Dans la pièce de théâtre Happy Hour, on passe brusquement du rire jaune à la colère, de l’effervescence à l’accalmie plate et j’en passe. Le pari est risqué, car soit qu’on l’emporte ou pas. En effet, il y a des transitions qui ne sont parfois pas très réussies. C’est toujours ça l’enjeu quand on veut montrer des émotions à fleur de peau. Et des émotions, il y en a dans la pièce mise en scène par Ana Pfeiffer Quiroz.
En 2017, Pfeiffer, artiste d’origine péruvienne, et les deux acteurs qui jouent dans la pièce, Anna Beaupré Moulounda et Thomas Leblanc, ont fondé la compagnie de création Parrêsia. Pour cette première production, les artistes ont plutôt privilégié une célébration chaleureuse. Il s’agit en effet de célébrer la parole et la vérité, leur vérité, en toute intimité et dans un décor épuré du Théâtre Prospero. Parrêsia fait justement référence au fait « d’énoncer une vérité intime sur la place publique, un geste qui comporte une part de risque et nécessite un certain courage. » Ainsi, l’homme parle de sa vie sexuelle et se vante de ses exploits; la femme, elle, expose son rapport conflictuel à la maternité et au poids écrasant qu’une société fait peser sur les épaules de ses membres afin de se conformer à être « bons » en tout. On comprend vite que ce n’est pas possible ni souhaitable.
Bref, Happy Hour déborde d’énergie et fait trépider. Il y a des passages spécialement savoureux comme celui du voyage d’initiation à la solidarité internationale entrepris afin de changer le monde et qui en réalité ne change pas grand-chose. Dans ce contexte, la présence d’Anna Beaupré Moulounda sur scène s’avère une belle découverte.
Happy Hour | Mise en scène : Ana Pfeiffer Quiroz | Avec Anna Beaupré Moulounda, Thomas Leblanc | Conseil artistique : Nicolas Cantin | Assistance à la production : Hélène Villemure | Éclairages : Nicola Dubois | Conception sonore : David Rancourt et Antoine Rochette | les productions Lost Boys | Scénographie et costumes : Manon Guiraud. Happy Hour à la salle intime du Théâtre Prospero, jusqu’au 22 février.
Eduardo Malpica Ramos