Le film La Main de Fadma du réalisateur, scénariste et producteur marocain Ahmed Maanouni a été projeté dimanche 16 avril au 33e festival International de Cinéma Vues d’Afrique de Montréal. La projection a été suivie par un débat en présence du réalisateur qui s’est prêté agréablement au jeu des questions-réponses avec l’audience.
Ce long-métrage est une fiction qui montre le portrait d’une femme marocaine combative, qui ne lésine pas sur les sacrifices pour éduquer, seule en étant veuve, ses enfants selon les valeurs auxquelles elle se cramponne. Cette femme est le personnage principal de cette comédie, distribué à l’actrice Fadila Benmoussa qui a incarné ce rôle avec brio.
Cette fiction, qui nous plonge dans l’affection exquise d’une maman préoccupée par l’avenir de ses deux garçons, l’un farfelu vivant à ses dépens et l’autre faisant sa grande fierté de l’autre côté de la grande bleue, nous tient aussi en haleine par tant de sujets qu’elle traite : éducation, mère monoparentale, mariage mixte, transmission des valeurs, héritage, crise d’identité et même la récession économique qui touche tant de régions dans les pays du Nord. Tout au long du film, les téléspectateurs est interpelé par ces sujets sérieux, mais présentés dans un cadre humoristique plaisant. C’est en quelque sorte la philosophie du réalisateur. L’humour, nous confie-t-il, permet de présenter au téléspectateur des sujets aussi importants avec légèreté et de le convier avec plus de liberté à la réflexion. Comme disait Boris Vian « L’humour est la politesse du désespoir». Rire de ses déceptions, de ses angoisses et de ses problèmes pour les surmonter. Ce côté comique du film nous est offert, notamment par Karim, le garçon hurluberlu de Fadma. Un personnage cocasse, extravagant, imprévisible et drôlement hilarant, interprété, avec un parlé marocain succulent, par le comédien Abderrahmane Ouaabad, plus connu sous le nom de EKO.
Le choix du guide touristique comme métier de Fadma a permis au réalisateur de montrer le Maroc touristique et sa ville emblématique Marrakech. Ce choix, imposé par des circonstances, nous répond-t-il à notre question, peut servir à la promotion du tourisme marocain qui, dans le film, est venu à la rescousse de la région d’Ardenne en récession après une vague autodestructrice de délocalisation. Une manière de montrer la coopération Nord-Sud et les opportunités d’investissement qu’offrent les pays du Sud aux régions d’Europe en difficultés.
La musique du film est puisée dans le répertoire du groupe légendaire targuie Tinariwen pour agrémenter des scènes émouvantes qui évoquent les souvenirs, les racines et les liens indéfectibles avec la famille et la patrie.
Sofiane Idir