Connue pour sa littérature populaire, Agnès Martin Lugand qui a déjà publié Les gens heureux lisent et boisent du café (2013), Entre mes mains le bonheur se faufile (2014), La vie est facile, ne t’inquiète pas (2015), Désolée, je suis attendue (2016), J’ai toujours cette musique dans la tête (2017), A la lumière du petit matin (2018), Une évidence (2019), Nos résiliences (2020) vient de publier La Datcha[1] ( 2021).

Dès le début l’auteure rappelle la citation de Sergueï Ojegov : « La Datcha est une maison à la campagne où l’on passe d’habitude les vacances d’été ».

Le lieu qui révèle ses secrets :

Le lieu qu’Hermine, personnage principal découvre est parsemé de souvenirs. Elle travaille dans un hôtel où le propriétaire l’a recrutée. Elle se retrouve dans un univers où les murs sont parlants. Toute son attention est concentrée sur Jo et Macha. Ce couple a perdu sa fille. Parler d’elle revient à s’engouffrer dans des peines très douloureuses. Vassily, le frère de la défunte qui s’était absenté pendant un long moment, laissant la maison vide, est revenu après le décès de ses parents. À son retour au domicile, il se lie à Hermine. Elle découvre que son ex-époux avait un lien avec la fille décédée. Tout au long de la lecture, des descriptions des lieux et des personnages aident à s’imaginer la scène. Ce qui reste remarquable c’est la générosité de Jo et Macha. Ils accordent toute leur confiance à Hermine, acceptent même qu’elle occupe les lieux avec ses enfants. Elle mène sa vie paisiblement, celle d’une femme séparée de son époux. Aucune inquiétude ne traverse ses sentiments. Protégée par les propriétaires de la Datcha son cœur est rassuré. Seulement le décès de ces derniers a fait vaciller la stabilité. Elle ne se sent plus comme chez elle. La peur et l’angoisse l’envahissent. Que va-t-elle devenir, elle qui a manqué cruellement d’affection maternelle ? Que va-t-elle devenir quand des parents de substitution ne sont plus là ?

La Datcha, une maison qui enveloppe avec sa chaleur, prouve que les murs ne sont pas bâtis qu’avec des matières à construction mais avec une histoire qui se raconte, se transmet et se transforme avec le temps. Un lieu de vie est essentiellement l’écrin où se nourrissent les sentiments, s’écrivent les mémoires. Tant que la personne reste à l’écoute de ce qui se déroule autour d’elle, elle sera toujours en mesure de s’alimenter de ce qui l’a aidée à rebondir.

Le roman La Datcha concentre l’attention sur le lieu de vie. C’est lui qui conditionne le comportement et laisse transparaître tout ce qui est censé être caché.

Lamia Bereksi Meddahi

[1] Agnès-Martin Lugand, La Datcha, Ed/ Michel Lafond, 2021, 345 Pages.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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