La reconnaissance des compétences acquises à l’étranger et l’intégration des immigrants font régulièrement les manchettes en période de pénurie de main-d’oeuvre. Toutefois, la maind’oeuvre étrangère est en droit de se demander si elle est adéquatement préparée à la réalité québécoise.
Malgré leur bonne volonté, les allocations octroyées pour les mesures de francisation sont nettement insuffisantes et leur durée est trop brève. Il faudrait être en mesure de franciser les immigrants correctement et surtout, selon leur profession.
Il faut également cesser de croire qu’en sélectionnant plus de francophones, nous règlerons tous les problèmes une fois pour toutes car nonobstant une langue commune, notre culture peut être totalement différente. Il est tout à fait louable qu’un immigrant veuille offrir le meilleur avenir possible à ses descendants et qu’il choisisse de leur donner les meilleurs outils disponibles.
L’anglais fait partie de ces outils. Toutefois, on omet de leur mentionner que la maîtrise du français est tout à fait suffisante pour assurer leur intégration. On ne peut donc pas leur en vouloir de ne pas les avoir informés correctement de notre situation linguistique. Il nous revient à nous, de les informer de notre réalité non seulement au niveau de la langue mais aussi, que leurs possibilités sont immenses car le Québec, ce n’est pas seulement Montréal, mais les régions également. On oublie trop souvent que les néo-québécois ne viennent pas tous des grands centres et que plusieurs souhaiteraient retrouver une qualité de vie similaire à celle de leur ville d’origine. Bien sûr, il faut intéresser les nouveaux venus aux régions. Travailler en région ne signifie pas nécessairement s’expatrier au bout du monde. À preuve, Repentigny, Terrebonne, Saint-Jean sur Richelieu et Saint-Hyacinthe sont considérées en région par le MAMROT.
Entre le chômage à Montréal en raison de l’obligation exagérée de parler anglais et un emploi stimulant sur la rive-sud, il y a fort à parier que nombre d’entre eux choisiront la deuxième option. Toutefois, il faut les informer de l’existence de telles opportunités. Malheureusement, cela ne se fait pas tout seul. Une intervention politique s’avère nécessaire. L’intégration dans une région située à deux pas de l’île de Montréal comporte des avantages considérables: du sang neuf, une bonne qualité de vie, la métropole à quelques kilomètres, des gens bien formés dans leur pays d’origine, du coeur au ventre, bref, une réussite pour toute la société. Et ce n’est pas si difficile que cela car il existe plusieurs organismes qui font un travail extraordinaire en région pour accompagner les nouveaux arrivants et qui offrent un suivi personnalisé impossible à Montréal.
Il faut également informer adéquatement les immigrants de la réalité au niveau de la reconnaissance des acquis. C’est difficile mais pas impossible et il faut surtout, cesser de leur vendre du rêve en leur faisant un portrait honnête de notre société. Nous ne sommes pas au Klondyke et s’intégrer peut être un processus long et fastidieux si on éprouve des difficultés à assimiler la langue. Cela peut prendre jusqu’à deux ans pour certains, cela est compréhensible car notre langue est difficile à maîtriser même chez les québécois de souche. Plus est, la reconnaissance des acquis est parfois une démarche de longue durée. Il faudrait donc faciliter les démarches avec l’étranger pour gagner du temps mais aussi, miser sur des stages en milieu de travail car leur exige une « expérience québécoise », mais comment faire si personne ne leur donne une chance?
Martine Dallaire (L’initiative)