Ed Atkins instrumentalise la vidéo à haute définition – un médium immatériel – pour réaliser des œuvres qui ont la capacité de nous ramener à notre propre réalité corporelle. Les installations vidéo à grande échelle présentées à la Fondation sont entièrement créées à l’aide de techniques d’animation par ordinateur; il en résulte une esthétique qui perturbe notre perception du vivant et de l’«animé». Dans chaque œuvre, un personnage partage ses émotions les plus intimes grâce à des monologues qui traitent d’aspirations existentielles et de désespoir et qui sont ponctués d’extraits de chansons populaires, de bruits corporels, d’intertitres, d’images d’archives et de chansons inopinées.

La vraisemblance de l’image HD est pleinement exploitée, puisque chaque pore et chaque poil est saisissant de réalisme et chaque contusion, virtuellement palpable. Atkins optimise l’utilisation des mots, des images et du son jusqu’à la dissonance poétique. Dans ses œuvres, l’esthétique lisse de l’ère numérique se heurte à un enchevêtrement de chair, de sang, de sentiments et d’imperfections.

L’exposition, présentée dans les espaces des 451 et 465, rue Saint-Jean, réunit trois œuvres récentes d’Atkins. Dans la vidéo à trois canaux Ribbons (2014), un homme nu boit, fume, chante et exprime une haine de soi mélancolique, pendant que son verre se remplit successivement de whiskey, de sang et d’urine. Hisser (2015), commandée pour la Biennale d’Istanbul, met en scène un autre protagoniste, dans sa chambre la nuit, prisonnier d’un état perpétuel de solitude et de confusion qui semble mener vers une seule issue horrible. Safe Conduct (2016), sa pièce la plus récente, démontre la vulnérabilité du corps en parodiant les vidéos de sécurité dans les aéroports, au rythme implacable du Bolero de Ravel qui monte lentement en crescendo.

Au moyen d’effets de décalage, d’ellipses et d’autres techniques cinématographiques, Atkins bouscule nos connaissances en matière de narration audiovisuelle, lesquelles sont en grande partie influencées par le langage cinématographique et télévisuel, ainsi que par l’Internet et ses dérivés, les médias sociaux. En amalgamant les genres du jeu vidéo, du vidéoclip et de l’infopublicité, ses œuvres offrent un portrait chaotique et terrifiant de la psyché collective contemporaine. Le fait que l’artiste prête sa voix et ses expressions faciales à chacun des personnages – ou substituts, pour être plus exact – brouille encore davantage la distinction entre la vie et la mort, le rêve et la réalité, le vrai et le faux. Dans le sillage de Hollis Frampton et de Michael Snow, des pionniers de l’art médiatique, Ed Atkins emploie les outils d’imagerie actuels de la technologie numérique de manière réflexive afin d’interroger le médium lui-même. L’ensemble de son œuvre met en lumière les relations complexes qui existent entre le monde numérique désincarné et notre désir de connexion profonde avec notre propre corps et avec les autres. Il s’agit de la première exposition de l’artiste au Canada. Ed Atkins (Oxford, Royaume-Uni, 1982) a présenté son travail entre autres à la Tate Britain, à la Chisenhale Gallery (Londres), au MoMA PS1 (New York), à la Serpentine Gallery (Londres), au Palais de Tokyo (Paris), au Louisiana Museum (Copenhague), au Hammer Museum (Los Angeles), au Hirshorn Museum (Washington), à la Biennale de Venise en 2015, à la Biennale d’Istanbul en 2015, au Manchester International Festival, à la Kunsthalle Zürich, au Stedelijk Museum (Amsterdam) et au Castello di Rivoli (Turin). En plus Dans le cadre de la programmation éducative pour Ed Atkins, DHC/ART offre un atelier de création, des visites guidées, des projets publics et des événements, ainsi que des outils pédagogiques. Toutes les activités de DHC/ART Éducation sont gratuites. Pour toute information, merci de contacter: education@dhc-art.org.

DHC/ART Fondation pour l’art contemporain Établie en 2007, la fondation DHC/ART est un organisme sans but lucratif qui se consacre à la présentation de l’art contemporain. Abritée dans deux bâtiments patrimoniaux situés au cœur du Vieux-Montréal, DHC/ART offre une programmation qui s’est méritée la faveur critique aussi bien ici qu’à l’étranger. À chaque année, la Fondation offre deux à trois expositions majeures, une série d’événements publics, des projets spéciaux de collaboration et un programme d’éducation innovateur. D’envergure internationale, tout en étant à l’écoute du contexte montréalais, la programmation entière de DHC/ART est offerte gratuitement afin de renforcer son engagement à être accessible pour favoriser une discussion sur la manière dont l’art contemporain est porteur de sujets et d’idées qui reflètent et touchent notre vie au quotidien.
Vernissage: mercredi 19 avril 2017 de 17h30 à 20h30, DHC/ART, 465, rue Saint-Jean
Conférence de l’artiste: jeudi 20 avril 2017 à 19h, Centre Phi, 407, rue Saint-Pierre

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