Le racisme régnant en France et la politique prêchant le rejet de l’autre ne peuvent aboutir à répandre ni la paix ni l’égalité des citoyens. Dans son livre[1] présenté en six chapitres : quelle identité nationale ? France : mère adoptive ou marâtre ? Les convertis missionnaires : la foi des mutants, Laïcité républicaine ou nouvelle inquisition, mondialisation et migrations : accueillir ou flétrir ! Education encore et toujours ! Fatou Diome n’hésite aucunement à rappeler continuellement les moments phares de l’Histoire, à l’instar de la conférence présentée en Swisse par Senghor le 9 janvier 1987 lors de l’alliance française de Berne : « On peut aimer la France, la respecter, reconnaître tout ce qu’on lui doit, sans oublier d’où l’on vient.

Tout le monde n’a pas l’ingratitude de l’amnésie ! Il n’y a que dans un esprit colonialiste qu’une culture invalide l’autre. Puisque l’ouverture reste menée par les bâtisseurs de cloisons, lisons ces lignes du Rapport Jeanneney (Jean Marcel) du 18 juillet 1963, sur la politique de coopération de la France avec les pays en développement, citées par Senghor, cherchant alors à convaincre à propos de la Francophonie : La France peut aussi attendre de la coopération des avantages économiques indirects et un enrichissement culturel…que la France imprègne d’autres pays de ses modes de pensées, elle tisse des liens dont l’intimité les incitera à lui apporter, à leur tour, le meilleur d’eux-mêmes.

La culture française s’est épanouie au cours des siècles grâce à des apports étrangers constamment renouvelés »[2]. L’éviction de l’étranger sous prétexte qu’il représente le scénario de tous les problèmes n’est qu’un leurre puisque la richesse de la France n’a pas atterri du jour au lendemain : « La France a donné au monde des lumières, qui lui sont également venues des quatre points cardinaux. Si elle continue de séduire, après avoir été esclavagiste et colonisatrice, c’est que les honnêtes gens savent reconnaître ses fautes tout en goûtant cet esprit de liberté que les opprimés viennent chercher en son sein. Le passé n’a pas besoin d’avocats mais d’historiens »[3].

Les pendules doivent être remises à l’heure pour que le passé ne soit plus transformé, déformé et que le présent puisse travailler avec les données réelles et non imaginaires. L’auteur de Marianne porte plainte ! décrit les faits : « Par les prétendus accords de partenariat avec l’Afrique, l’Europe essaie d’abaisser les droits de douane, alors que les filières qu’elle subventionne sont déjà plus puissantes que leurs rivales africaines, que cette concurrence déloyale phagocyte. Si cela n’est pas du dumping, qu’on me prête une boussole pour trouver mon nez ! On prend le pain de la bouche des Africains depuis des siècles et Tartuffe ose me demander pourquoi ils viennent chercher pitance chez Hercule qui s’approprie leur grenier »[4].

Le livre Marianne porte plainte ! ne chatouille pas l’Histoire de la France mais il lui donne les fortifiants pour qu’elle puisse reprendre son énergie et se défendre contre la xénophobie, le venin qui la tue.

 

[1]Fatou Diome, Marianne porte plainte, Ed/Flammarion, 2017.

[2] Id, p. 55.

[3] Ibid, p. 58.

[4] Ibid, p. 109.

By Lamia Bereksi Meddahi

Lamia Bereksi Meddahi est l’auteure de la première thèse de doctorat sur le dramaturge algérien Abdelkader Alloula. Elle a publié La famille disséminée, Ed/marsa, 2008, une pièce de théâtre Dialogues de sourds, Ed/L’harmattan, 2014. Elle enseigne à l’université Paris XII et se consacre à la littérature maghrébine ainsi que le théâtre dans le monde arabe. Depuis 2014, Lamia est membre de l’équipe éditoriale au journal L'initiative.

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