DPJ est un film qui porte sur le malaise d’une société, la nôtre. Le film brosse un portrait nuancé sur la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), une institution québécoise dont on entend souvent parler et qu’on croît par le fait même connaître, mais qu’on connaît très mal.
Le réalisateur Guillaume Sylvestre a fait des recherches exhaustives sur le sujet et réussi surtout à convaincre les dirigeants de la DPJ de l’importance pour les citoyens de saisir réellement son fonctionnement. Il suit les intervenants et nous expose des cas qui ont pu permettre de voir le processus d’un signalement dans le long terme. Ainsi, ce qui est rapporté par les médias comme « un abus », ou encore « une injustice », commis par les employés de la DPJ devient le deuil vécu par une mère en apprenant que son enfant doit aller dans une famille d’accueil. Ou encore celui d’un enfant qui apprend qu’il ne verra pas ses parents de sitôt. Comment explique-t-on ceci à un enfant? On retient que la restitution de la dignité de l’enfant est la mission fondamentale de l’institution.
Les cas présentés par Sylvestre sont très complexes. De prime à bord, on est tenté de réduire l’origine des problèmes au sein des familles à une question de manque de ressources économiques. Mais rapidement on apprend que la pauvreté rime souvent malheureusement avec d’autres problèmes d’ordre psychologique, de consommation de drogues et de santé en général. Sommes-nous devant un cercle vicieux? Est-ce que des « enfants DPJ » peuvent avoir à leur tour des enfants qui vont aussi passer par l’institution? Il y a un cas où une dame est l’exemple paradigmatique de cette réalité. Cependant, on voit cette même femme faire des efforts et se battre pour le bien-être de son enfant. Dans d’autres cas, l’effort n’y est pas. Les histoires n’ont pas toutes des fins heureuses.
Enfin, les interventions se font en équipe et se réalisent de manière ponctuelle, mais les problèmes, on l’a vu, sont structurels. Quels sont les débats qui sont menés à l’interne par rapport à ces questions? Le film DPJ ne s’occupe pas de cela. Il pose d’autres questions par contre et c’est tout à son honneur étant donné l’enjeu sociétal qu’il aborde.
DPJ | Réal : Guillaume Sylvestre| (Québec, 2017) | français, S.T. anglais | 116 min
Eduardo Malpica Ramos
À savoir:
DPJ était présenté à la 20ème édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) et il prendra l’affiche dès le 1er décembre à la Cinémathèque québécoise (Montréal), au Cinéma Le Clap (Québec) et à La Maison du cinéma (Sherbrooke), et en projection unique au Paraloeil (Rimouski) le mardi 5 décembre. Plusieurs séances seront en présence du réalisateur Guillaume Sylvestre pour des discussions avec le public au terme des projections. Il sera à Montréal les 1er 2 et 3 décembre, à Québec le 4 décembre, à Rimouski le 5 décembre, et à Sherbrooke le 6 décembre.