Guy Delisle est un auteur et bédéiste québécois qui est né en 1966. Après des études d’arts plastiques, il se tourne vers l’animation au Sheridan College d’Oakville, puis il travaille dans différents studios à Montréal et ailleurs dans le monde (Allemagne, France, Chine, Viêt Nam, Corée du Nord, Jérusalem et à La Réunion). Cette introduction biographique est importante pour saisir le cheminement créatif de l’auteur, qui puise son inspiration de ses voyages pour partager, par le biais de la bande dessinée, son regard, sur lui-même, sur sa famille et sur le monde.
Suite à ses séjours dans différents pays, l’auteur publiera Shenzhen en 2000, Chroniques birmanes en 2007 et Chroniques de Jérusalem en 2011. Guy Delisle réussit à extraire de son vécu la matière brute qui lui permet de réaliser des œuvres ludiques au point de porter un nouveau regard sur sa propre enfance en publiant la série Chroniques de jeunesse et d’imaginer par la même occasion, à travers Le Guide du mauvais père[1], une autre façon bien rigolote d’être papa.
Guy Delisle démontre ainsi que chacun de nous peut puiser dans des moments de son propre vécu pour partager des émotions qui vont marquer « Les Autres » que ce soit à travers l’art, musique, le cinéma, la littérature et la bande dessinée, comme on peut le découvrir dans Le Guide du mauvais père qui est publié dans la collection Champoing aux éditions Delcourt.
Ce volumineux ouvrage de 304 pages réunit l’intégrale des quatre titres de la collection qui ont été publiés entre 2013 et 2018. Cette série à succès a même été traduite en 13 langues dont l’arabe, l’anglais et l’espagnol.
Une série qui fait réfléchir
Le Guide du mauvais père pourrait se résumer en un concentré de moments choisis par Guy Delisle pour nous décrire sa façon d’être père à l’égard de ses chérubins. Ce père aimant illustre avec beaucoup de recul là où il aurait failli, même s’il n’existe pas de mode d’emploi pour expliquer ce qu’est être parent. L’auteur réunit tout un tas de situations qu’il aurait vécu avec ses enfants et les réécrit à sa manière de façon humoristique de telle sorte que chacun peut s’identifier au personnage de ce père qui agit parfois maladroitement avec ses enfants. D’ailleurs, le second degré que l’on retrouve dans l’œuvre, nous conduit à ne pas en vouloir au personnage principal au point de se dire : qu’aurait-on pu faire à sa place ?
Parmi ces situations coup de cœur, on retrouve l’histoire de La dent, où Louis le petit garçon de Guy perd une dent et pose la question suivante à son père : « Et si je mets ma dent sous mon oreiller, la petite souris viendra cette nuit et l’échangera contre ma pièce de monnaie?». Tout le monde s’attend bien entendue à ce que le lendemain le jeune garçon trouve une pièce de monnaie sous son oreiller. Sauf que ce père « indigne » oublie de le faire. On se dit qu’il pourra se rattraper et donner une pièce de monnaie le lendemain ou le surlendemain, mais au lieu de cela, il y va avec des explications « fumeuses » pour justifier ses oublis en tentant de manière désespérée de ne pas oublier de glisser une pièce de monnaie sous l’oreiller de son fils.
Ce sont ces situations du quotidien qui font sourire et qui nous poussent à faire une réflexion sur nous-même, au point où un ami proche qui a parcouru la BD avoua dans un délire burlesque avoir trouvé la solution en disant tout simplement à son propre fils que l’histoire de la petite souris et de la fée des dents n’existe pas. [Bien entendu amis lecteurs, l’histoire de la souris existe bel et bien, tant qu’elle fait plaisir aux plus jeunes d’entre nous].
On se rend compte en tout cas, que toutes les situations que Guy Delisle décrit dans cette œuvre sont touchantes, puisque l’auteur à l’imagination foisonnante réécrit à travers la BD plus d’une cinquantaine d’histoires émouvantes et attendrissantes pour justement apprendre à ne pas être un mauvais père.
Réda Benkoula
[1] Le Guide Du Mauvais Père : l’intégrale | Guy Delisle | Collection : Shampooing – Éditeur : Delcourt | 2021 | 304 pages