S’il fallait résumer en une phrase Il faut flinguer Ramirez[1], on dira sans hésitation que c’est le cinéma en bande dessinée. Mais revenons un peu en arrière pour comprendre de quoi il retourne.

Jacques Ramirez est un employé de la compagnie Robotop une entreprise qui vend des aspirateurs (vacuumizer en anglais). Par un concours de circonstances, lui qui devait recevoir le titre d’employé de l’année, est suspecté de la mort de ses employeurs. La police est à ses trousses et il ne prend pas la peine de se défendre car voilà Jacques Ramirez ne parle pas. Il n’est pas très loquace et tous les indices l’incriminent. Il faut dire que le nom de famille de Jack est intimement lié au cartel, car son père Diego, son grand-père Rico et ses ancêtres ont toujours œuvré pour la famille Rodriguez. Hector Rodriguez qui tient les rênes du cartel de Paso del Rio veut en finir les Ramirez. Il veut avoir aussi sa peau, mais celui-ci doit se faire la malle en compagnie de Dakota Smith et la plantureuse Chelsea Tyler qui fait la une des revues. Le trio quitte Falcon City en direction de Black Rock. Les deux starlettes veulent se refaire une nouvelle identité, car elles viennent de voler deux millions de dollars, tandis que Jacques Ramirez veut se rendre à la ville de Stone Creek, où se déroulera le festival rock’n’roll de Stone Creek.

Comme dans le premier tome, Il faut flinguer Ramirez, continue à entretenir le suspense dans une ambiance « rock’n’rollement » meurtrière.

Derrière ce volumineux acte 2 de la série, il y a Nicolas Petrimaux qui chapeaute toute une équipe pour raconter une histoire dense et pleine d’action. Grâce à son parcours multidisciplinaire en tant que qu’illustrateur, concept designer et réalisateur on apprécie l’esthétique et les graphismes de cette bande dessinée de 192 pages. L’auteur puise habilement dans des imaginaires de la culture populaire pour créer un univers kitch qui s’adapte au gré des évènements.

La violence qui est présente dans l’œuvre n’est pas gratuite et pour couronner le tout, Nicolas Petrimaux s’amuse à détourner le discours politiquement correct que l’on retrouve dans la publicité pour dire ce que personne ne dira jamais dans une annonce.

  • Pour l’ORI gamme i, une voiture de sport qui est armée façon James Bond, on peut lire par exemple le message suivant : la carrosserie a été conçue pour résister aux flammes de l’Enfer.
  • Pour la pub d’un Hamburger qui est produit par Bobby Z Burger, on peut lire que : chaque ingrédient a été choisi par des grands experts de la finance pour mettre votre métabolisme à rude épreuve.
  • Pour le P. Soft un ordinateur qui est supposé être à la pointe de la technologie, on retrouve le message suivant : P. Soft dépasse les limites de l’imagination et propose une nouvelle façon de passer le temps au travail, en famille ou encore entre amis, lorsque vous n’avez plus rien à vous dire.

Ce florilège de pubs que l’on découvre tout au long de cette BD n’est pas du tout fortuit, puisqu’il permet de comprendre et de mettre en contexte des conversations que l’on peut lire à mesure que l’histoire progresse.

Les références au 7e art sont aussi présentes à travers des clins d’œil que l’on aperçoit sur les affiches des classiques du cinéma. Les codes du Road Movie sont bien exploités dans cette cavale où le personnage de Jacques Ramirez risque sa peau à chaque instant. On retrouve aussi une atmosphère « Tarantinienne » dans la manière de nous immerger tranquillement dans l’histoire avant que tout ne parte en vrille. On ne révèlera pas tous les détails de ce deuxième acte, mais on confirmera ce que l’auteur soutient en bout de ligne lorsqu’il suggère que si vous aurez le livre entre les mains, c’est parce que vous aurez décidé de l’acheter ou tout au moins de le lire.

Avec Il faut flinguer Ramirez, Nicolas Petrimaux s’en donne à cœur joie au point de créer un site web[2] qui est complémentaire de l’univers de la série. On y trouve tous les détails sur le vaccumizer 2000, des portraits des personnages principaux, de superbes galléries d’images, des affiches alternatives, des fonds d’écrans pour ordinateurs et téléphones mobiles et bien sûr Silent Man la chanson originale de l’œuvre. Ainsi donc, le site web renvoie à la BD qui renvoie à son tour au site web.

Réda Benkoula

[1] Il faut flinguer Ramirez T.2 | Nicolas Petrimaux | Glénat| 2020 | 192 pages

[2] http://www.flinguerramirez.com/

Il faut flinguer Ramirez – Tome 02

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