Le gouvernement Legault, par l’entremise de son ministre du Travail, de l’emploi et de la Solidarité sociale et ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean Boulet, en conférence de presse à l’Université du Québec à Rimouski, le 19 mai, a annoncé un programme généreux pour attirer et retenir un grand nombre d’étudiants étrangers en région. Acculé à un manque impérieux de main-d’œuvre pour combler des milliers de postes vacants, le Québec met sur table une rondelette somme de 80 millions $, répartis sur quatre ans pour couvrir les frais de scolarité onéreux, acquittés habituellement par les étudiants étrangers. Quels sont les points saillants de ce programme et quel sera son impact sur la pénurie de main-d’œuvre dans la province ? Nous ferons le point dans ce papier sur cette opération de séduction qui peut faire florès dès son entrée en vigueur en septembre 2023.

Un programme d’exemption de frais de scolarité

Ce programme, qui entrera en vigueur à l’automne 2023, offrira aux étudiants internationaux une exemption des droits de scolarité qui s’élèvent annuellement à près de 17 000 $ au collégial et à environ 24 000 $ à l’université, et ce, jusqu’à la fin de leurs études. Les étudiants étrangers qui bénéficieront de ce programme auront à payer les mêmes droits de scolarité que les Québécois, à savoir aucun frais au collège et près de 3 000 $ à l’université. Pour bénéficier de ce programme, il incombe à l’étudiant de remplir deux conditions : s’inscrire dans un établissement d’enseignement supérieur francophone situé en région (les établissements de la région métropolitaine de Montréal ne sont pas acceptés dans ce programme), et choisir un programme qui fait partie des secteurs d’activités où le besoin est important en matière de main-d’œuvre (technologies de l’information, génie, santé, éducation et services sociaux).

Par ce programme, le gouvernement du Québec vise à attirer 2850 étudiants étrangers vers les établissements d’enseignement supérieur des régions sur une période de quatre ans, un chiffre qui sera revu à la hausse d’ici l’échéance de ce programme, prévoit le ministère chargé de ce programme. En plus de l’exemption des frais de scolarité, ce programme offrira aussi de l’accompagnement aux étudiants pour trouver un logement et un emploi.

L’immigration via les étudiants internationaux, un enjeu gagnant pour le Québec ?

En effet, ce programme d’allégement des frais de scolarité pour les étudiants étrangers n’est pas seulement un incitatif pour les attirer à poursuivre leurs études dans un établissement québécois, mais également une invitation bienveillante à demeurer et à s’établir dans la province. À vrai dire, il est plus avantageux pour une province d’immigration de recruter ses immigrants au sein de la communauté estudiantine présente sur place que d’aller les chercher à cent mille lieues d’ici. De surcroit, ces étudiants sont formés par des établissements québécois et déjà intégrés dans la société d’accueil. Miser sur les étudiants internationaux serait qu’un gage de réussite pour une province qui vieillit et éprouve un besoin impérieux en main d’œuvre.

Selon Statistique Canada, le Québec recense 213 250 poste vacants en février 2022, représentant 5,6% des postes occupés et vacants. Cette situation est occasionnée par la baisse de la population active (il y a de plus en plus de personnes en âge de retraite et de moins en moins de personnes d’âge actif pour les remplacer. En avril, la population active a baissé de 37 000 au Québec) et un taux de chômage bas (3,9% en avril, un creux historique, jamais enregistré depuis 1976). Pour combler ce besoin en main-d’œuvre, le gouvernement Legault a lancé en novembre 2021 un programme d’allocations et de bourses de 3,9 milliards $ sur cinq ans afin de permettre aux Québécois d’acquérir des qualifications capables de pourvoir des milliers de postes vacants dans des secteurs névralgiques. L’exonération des frais de scolarité aux étudiants étrangers fait partie des 80 mesures et incitatifs de ce programme baptisé « Opération main-d’œuvre ».

Sofiane Idir

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