Le Festival international Présence autochtone annonce qu’une programmation évolutive, sous la thématique générique de Nomade Land, est sur le point de se mettre en branle. Innovante et déconfinée, elle s’étendra d’août à novembre, et sera en constante évolution, les activités étant annoncées au fur et à mesure, de son développement en salle, en ligne ou sur les places publiques.
« La caravane s’organise en avançant » dit André Dudemaine, le directeur de la programmation, citant le fameux proverbe arabe.
Départ canon, à partir du 7 août : première série de films avec 7 longs métrages présentés jusqu’au 13 août à 20 h au Cinéma du Musée dans le cadre de la compétition officielle (remise des prix en novembre); animation et exposition dans le Quartier des spectacles et au-delà; puis en ligne, un concert, Trancestral, et lancement d’une prestigieuse revue avec table ronde intercontinentale.
En première québécoise, on pourra voir Sanctorum de Joshua Gil, sélectionné à Venise (Semaine de la critique); et Panquiaco d’Ana Elena Tejera, sélectionné à Rotterdam. Ces deux films sont tournés avec la participation de communautés autochtones, l’une Mije du Mexique, l’autre Guna du Panama: le poids de l’histoire et de la mémoire, une dimension onirique, voire fantastique, ouvrent sur des temporalités pluirséculaires alors que les drames du présent – déforestation, narcotrafic, écocide – frappent de plein fouet.
Luttes et spiritualité sont intimement liées dans le réel des populations autochtones des Amériques, et des films en témoignent : appel pressant des esprits de la montagne (Ushui, la luna y el trueno de Rafael Roberto Mojica Gil); disparitions et féminicides (Rustic Oracle, de Sonia Bonspille Boileau, en rappel, prix APTN); protection du territoire ancestral avec, comme point de départ, un singulier mariage entre un Ashaninka et une non-autochtone (Antonio e Piti de Vincent Carelli et Wewito Piyãko). Inclassable et incontournable, le cinéaste navajo Blackhorse Lowe, pour son troisième long métrage de fiction, nous invite à une joyeuse virée dans la bohème autochtone d’Albuquerque (Fukry). Enfin, la grande Alanis Obomsawin, cinéaste au long cours, sera sur place pour parler de son dernier film Jordan River Anderson, le messager sur l’enfant dont le décès a provoqué un changement législatif majeur au Canada.
D’autres films à venir, en salle ou en ligne, seront annoncés ultérieurement.
En direct, le 7 août à midi, sur presenceautochtone.ca : le concert Transcestral 2020, une rencontre renouvelée des musiques autochtone et soufi. Transcestral exprime la quête perpétuelle de l’harmonie entre humanité et nature, en puisant dans les traditions chorégraphiques et musicales de l’art sacré, d’ici et d’ailleurs. Oktoécho s’associe à la chanteuse métis Moe Clark, à la poétesse innue Joséphine Bacon, à la chanteuse de gorge inuite Nina Segalowitz, aux Buffalo Hat Singers, à Khalil Moqadem (chant et oud), aux danseuses Barbara Diabo et Tanya Evanson ainsi qu’à d’autres musiciens, tous unis sous la houlette de la cheffe et compositrice Katia Makdissi-Warren (à qui la SMCQ consacre un hommage en 2019/2020).
Dans le Quartier des spectacles, du 6 au 9 août, les figures mythiques d’animaux et de personnages légendaires seront déployées sur et autour de la place des Festivals. Spectacles pop-up, des performances d’artistes autochtones pourront être vus en passant par le centre-ville qui, doucement, reprend vie. On retrouvera les chanteuses Laura Niquay (Atikamekw); Kanen (Innue); <nikamowin.com/fr/artiste/eadse> Eadsé (Wendate) et Sam Ojeda danseur traditionnel. Et, sur la rue Sainte-Catherine seront exposées des œuvres de l’artiste Christi Belcourt (Métisse) célébrant la Terre, l’Eau et la Vie.
Enfin, le 13 août à 19h00, lancement virtuel de Cinémas et médias autochtones dans les Amériques : récits, communautés et souverainetés, numéro spécial du Canadian Journal of Film Studies / Revue canadienne d’études cinématographiques, publié par les Presses de l’Université de Toronto. Avec l’organisationd’une table ronde autour de laquelle on trouvera : Deborah Walker-Morrison (Māori), de l’Université d’Auckland, Aotearoa ; Marion Konwanénhon Delaronde (Kanienʼkehá꞉ka), du Centre culturel et linguistique Mohawk, Kahnawake ; Karine Bertrand (Métisse Algonquine), de l’Université Queen’s et André Dudemaine (Innu) du Festival international Présence autochtone. Ce panel virtuel sera animé par Isabelle St-Amand, de Queen’s, co-éditrice du numéro. Il est à noter que cette publication origine des rencontres savantes organisées dans le cadre du Festival international Présence autochtone, en association avec diverses universités, une caractéristique distinctive de l’événement montréalais.
Ces activités et celles qui seront annoncées sont autant de cailloux blancs semés sur la route du Nomade Land afin de retrouver le chemin de la relance qui s’annonce dans un horizon prochain. En transhumance sur la route du temps, le nomade, guidé par des sagesses ancestrales, s’adapte et innove sans jamais perdre le cap.