

3ème conférencier – Imam Foudil Selmoune : Imam de la mosquée Masdjid Quba de Brossard
M. Foudil Selmoune présente le centre communautaire islamique de Brossard, le plus grand centre communautaire au Québec. Au travers de diapositives, il montre les principales activités de ce centre créé en 2006 à Brossard, telles que des portes ouvertes, des cérémonies d’acquisition de la citoyenneté canadienne, des cérémonies religieuses de multiples confessions, des journées de rupture de jeun, la collecte de sang, des rencontres multiculturelles BBQ, l’invitation des écoles pour les informer sur l’Islam, l’aide aux sans-abris et des activités bénévoles pour intervenir lors de sinistres tels que les inondations. Par ailleurs, des services spécifiques funéraires selon le rite musulman avec une salle de lavage des corps sont aussi offerts.
Après plusieurs tentatives infructueuses ayant duré une dizaine d’années pour acheter sur la rive Sud un terrain à usage de cimetière entièrement dédié aux musulmans, le conseil d’administration s’est résigné à acheter une section dans le cimetière Les Jardins Urgel Bourgie à St-Hubert. M. Selmoune a aussi expliqué la structure des coûts funéraires appliqués par défunt.
M. Selmoune Imam de Brossard explique les contraintes rencontrées avec cette formule «d’achat« de la section musulmane et il mentionne celle du délai d’envoi du fax avant 10 h le matin pour procéder aux funérailles le lendemain et l’impossibilité d’inhumer le dimanche. Il dit que ces contraintes lui font préférer un cimetière entièrement dédié aux musulmans sur la rive Sud et que le cimetière à Laval pose aussi d’autres contraintes telles que l’éloignement.

4ème conférencière – Mme Hadjira Belkacem : Présidente de l’Association de la sépulture musulmane au Québec
Mme Belkacem a présenté la mission de l’ASMQ et a annoncé que cette association est reconnue maintenant comme organisme de bienfaisance enregistré donc a obtenu son numéro de charité, permettant de délivrer dorénavant des reçus d’impôt pour les dons effectués. Mme Belkacem a expliqué que la situation ancienne de délabrement du plus ancien cimetière musulman à Laval a été la motivation première pour y remédier dans le cadre de la création de cette association et que maintenant elle est fière qu’il soit actuellement bien pris en charge quant à sa gestion et son entretien et qu’il soit inscrit au titre du patrimoine funéraire musulman. Par ailleurs, elle mentionne que le volet communication est aussi mis de l’avant par l’ASMQ sur son site Internet pour informer et éclairer les familles musulmanes du Québec du processus funéraire au Québec et des choix qui s’offrent à elles quand elles ont un défunt. Elle invite les familles à devenir membre de cette association pour soutenir toutes les actions de bienfaisance inscrites dans sa mission et particulièrement l’aide aux familles démunies, le soutien pour l’inhumation de leur défunt et pour vivre le deuil dans la dignité, ainsi que la recherche de lieux de sépulture selon le rite musulman.
Mme Hadjira Belkacem a ensuite présenté une vidéo sur les sections musulmanes dans certains cimetières du Québec.
LES PRINCIPALES QUESTIONS DÉBATTUES :
· Une question de la part du CCIQ adressée à M. Poirier pourquoi il ne vend pas de terrain au lieu de garder la propriété de son cimetière a permis de révéler d’un côté le caractère privé du monde des affaires au Québec et donc d’une décision souveraine d’affaire de l’entreprise privée et de l’autre, la solution non facilement reproduisible d’achat, car les communautés musulmanes ne sont pas toutes prêtes financièrement pour le faire aussi aisément dans les autres villes et villages du Québec.

· La question de la concession de droit d’usage pour cimetière cédé pour 99 ans a été discuté en rapport avec la loi au Québec.

· L’aspect de la sépulture à caractère sacré et inviolable AD vitam aeternam a été aussi soulevée en lien avec la notion de biens Waqf ou « biens de mainmorte », inaliénables de la sépulture / cimetière musulman. Un exemple de déplacement de cimetière en Algérie (à Constantine) a été mentionné pour des besoins de construction d’une université selon les règles du rite musulman et que cela ne transgresse pas les règles en Islam. Il a été aussi mentionné qu’il y a plusieurs lectures et jurisprudences sur les biens waqf en Islam.

· Encore une fois, l’absence de l’acteur important que représente le palier municipal et supra-municipal dans la disponibilité de terrains à usage de cimetières a été aussi soulevée et discutée. La mise en place de processus de concertation avec cet acteur doit être envisagée au Québec.

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