Le marché de l’immobilier au Québec se remet doucement après l’arrêt forcé occasionné par la pandémie. Les restrictions imposées au marché immobilier du 14 mars au 11 mai ont fait baisser le nombre de propriétés à vendre sur le marché de 38%. Dans ce contexte de contraintes sanitaires et économiques, la demande pour l’immobilier s’est aussi contractée en raison de pertes d’emplois et de revenus, et de l’incertitude qui plane sur les conséquences et la fin de cette crise ! Cette situation inédite a provoqué une baisse de 25% de ventes en mai dernier dans tous les secteurs de l’immobilier (résidentiel, commercial et industriel), mettant fin à une embellie dans ce secteur. En effet, les bas taux d’intérêt depuis la dernière récession ont stimulé l’acquisition de l’immobilier, notamment les logements par les ménages. Il s’agit ici de faire une mise au point sur la situation du marché immobilier de la province et de discuter de ses perspectives à l’aune de la COVID-19. 

Le marché de l’immobilier redémarre

Suite aux mesures de confinement émises par la santé publique, les acteurs du marché immobilier, aussi bien les vendeurs que les acheteurs, ont mis leurs projets en standby. La reprise graduelle des activités dans la province a incité ces derniers à reprendre leurs projets. Le service de vente immobilière sans intermédiaire DuProprio a enregistré 8 millions de visites sur son site au mois de juin et les appels vers ses notaires ont augmenté de 50% par rapport à la même période en 2019. Les ventes du mois de juin de l’immobilier résidentiel ont enregistré un rebond remarquable dans toute la province d’après les statiques de l’Association professionnelles des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Il s’agit d’une progression de 35% pour juin 2020 par rapport au juin 2019. Cette performance est plus prononcée dans les zones rurales, où il s’est vendu 79% plus de propriétés par rapport au mois de juin 2019. Dans la région métropolitaine de Montréal, la croissance en question est de 16% et elle est seulement de 1% dans l’île de Montréal. Ce rebond exceptionnel peut être expliqué par l’effet de rattrapage du marché après deux mois d’arrêt forcé en raison de la pandémie. Les prochains mois vont nous dire si cette tendance s’inscrira dans la continuité, notamment en automne avec l’arrêt des allégements hypothécaires et la réduction des mesures d’aide gouvernementales, notamment la Prestation Canadienne d’Urgence (PCU). Concernant les prix de l’immobilier, il semble que la pandémie n’a pas encore exercé ses effets sur le marché. En effet, l’offre restreinte et la pression de la demande ont fait augmenter les prix. Le prix médian d’une maison unifamiliale sur l’île de Montréal a augmenté de 13% de juin 2019 à juin 2020. À l’automne, les spécialistes s’attendent à ce que les prix baissent en raison de l’éventuelle augmentation du nombre de propriétés à vendre avec la fin des périodes de reports des paiements hypothécaires et l’échéance de la PCU.

Les tendances à long terme

Il est clair que les taux d’intérêt sont actuellement très bas (taux directeur : 0,25%), ce qui attise le désir de devenir propriétaire. Avant la pandémie, tous les signaux étaient au vert (taux de chômage bas, croissance économique soutenue, salaires en hausse…) pour faire durer l’embellie du marché immobilier, mais avec la pandémie de COVID-19, l’incertitude plane sur ce marché et il est encore trop tôt pour se prononcer sur ses tendances à moyen et long termes. Cela dit, l’évolution du marché immobilier de la province dépendra de l’impact de cette pandémie sur les finances des ménages, et par conséquent, leurs capacités de s’engager et d’honorer leur engagement dans l’achat d’une propriété. 

Sofiane Idir

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