J’avais l’habitude de te parler chaque dimanche matin, à cause du décalage horaire. Mais ce jeudi, une envie impérieuse me poussait à t’appeler pour entendre ta voix avant d’aller au travail. Je ne peux attendre, encore deux jours.
J’ai composé le numéro et attendais, puis une voix étrangère me répondit, Allô, Qui es-tu ? Ai-je demandé? Elle dit Essabr, Mamak Rabbi yarhamha ! (Qu’Allah l’accueille dans sa miséricorde), Mais qui es-tu ? De quoi est-ce que tu parles ? Je refusais d’entendre, je refusais de comprendre, je refusais de croire. Comme si cette nouvelle foudroyante n’était pas suffisante, la voix lugubre ajoutât, alors que je sanglotais, ils sont entrain de lui donner le bain rituel pour l’enterrer à la prière du Dohr.
Je sentais la douleur enfoncer, cruellement, ses griffes dans mes entrailles, les déchiqueter et laissait mon cœur flotter dans une mare de sang. Une douleur atroce se propageait en moi tel un tsunami, elle m’envahissait, me rongeait, me submergeait, m’engloutissait…
J’aurais aimé être là, pour te parler, pour te faire rire, pour te donner un verre d’eau, pour te faire des petits gâteaux, pour t’acheter le fruit que tu aimes ou te promener près du phare, en admirant le couche du soleil. J’aurai aimé te serrer contre moi pour te dire je t’aime, pour te dire Pardon, pour te dire Adieu…
Aujourd’hui, pour la fête des mères, j’aurais aimé avoir un jour de plus avec toi, pour sentir ton odeur, pour regarder ton visage, pour te confectionner des fleurs, pour t’offrir la brise du soir, pour t’inventer des mots plus beaux ! Oui rien qu’un jour de plus, pour t’appeler maman !