Autrefois le centre en plein essor de l’acier américain, Youngstown, dans l’Ohio, est devenue la ville la plus dépeuplée aux États-Unis lorsque l’industrie s’est effondrée dans les années 1950. Plus de 60 % de la population a fui la ville. Aujourd’hui, 37 % de ceux qui y restent vivent sous le seuil de pauvreté. Comme Rocco et Amber. Ex-héroïnomane devenu archéologue urbain, Rocco fouille les décombres de centaines de maisons abandonnées. Vêtements vintage, disques, œuvres d’art, tout ce qu’il trouve va à Greyland, une galerie d’art et friperie, pour être converti en argent. Pendant ce temps, Amber est une mère célibataire et la présidente de l’association de quartier, menant la lutte contre la mairie pour son inaction du nettoyage de son quartier. « Nous voulons croire », dit Amber, « qu’il y a de bonnes choses pleines d’espoir à venir. »
À travers des images apocalyptiques et poétique d’une ville prenant son dernier souffle, Greyland raconte la résilience de deux individus alors que tout s’est effondré autour d’eux. « Vous pouvez essayer, mais vous n’allez rien changer. Essayer devient simplement une partie de qui nous sommes », chante Rocco en écho aux luttes d’une génération prise entre deux époques.
Youngstown a été présenté comme un symbole du déclin post-industriel non seulement aux États-Unis, mais dans le monde moderne. Et si cela peut arriver au pays des opportunités, cela peut arriver n’importe où. Greyland suit les espoirs et ambitions de Rocco et Amber au milieu du déclin économique et d’un paysage politique en décalage avec les besoins de sa communauté.
Alexandra Sicotte-Lévesque œuvre depuis plus de vingt ans dans le domaine humanitaire. Elle cofonde en 2002, Journalistes pour les droits humains – Journalists for Human Rights, un organisme qui travaille à la formation de journalistes à travers l’Afrique. Après trois ans au Soudan où elle participe à la mise sur pied de la première radio indépendante du pays avec la mission de paix des Nations Unies, Alexandra produit et réalise son premier long métrage documentaire À jamais, pour toujours qui suit des jeunes soudanais à l’aube de l’indépendance du Sud-Soudan. Il obtient une mention spéciale pour le prix Magnus Issacson aux RIDM. Après avoir travaillé sur les élections présidentielles américaines de 2012 dans l’Ohio, elle réalise et produit Greyland son deuxième long métrage. Elle travaille actuellement pour la Croix Rouge internationale en Suisse.
Produit par Alexandra Sicotte-Lévesque et Sylvie Van Brabant, Greyland est réalisé par Alexandra Sicotte-Lévesque. La direction de la photographie est assurée par Katerine Giguère. Le montage est d’Annie Leclair, la musique originale est composée par Antoine Berthiaume et les chansons originales sont signées Rocco Sait.
Séance du 24 avril avec la réalisatrice suivie d’une période de Q&R à 18 h 15 au Quartier latin.