La dette du Québec demeure sous contrôle malgré les dépenses supplémentaires occasionnées jusqu’ici par la pandémie de COVID-19. Dans une note publiée aujourd’hui, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) dresse un portrait des finances publiques québécoises et des pistes à envisager pour la sortie de crise et la relance. Pour ce faire, l’IRIS fournit des projections de croissance du PIB, de variation de la taille de la dette et de retour à l’équilibre budgétaire les plus prudentes possibles.
Comme mesure phare, l’Institut propose de réduire ou de cesser, selon les scénarios, les versements au Fonds des générations. Le Québec doit actuellement s’endetter afin de pouvoir faire son versement annuel au Fonds. « En limitant de 50 % à 100 % nos versements au Fonds des générations, le Québec disposerait d’entre 1,2 G$ et 2,8 G$ de plus chaque année pour la relance économique. Même sans ces versements, le poids de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) demeurerait sous contrôle. Suivant la tendance actuelle, il diminuerait même plus rapidement qu’après la crise de 2008 », explique Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS, ajoutant « qu’il est illogique de s’endetter pour réaliser des économies ».
Scenarios d’évolution du ratio dette/PIB (en %) advenant la suspension de 50 % à 100% des versements au Fonds des générations, Québec, 2019-2020 à 2030-2031
Selon les différents scénarios établis par l’IRIS, le ratio dette/PIB atteindrait entre 42,6 % et 49,4 % en 2030-2031. Philippe Hurteau soutient qu’« il y a un consensus pour revoir la Loi sur la réduction de la dette ; là-dessus, même le ministre des Finances est d’accord. Sans cela, le Québec sera à nouveau confiné à l’austérité ». Le principal problème de la Loi est sa disposition qui veut que la dette n’excède pas 45 % du PIB au 31 mars 2026.
Retour à l’équilibre budgétaire et réduction du service de la dette
Même sans versements au Fonds des générations, le Québec se dirigerait vers l’équilibre budgétaire. « En ce moment, la priorité, c’est la relance. Il n’y a pas matière à s’inquiéter d’équilibrer le budget à très court terme. Le Québec était en bonne posture financière avant la crise et l’est toujours aujourd’hui, malgré un déficit imprévu », rappelle Philippe Hurteau.
De la même manière, le poids du service de la dette par rapport aux revenus consolidés du gouvernement du Québec décroîtrait dès 2021-2022. « Même pour ce qui est du service de la dette, les prévisions sont encourageantes. On a intérêt à accroître les dépenses pour sortir de la crise parce que tout va bien pour les finances du gouvernement. Qui plus est, dépenser plus contribuerait également à améliorer ce portrait », précise le chercheur. De 6,5 % avant la crise, la proportion du service de la dette passerait à 5,5 % en 2030-2031.