Depuis ces 12 dernières années, la scénariste Julie Birmant et le dessinateur Clément Oubrerie ont collaboré plus d’une fois sur différents projets tels que Isadora, Il était une fois dans l’Est, Une aventure de Renée Stone et même une série autour de la jeunesse de Picasso qui s’intitulait tout simplement Pablo. Le célèbre peintre espagnol qui est considéré comme l’un des fondateurs du cubisme et du surréalisme a ainsi inspiré les deux auteurs au point de lui consacrer quatre tomes aux éditions Dargaud.
Il n’en fallait pas plus pour boucler la boucle, puisque l’on ne peut pas parler de Picasso sans évoquer son compatriote Salvador Dalí (1904-1989).
Ayant marché sur les traces de son contemporain, Dalí était tout un personnage de son vivant. Il cultivait l’image d’un artiste excentrique revendiquant sans modestie un génie que ses pairs ne pouvaient que lui concéder. La différence d’âge entre Picasso et Dalí (23 ans) a contribué à asseoir le mythe de celui dont le visage à la moustache insolite a marqué la culture populaire, puisque l’on retrouve le fameux masque avec le visage de Dalí au cœur de l’intrigue de la série télé à succès « La casa de papel ».
Dalí était au fait de l’actualité et il n’hésitait pas à se mettre en scène pour partager sa vision du monde et s’il était encore vivant, il serait certainement une star des réseaux sociaux. Cette extravagance de l’artiste au niveau personnel et artistique a laissé une trace indélébile qui ne pourrait être énumérée en quelques lignes.
Même s’il reste méconnu des nouvelles générations, son œuvre reste intemporelle, ce que ne manque pas de souligner Julie Birmant qui pose la question suivante : qu’apprend-on de Dalí en regardant ses tableaux ?
C’est tout le défi que ce sont fixés Julie Birmant et Clément Oubrerie en nous proposant une œuvre graphique autour de Salvador Dalí en trois tomes.
Dans le premier tome de Dalí[1], Birmant et Oubrerie suivent le périple du surréaliste avant son mariage avec Gala. On y découvre le personnage avec d’un côté ses forces et ses certitudes et d’un autre ses psychoses, ses doutes, ses phobies et ses faiblesses. Selon Oubrerie : nous essayons de comprendre comment Salvador Dalí est devenu Dark Vador ou si vous voulez «Avida Dollars », comme le surnommait André Breton grâce à une anagramme de son nom.
L’artiste était en avance sur son temps et un touche-à-tout notamment en écrivant avec son ami Luis Buñuel le scénario du court-métrage « Un chien andalou », qui fit scandale lors de sa diffusion en 1929. C’est cette image d’un Dalí créatif et provocateur que Julie Birmant et Clément Oubrerie nous font vivre au rythme de plusieurs tableaux qui sont un véritable délice sur les plans graphiques et symboliques.
Fruit d’un colossal travail de recherche, cette nouvelle série permettra aux novices de découvrir Dalí le magnifique, tandis que les initiés reconnaîtront les multiples références historiques et picturales qui sont parsemés çà et là par les auteurs en attendant la parution des deux tomes suivants en avril et octobre 2024.
Réda Benkoula
[1] Dalí T.1 : Avant Gala | Julie Birmant (Scénario) Clément Oubrerie (Dessin) | Dargaud | 2023 | 88 pages