Docteur Eva Daoud est une réalisatrice qui portait la peine et la souffrance du monde arabe dans son précédent film « Un printemps est passé par ici ». Elle est d’origine Syrienne, mariée avec un docteur Bahreïnien et elle est diplômée de la New York Film Academy en 2011 sous la direction du professeur Norman B. Schwartz.

Aujourd’hui, Dr Daoud revient pour la 2ème année consécutive à Montréal pour participer au 39ème Festival des Films du Monde avec son nouveau film « Le voleur de lumière » qui est un court-métrage de 19 minutes qui a été réalisé en Espagne.

Après la projection du court-métrage, et pour connaître un peu plus les détails des coulisses de sa réalisation, Madame Eva Daoud a bien voulu répondre à quelques questions en marge du FFM de Montréal.

L’initiative : Eva Daoud, Vous êtes la réalisatrice et l’auteur de votre film Le voleur de lumière « The Light thief », pouvez-vous nous parler de la signification du titre de votre film?

Eva Daoud : Quand on tombe amoureux, on sent que l’on a un coup d’éclat dans nos yeux. Les amis nous demandent, qu’est ce qui a changé en nous? Comme si nous devenons plus beaux, plus vivants. Parce que nous rayonnons de lumière…Mais si quelqu’un vole cette lumière, cette essence d’amour, que ce passe-t-il? En réalité, mon film répond à cette question en montrant les effets invisibles qui peuvent alourdir les cœurs brisés et comment ces derniers vivent-ils cette malédiction? Sont-ils capables de revivre? Peuvent-ils un jour récupérer cette lumière volée?

Vous avez choisi deux prénoms très significatifs pour les deux rôles principaux (Adham pour le rôle masculin et Soleen pour le rôle féminin). Qu’est-ce que vous voulez dire par ce choix?

À chaque mois lunaire, il existe trois nuits très sombres, sans la lumière de la lune, ni celle des étoiles. La nuit la plus sombre parmi ces trois s’appelle en arabe « Aldahmaa » d’où vient le prénom masculin arabe « Adham » qui signifie l’obscurité. L’inverse est la lumière d’où vient l’idée d’appeler ma personnalité principale féminine « Soleen » qui signifie en araméen « soleil ».

Pourquoi choisir l’Espagne comme endroit pour le tournage de votre film et ne pas choisir un pays arabe?

En réalité, j’aurais aimé tourner mon film en Syrie, mais malheureusement ce n’était pas possible pour des raisons connues pour tout le monde (la guerre contre la Syrie). J’avais plusieurs alternatifs comme le Liban, la Turquie et l’Espagne. Ce dernier pays traversait une crise économique, ce qui m’a donné la possibilité d’avoir une meilleure équipe de travail et un meilleur prix. Surtout qu’au départ je n’avais pas de producteur. Heureusement, après j’ai signé un contrat avec la société espagnole « Corpo film » ainsi que la société de production bahreïnienne « 32 production », qui m’a financé auparavant un autre film.

Comment avez-vous trouvé votre expérience en Espagne?

Je suis trés heureuse de cette expérience que je trouve assez riche. J’ai eu la chance de travailler avec une équipe qui respecte le travail, ponctuelle, talentueuse, plein d’énergie et qui a aimé l’histoire du film. Vous savez, quand j’ai signé un contrat avec eux, on s’est mis d’accord sur 12 heures du travail chaque jour. Mais en réalité certains jours on a dépassé largement ce chiffre parfois on a travaillé 20 heures sans qu’ils acceptent d’être remboursés parce que, tout simplement, ils ont aimé le travail. D’ailleurs, je rencontre des talents partout à travers le monde. J’ai déjà travaillé avec Chaker Ben Yahmed un directeur de la photographie du film « Un printemps est passé par ici ». Chaker Ben Yahmed est d’origine tunisienne mais installé au Bahreïn. J’aimerais retravailler avec des gens talentueux qui se donnent à cœur.

