Les femmes seraient plus douées pour le langage, les hommes plus performants en raisonnements spatiaux ou mathématiques, les deux sexes inégalement enclins à l’empathie… Quand on plonge dans la culture passéiste et dans un imaginaire collectif, le point fort des femmes serait leur sensibilité. Elles seraient plus émotives, plus douces, et plus empathiques que leurs homologues masculins. Certaines études ont corroboré cet argument en affirmant que chez la gent féminine, l’hippocampe (zone dédiée au traitement des émotions et à la mémoire composée de deux parties symétriques situées sous la surface du cortex), serait beaucoup plus développée. Mais une équipe de neurologues de la Rosalind Franklin University of Medicine and Science (États-Unis) conteste les résultats de ces précédents travaux, menés sur des échantillons restreints de volontaires, et affirme, sur la base d’une vaste étude, le contraire : il n’y a aucune différence de taille entre le cerveau de l’homme et celui de la femme, concluent-ils dans la revue NeuroImage.

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont universelles. Partout dans le monde, les femmes sont en première ligne des inégalités à cause des systèmes économiques injustes et sexistes, voire religieux qui les cantonne dans des pans de l’économie les plus dévalorisés et les plus précaires. Sans parler des discriminations et des violences subies dans la sphère professionnelle et privée.

Dans le domaine professionnel, les inégalités de genre sont particulièrement criantes où les femmes sont majoritaires dans les emplois précaires et mal rémunérés, notamment dans le secteur de la santé, l’éducation, le travail social, l’aide à la personne ou le nettoyage. Dans le monde, deux-tiers des personnes qui travaillent dans le secteur du soin sont des femmes, ce qui dénote pourquoi la grande majorité de celles-ci se retrouvent enfermées dans la vulnérabilité.

L’inégal partage du travail domestique et de soin entre les femmes et les hommes est une cause indirecte de la précarité des femmes car il compromet leur indépendance économique au sein du foyer.

Selon la science, les inégalités de genre modifient le cerveau des femmes

Selon une étude, les inégalités de genre auraient un impact sur le cerveau des femmes en réduisant l’épaisseur de leur cortex cérébral, ce qui aurait une conséquence sur leur santé mentale et réussite scolaire.

Différence de salaires, violences sexistes et sexuelles, manque d’accès à l’éducation, déséquilibre dans la répartition des tâches ménagères… Les inégalités de genre persistent encore et toujours. Et cela ne serait pas sans conséquence. En effet, une étude de la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) souligne que « l’inégalité entre les sexes est associée à des différences entre les cerveaux des hommes et des femmes ».

Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont comparé des IRM (imagerie par résonance magnétique) de patientes et patients qui avaient entre 18 et 40 ans habitant dans 29 pays avec différents degrés d’inégalités sociales. Conclusion : il existe des différences résidant dans « l’épaisseur corticale de l’hémisphère droit, ainsi que l’occipital latéral gauche, présentant des cortex plus minces chez les femmes que chez les hommes uniquement dans les pays où l’inégalité entre les sexes est très présente », expliquent les scientifiques dans leur rapport.

L’effet du stress chronique sur le cerveau des femmes persiste et dure dans des environnements où l’inégalité entre les sexes est sans mesure. En cause, les émotions négatives et le manque d’opportunités intellectuelles accordées aux femmes dans certains pays inégalitaires. Cette tendance affecterait le bon développement cérébral. Et cette différence n’est pas sans conséquence, d’après les recherches, et c’est ce qui conduirait à une santé mentale fragile et une réussite scolaire vouée à l’échec chez les femmes.

L’anxiété et l’adversité ont des impacts visibles sur le cerveau des humains. La violence physique et sexuelle, ou encore le fait d’être délaissé(e) sont des traumatismes qui laissent des traces. Dans les pays les plus inégalitaires, les femmes ont moins accès à l’éducation et à l’emploi. Or, inévitablement, un cerveau privé de nouvelles stimulations se développe moins.

Quelles sont les conséquences concrètes pour les femmes ?

Elles ont de plus grandes chances de faire des dépressions. « La zone du cerveau qui diminue sous l’effet du sexisme est en fait celle que l’on utilise pour contrôler ses émotions. Dans les pays très inégalitaires, les femmes ont donc moins d’outils pour affronter les vicissitudes de la vie. Ce cerveau un peu moins épais par endroit permettrait à la dépression mais aussi au syndrome de stress post-traumatique, de s’installer plus facilement chez les femmes que chez les hommes.

Cette corrélation entre le genre et la santé mentale était déjà connue : les femmes ont deux fois plus de risques d’être victimes de dépression que les hommes.

Pour revenir sur les maladies dont souffrent les femmes, des chercheurs de tous horizons se sont penchés sur les risques de cancer chez ces dernières et sur la manière dont les malades étaient traitées par le corps médical. Ils sont parvenus à la conclusion que les femmes mouraient bien moins du cancer si l’approche médicale autour de cette maladie était féministe.

La santé des femmes est depuis longtemps dénigrée par rapport à celle des hommes. Dans les essais cliniques, les médicaments sont testés sur des hommes. La compréhension de la douleur chez les femmes est également peu analysée. Pourtant, selon une étude publiée dans la revue The Lancet, adopter une « approche féministe » de la médecine permettrait d’éviter des milliers de décès par an à cause de cancers chez les femmes. Selon les chercheurs, les inégalités de genre et les discriminations profondément ancrées dans l’exercice de la médecine empêchent les femmes de recevoir des diagnostics rapides et des soins de qualité, rapporte The Guardian. Pour en arriver à cette conclusion, ils ont analysé le traitement reçu par les femmes atteintes d’un cancer du sein ou du col de l’utérus.

Changer la vision globale sur la santé des femmes

L’équipe de chercheurs composée d’experts du cancer, des associations de patientes, de sociologie du genre, en droits humains et en sciences sociales, a analysé comment la maladie des femmes était prise en charge à travers le monde. Ils ont notamment noté que les inégalités de genre participent au manque de femmes dans les postes à responsabilité sur la recherche contre le cancer. « De manière générale, la santé des femmes n’est vue que sous le prisme de la reproduction et de la maternité, le tout en alignement avec une vision antiféministe de la valeur et du rôle des femmes dans la société. Pendant ce temps-là, leurs cancers restent trop peu étudiés », déplore Dr Ophira Ginsburg,

Mieux connaître les facteurs de risques chez les femmes

Concrètement, les chercheurs nous disent que les facteurs de risques de cancer – tabac, alcool, obésité et infections – sont sous-estimés chez les femmes. Ils sont aussi bien moins communiqués aux premières concernées. De plus, si le cancer du sein et du col de l’utérus sont des « cancers féminins », deux des trois causes de morts prématurées chez les femmes sont le cancer des poumons et le cancer colorectal. Des maladies passées sous silence et qui font de lourds dégâts. Et ce, alors qu’il suffirait de mener des campagnes de sensibilisation massive auprès du public féminin pour l’amener à changer ses habitudes et réduire les risques. Idéalement, cela implique notamment de prendre en compte le genre et le sexe dans toutes les futures études médicales.

Mohand Lyazid Chibout (Iris)

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