Présenté en Première Nord-Américaine au Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, Le Challat de Tunis qui est réalisé par Kaouther Ben Hania nous conduit à Tunis à la recherche du « Balafreur » dit le Challat qui arpentait les rues de la ville en moto et qui balafrait les femmes avec une lame de rasoir. Après avoir fait dix ans de prison, l’homme est libéré en 2013. C’est alors que la cinéaste décide de lever le voile sur la vraie histoire du Challat. Plusieurs recherches et entrevues ont été effectuées auprès des victimes, des avocats et des personnes liées de près ou de loin avec le présumé coupable. Après plusieurs tentatives pour entrer en contact avec le balafreur, la réalisatrice réussit à trouver Jalel Dridi qui lui fait croire qu’il est le prétendu Challat.

En effet, plusieurs cas similaires ont été répertoriés de personnes qui voulaient s’approprier ce titre que ce soit en Tunisie, en Égypte ou en Syrie. A travers les différents témoignages, de nombreuses contradictions subsistent sur la véritable identité de celui qui a terrorisé les femmes. Le contexte sociopolitique en Tunisie a d’ailleurs alimenté un certain discours qui justifiait les agressions envers les femmes qui se promèneraient sans être couvertes…l’instrumentalisation du discours religieux a pour ainsi dire produit une haine envers ces femmes qui disait-on étaient en liaison avec le diable. Ainsi, la réalisatrice a voulu dénoncer la condition des femmes dans les pays du Moyen-Orient comme on pouvait le lire dans une entrevue qui a été publiée dans le Huffington post Maghreb : « La dictature, les codes de la femme, une société assez conservatrice, la peur fait que ce genre de fait divers émergent. Moi ce qui m’intéresse c’était de savoir pourquoi un homme comme lui pouvait être mené à faire cela, il y a tout une symbolique derrière qui revient finalement aux problèmes sociaux tunisiens ». Carole Dumont (L’initiative)

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