Artiste interdisciplinaire et écrivain-ne, Kama La Mackerel combine poésie, conte, danse, voix féminines et débris de langages coloniaux dans un solo tant personnel que politique : ZOM-FAM (“homme-femme” ou “transgenre” en kréol mauricien) est le récit d’un-e enfant transgenre vivant sur une plantation de canne à sucre à l’île Maurice pendant les années 1980-90.
ZOM-FAM entrenoue une multiplicité de mouvements et d’énonciations au sein d’une narration fluide, invoquant des voix ancestrales, des langues féminines, une poétique décoloniale et une subjectivité queer qui portent une réflexion sur l’héritage du déplacement forcé et de l’esclavagisme sur l’île plantationaire.
L’œuvre se sert du foyer familial comme espace littéraire et scénographique sur lequel se calque l’île plantationaire, faisant de la maison-île (« home-island », île maternelle) une figure spatiale, poétique et politique, qui expose la condition coloniale dans l’intimité du nid familial et vice-versa. Émanant d’un processus de création en poésie, conte, chant, rituel, dramaturgie et danse (kathak, danse contemporaine, et séga mauricien), l’œuvre convie son audience à une traversée intime dans le vocabulaire littéraire, spatial, chorégraphique, et scénographique d’une subjectivité riche et multiple, d’un « je » décolonial et queer.
Maniant une multitude de voix et imprégnée d’une narration complexe, ZOM-FAM mêle invocations ancestrales, langues maternelles, débris de langages coloniaux et une subjectivité queer et délicate, dans un contexte d’esclavage et d’engagisme.
« J’explore les pertes ancestrales – comme la perte de corps, d’histoires, de cultures, de langues, de genres, de systèmes de connaissances et de pratiques spirituelles – afin de réécrire la voix marginalisée et réduite au silence dans le contexte contemporain de l’impérialisme mondial. » – Kama La Mackerel, metteur.e en scène
ZOM-FAM vient aussi de paraître comme un recueil de poésie lyrique publié par les éditions Metonymy Press.
À PROPOS DE L’ARTISTE
Kama La Mackerel (iel) est un•e artiste pluridisciplinaire, éducateur•ice, médiateur•ice culturel•le, écrivain•e et traducteur•rice littéraire qui vient de l’île Maurice et est maintenant établi•e à tio’tia:ke (Montréal), au Canada. Son travail est ancré dans l’exploration de la justice, de l’amour, de la guérison, de la décolonialité et de l’émancipation individuelle et collective. La pratique artistique de Kama comprend la création textile, visuelle, digitale, poétique ainsi que la performance : sa démarche est à la fois narratologique et théorique, à la fois personnelle et politique. Persuadé•e que les pratiques artistiques ont le pouvoir de renforcer la résilience, de guérir, et de faire office de résistance au statu quo, son travail met en marche une praxis anticoloniale grâce à la production culturelle.
Praticien•ne du théâtre depuis ses 15 ans, Kama a immigré en Inde à l’âge de 18 ans et a obtenu un baccalauréat en littérature et en études culturelles à l’Université de Pune. Pendant ce temps, iel a aussi été formé•e en danse contemporaine indienne et en Kathak sous le mentorat de Pt. Nandkishore Kapote. En 2008, Kama a déménagé au Canada, où iel a obtenu une maîtrise en théorie, culture et politique à l’Université Trent tout en se formant en théâtre physique avec le Théâtre Korzenie.
Kama est arrivé•e à tio’tia:ke (Montréal) en 2012, où iel a développé une pratique artistique communautaire pluridisciplinaire. La même année, aux côtés de l’artiste et illustrateur•ice Elisha Lim, Kama a co-fondé 2-qtbipocmontreal, un collectif d’arts visant à visibiliser les pratiques des pratiques queer et trans racisé•es et autochton•es à Montréal. Kama est aussi créateur•ice et animateur•ice de GENDER B(L)ENDER: scène ouverte queer (2013-18), mettant sur pied l’un des piliers majeurs de la scène de performance queer montréalaise, où en l’espace de 5 ans, iel a présenté plus de 650 performances de plus de 300 artistes et collectifs de Montréal et d’ailleurs. Iel a également organisé et animé The Self-Love Cabaret: l’amour se conjugue à la première personne (2012-16), résistance//résidence (2012), Home Invasion: Queers Shaking the foundations of all White Houses (2015), Contemporary Poetics of Trans Women of Colour (2016-18), SPEAK B(L)ACK: a Black History Month Spoken Word Show (2016-19) et Voix et Résiliences (2019). Kama a été mentor•e au sein du AMY Project (Artists Mentoring Youth) à Toronto en 2017-18, et a également été directeur•ice artistique de Trans Gemmes: Performance Poetry Program for Trans Women and Femmes du AMY Project (2017-20).
Son travail a été présenté dans plusieurs espaces de Montréal (La Centrale Galerie Powerhouse, articule, MAI (Montréal, arts interculturels), Fonderie Darling, Monument National, Studio 303, Studio XX), et aussi à l’échelle nationale et internationale. En 2016, lors de la journée internationale des femmes, Kama a eu l’honneur d’être reconnu•e par CBC/Radio Canada comme étant l’un•e de 9 artistes dont le travail fait une différence au Canada.
CRÉDITS
Accompagnement dramaturgique : Mathieu Leroux, Sophie Gee
Accompagnement chorégraphique : Andrew Tay, Rhodnie Désir
Accompagnement vocal : Teiya Kasahara, Kathy Kennedy
Oeil extérieurs : Tawiah BenEben Mfoafo-M’Carthy
Conception lumière : Jon Cleveland
Direction technique : Jon Cleveland
Conception sonore : Evan Stepanian
Scénographie : Nalo Soyini Bruce
Assistance à la scénographie : Michael Fanfan
Direction de production : Josh Marchesini
ZOM-FAM est une coproduction du MAI (Montréal, arts interculturels)