Est-ce que c’est votre première participation au Festival des Films du Monde à Montréal?

C’est ma deuxième année de participation au festival des films du monde à Montréal. L’année dernière j’étais présente avec mon film « A Spring Has Passed By » « Un printemps est passé par ici ». Franchement, je suis fière et très contente de ma participation pendant deux années consécutives au FFM à Montréal. C’est un festival important sur l’échelle mondial. De plus, n’importe quel réalisateur sera fier s’il ajoute dans son CV une participation ou une récompense de ce festival.

Est-ce que vous avez d’autres films qui ont participé à d’autres festivals?

En effet, j’en ai plusieurs. J’ai réalisé plusieurs courts-métrages qui ont participé aux différents festivals mondiaux. Mon premier film « The New Cinderella », je l’ai tourné en 2010. À cette époque j’étais étudiante. Ce film a participé au festival des films d’Abu Dhabi et a obtenu le prix Black Pearl Special Jury Prize – meilleur film court narrateur pour les étudiants. Ensuite, j’ai réalisé en Syrie « Memories of Love », qui a gagné le prix du meilleur film court (Award of Merit for Best Short Film) au festival Best Shorts Competition en Californie en 2011, et le prix Honorable Mention Award – Short Film au festival Love Unlimited Film à Los Angeles en 2012. De plus, il a gagné le prix de la deuxième place au festival des films court Ifrane Azrou au Maroc en 2012. Évidemment, il a participé à plusieurs festivals internationaux comme au Colorado, en Égypte, en Irak, en Inde et au Canada (Canada International Film Festival). J’ai aussi deux films en Bahreïn : Water Genie en 2012 et Yearnings en 2013. En outre, j’ai réalisé mon film « A Spring Has Passed By » en 2014, qui a obtenu sept récompenses dont le Official Selection – Best International Short Film au festival Urban Mediamakers Film Atlanta, CA en 2013, le Award of Merit for Best Short Film au festival Best Shorts Competition, CA. Il y a aussi d’autres récompenses comme la 2ème Place pour un meilleur film court au festival Bagdad International Film en 2014 et Honorable mention – Short Film en Allemagne au festival International film Awards Berlin Film Festival en 2015. Également, mon film « A Spring Has Passed By » était dans l’ouverture du festival Peace on Earth Film Festival à Chicago en 2014 et il a participé à plusieurs festivals importants dans le monde tels que le festival Liverpool Lift-Off International Film aux Royaume-Unis, et BUSHO Film FESTIVAL Budapest en Hongrie en 2015.

« Le voleur de lumière » va-t-il participer à des autres festivals dans le monde?

Oui, aux États-Unis il y aura Quest Film Festival et le festival Holly Shorts Film USA et Fort LAUNDERDALE International Film Festival. En outre, je vais participer au festival Oaxaca Film en Mexico.

Eva Daoud, vous êtes docteur en science économique. Pourquoi ce virage dans votre vie vers le cinéma?

Quand on était enfants, notre maîtresse nous demandait ce que nous allons être quand nous allons grandir. Parce que j’avais une grande imagination et je ne voulais pas donner une réponse originale alors j’ai répondu une astronaute. Quand je voulais choisir un domaine pour faire mes études j’ai su que je voulais être une réalisatrice, mais à l’époque ce diplôme n’existait pas en Syrie. Je me rappelle toujours la réponse de mon père, il me disait qu’il faut faire des études qui amènent à un bon travail; une fois que j’aurais ce travail je pourrais réaliser mon rêve en étudiant le cinéma. Je le comprends maintenant et je suis contente d’avoir attendu tout ce temps-là parce que j’ai réalisé un vrai rêve. Aujourd’hui mon père, mon mari et toute ma famille sont fiers de moi.

Eva Daoud, nous vous remercions et vous souhaitons un bon festival à Montréal.

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