Faits : bataille de l’étendard

L’étendard amazigh fut introduit d’une façon volontaire dès la première semaine du hirak. L’étendard séparatiste du Mak s’est joint aussi au décor (néanmoins, je parle de Montréal).

La semaine suivante fut celle du choc, de tension, causant de légers affrontements. Une semaine plus tard fut l’acceptation sous le charme et l’enthousiasme de la silmiya et de l’unité, devenus la fierté du hirak. Le séparatiste a joué favorablement en révélant le bon du méchant, et permit aux hirakistes la facilité de l’acceptation, choisissant en bonne conscience le bon du méchant. Alors que l’étendard amazigh allait s’installer aisément dans le décor du hirak, le séparatiste allait se retirer dès la semaine d’après (soit la quatrième), et se démarquer à sa dernière sortie par une marche distinctive devant le consulat d’Algérie le samedi au lieu de dimanche, avant de s’éclipser totalement de l’ambiance du hirak.

Dès la 16e semaine, le pouvoir récupère la question pour une manœuvre divisionnaire et distrayante, en initiant le duel badissisme-novembarisme/zouave, dans la perspective d’occuper la scène sur le face à face entre ces deux camps. Ce qui allait encore davantage enflammer ce duel, c’est la chasse aux porteurs d’étendard et leur arrestation. Même si l’étendard allait quitter la scène, et même s’éclipser à l’intérieur, il demeurait fort présent dans les régions kabyles et à l’étranger. Le duel, quant à lui, il demeurait bien ancré dans les esprits. La réplique allait résonner du hirak même, avec le slogan scandé « Casbah-Bab- El-Oued d’Imazighen », que moi-même j’ai observé à la 37e semaine du hirak à Alger au mois de novembre, lorsque les groupes affluant de l’ouest d’Alger de la Casbah et de Bab-El-Oued vers la Grande Poste, scandaient avec force.

Terrain de luttes de pouvoir

Ceci révèle un phénomène important celui où la question identitaire revêt sa dimension politique, et prend position comme instrument de bataille sur le terrain de luttes de pouvoir, où la question identitaire avec toute sa force symbolique et sa charge émotionnelle sert au pouvoir et aux opposants (surtout kabyles), de terrain et d’interface, pour la démonstration de forces.

Terrain de négociation

Le pouvoir allait récupérer aussi la question pour faire passer l’initiative d’effacement du français, manœuvre toujours utile pour raviver le duel francophones/arabophones, en procédant à la systématisation de la désignation des lieux officiels avec les deux écritures exclusivement arabe et amazigh (conformément à la constitution). Là, la question identitaire (avec la généralisation de l’écriture amazigh pour désigner les lieux publics), allait servir de terrain de négociation, pour faire passer sous silence l’effacement de la désignation en français des lieux publics.

Problématique

Est-il pertinent et avantageux pour la question identitaire, de la confiner dans le piège des luttes de pouvoir, ou au contraire de l’affranchir et l’inscrire dans une démarche purement culturelle ?

Conclusion

Tant que la question reste otage de la logique du pouvoir (recherche de gain et de positionnement politique et n’arrive pas à s’en affranchir, elle ne peut se réaliser dans son existence pleinement culturelle. Prise au piège de la logique de pouvoir, non seulement elle ne peut s’épanouir, mais aussi et surtout elle ne ferait qu’en subir les dégâts, et essuyer plus de division et de discorde parmi la société.

Dr Brahim Benyoucef

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