Né le 26 juillet 1947 à Béjaïa en Algérie, le chanteur Djamel Allam est mort le 15 septembre 2018 à Paris à l’âge de 71 ans. Le défunt a été rapatrié en Algérie et sa dépouille sera inhumée à Béjaia le mardi 18 septembre selon le huffpost.

L’artiste qui a débuté sa carrière en sortant un premier album en 1974, est devenu populaire notamment avec son succès Si Slimane qui est sorti en 1981. Djamel Allam a marqué de son empreinte la musique Algérienne et a été un ambassadeur de la musique Kabyle en France et dans de nombreux pays a travers le monde.
Parmi ses album (1974 : Arjouth (Laissez-moi raconter…) (L’escargot) – 1978 : Argu (Le rêve des vents) – 1981 : Si Slimane – 1985 : Salimo – 1991 : Mawlûd – 1995 : Le chant des sources (Hold On Music) – 2001 : Gouraya – 2002 : Mara dioughal – 2002 : Musiques instrumentales 1 – 2002 : Musiques instrumentales 2 – 2008 : En live à Alger (MLP) – 2008 : Le youyou des anges.

Avec l’annonce du décès de l’Artiste je republie cette interview que j’avais publié sur le journal Le Jeune Indépendant le 26 novembre 2007. Cet article faisait suite a une rencontre avec l’artiste à Montréal, où il annonçait en exclusivité la sortie de son dernier album Le youyou des anges.

Entretien avec le chanteur Djamel Allam : Je prépare un nouvel album intitulé le Youyou des anges

C’est lors de son passage à Montréal que nous avons eu l’occasion de rencontrer le chanteur Djamel Allam. L’artiste a bien voulu nous accorder quelques minutes de son temps. Il a évoqué les moments forts de sa carrière et nous a fait part de ses projets et de l’album qu’il prépare. Cette rencontre nous a fait connaître un peu plus cet artiste de renom.

Le Jeune Indépendant : Votre dernier spectacle à Montréal a eu lieu le 10 novembre dernier, pouvez-vous nous en parler ?
Djamel Allam : Oui. En effet, c’est une association qui m’a contacté et a organisé le spectacle. Je n’ai pas pu venir avec mon orchestre de Paris parce que c’est une logistique assez lourde. Par contre, je suis venu avec mon chef d’orchestre Nacer Eddine Dallil. Nous sommes venus trois jours avant le spectacle et nous avons répété avec le groupe les Berbanya qui m’ont accompagné. Ça c’est très bien passé, nous avons eu un grand un public et de choix ce qui m’a fait très plaisir. C’est exactement le même public que j’ai à Alger : il vient vraiment pour écouter et apprécier ce que je chante et les messages que je transmets parce que ces gens vivent l’exil. Je connais l’exil depuis 1968, donc je peux en parler. J’en ai parlé dans les Rêves du vent, j’en ai parlé dans plusieurs chansons. Nous avons un pays qui est l’Algérie. Il est comme il est, c’est le seul que nous avons. Il se trouve que nous essayons d’adopter le proverbe qui dit : «Mon pays est là où je suis bien.» C’est un fait car la communauté immigrée en Europe est moins isolée qu’ici. Fort heureusement, a présent il y a ce fameux vol Alger/ Montréal. J’ai d’ailleurs emprunté le vol inaugural en juin dernier, j’étais venu pour prendre des contacts. J’y suis d’ailleurs resté une dizaine de jours. La première fois où je suis venu ici, ce devait être en 1973 ou 1974, en plein mois de janvier. C’était terrible pour moi qui suis un méditerranéen. Je connais bien Montréal, j’y viens souvent : c’est l’occasion de renouveler les liens avec notre communauté. Comme je suis en plein dans la préparation de mon album qui s’appelle le Youyou des anges, j’ai fait quelques captations avec des musiciens, des cuivres surtout : saxo, clarinette. J’avais besoin de faire un titre que j’ai terminé cette semaine. Et, là je repars vers de nouvelles aventures… Je continue à enregistrer.

Ne voit-on pas dans le titre de votre album le Youyou des anges l’inspiration de la femme algérienne ?
C’est une femme qui m’a donné la vie. Mais il faut dire que le Youyou des anges c’est pour exorciser un peu ces cris des diablotins que nous avons autour de nous. Ils sont un peu partout et essaient de nous empêcher de vivre notre vie. Comme nous ne pouvons pas les contrer par les armes, parce que nous sommes non-violents, nous essayons de les contrer par «la culture» : que ce soit la chanson, le théâtre, le cinéma, les arts plastiques comme ce soir au consulat d’Algérie à Montréal. C’est cette synergie qu’il faut entretenir pour ne pas sombrer dans cette espèce de régression dans les idées et la façon d’élever nos enfants. Il faut leur apprendre le partage, la solidarité, l’amour tout simplement et non la haine. Tout le monde connaît l’artiste que vous êtes, mais à travers cette interview nous découvrons le côté humain. Nous sommes tous des êtres humains, mais nous l’exprimons de façons différentes. Il y a des gens qui l’expriment de façon bruyante parce qu’ils ont besoin d’exister. Je crois que nous avons un côté exhibitionniste (rire) il faut le dire. On est là, on a besoin de partager les choses avec les gens. On a besoin d’être aimé. On a besoin de communiquer. C’est très important !

Est-ce que vous préparez un spectacle à Alger ?
Oui. Je prépare un très grand spectacle à Alger pour la sortie de mon album. Je prépare une tournée, bien sûr, à Alger, en France mais je pense revenir au printemps incha’ Allah au Canada pour faire une tournée, peut-être à Québec, Montréal, Ottawa ou Toronto. En fait, je n’ai pas seulement un public communautaire. L’autre soir il y avait des Canadiens qui sont venus et il y avait même des indiens. On n’est pas ici pour chanter que pour la communauté. Je veux dire qu’il faut toucher les autres sensibilités de façon à montrer sa culture et de faire des échanges de culture et ça c’est très important ! J’aimerais bien faire un spectacle avec Gilles Vigneau par exemple qui est un ami et que je connais depuis des années ou avec Louis Forestier ou avec Plume Latraverse ou Paul Pichet. Ce sont vraiment mes amis. Nous avons été dans la même maison de disque. Nous avons fait de super spectacles ensemble. Je n’ai pas eu la chance de les voir cette fois-ci mais j’espère bien reprendre contact avec eux.

Propos recueillis par Réda Benkoula

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