En première nord-américaine à la 49e édition du Festival du nouveau cinéma de Montréal, L’effort commercial, le court métrage de Sarah Arnold jette, sans ambages, un regard critique sur les pratiques du système capitalistes.
Ce court métrage, dont le scénario est écrit par Sarah Arnold et Aline Crétinoir, est porté par un casting composé de Candice Pauilhac, Anissa Kaki, Pascal Tagnati et Virginie Lavalou. Quoique le film de Sarah Arnold soit une fiction qui dénonce les pratiques managériales du système capitaliste, qui cultive le culte de la performance financière, il s’inspire, cependant, d’un fait réel incarné par l’horreur de la scène finale. Il s’agit d’une fausse couche d’une caissière qui perd son bébé sur le siège de sa caisse, suite aux pressions insoutenables subies par ses responsables inhumains! Cette scène est un moment poignant du film et montre à quel point le capitalisme peut être cupide et à mille lieues du bien commun !
Pour mettre en scène les pratiques du capitalisme, la réalisatrice nous mène dans un supermarché, plus précisément dans l’espace des caissières. Dans un décor dépouillé de tout rapport avec les clients, elle met en relief ce geste répétitif, à la longue, fastidieux de la caissière, qui scanne les produits et se fait au rythme de la bande sonore. Un son qui valide son geste qu’elle doit agrémenter, en amont et en aval, par des amabilités pour bien servir le client! Le choix de ce décor rudimentaire est une façon ingénieuse de mettre en évidence la monotonie du travail de toute une armée de caissières qui se transforment en simples automates, travaillant sous pressions et contrainte de productivité et qui subissent, à la longue, des troubles de tous genres! Et avec le personnage de Léa, une jeune étudiante qui travaille comme caissière pour financer ses études, on découvre le management du système capitaliste qui va à l’encontre du raisonnable et porte atteinte aux droits de l’homme (harcèlement moral, pression, précarité, mise en concurrence des employés…).
Le film de Sarah Arnold est une manière audacieuse et ingénieuse de dévoiler et de dénoncer les pratiques néfastes du système capitalise qui exploite la vulnérabilité d’un prolétariat coincée entre le chômage et la précarité ! Il est aussi une matière intéressante qui nous invite à s’interroger sur les soubassements idéologiques du capitalisme, notamment sa vison du bien commun.
Sofiane Idir