Lorsque l’on pense au personnage de Spirou, on ne peut que lui associer tous ses amis parmi lesquels on retrouve le comte de Champignac dont on ignore le passé ou presque. Pour réparer cet impair, Caroline Roque et Bertrand Escaich, qui signent en commun leurs scénarios sous le pseudonyme de « BeKa » ont pris soin de nous plonger dans les aventures de ce talentueux scientifique à travers un premier album Enigma[1] qui a été publié en 2019. Deux ans plus tard, les deux auteurs reviennent avec Le patient A[2] une suite admirablement dessinée par David Etien et fraichement publiée chez Dupuis.
Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, que l’on connait sous le nom du comte de Champignac a donc sa propre série qui nous permet de mieux connaître le jeune homme fougueux qu’il était, ses amours et son implication dans des découvertes majeures du 20e siècle.
Nous sommes au mois de mai 1941. Le comte de Champignac est contacté par son ami Black pour sauver deux de leurs amis proches qui sont retenus malgré eux que pour servir les desseins des nazis. La compagne du comte, la charmante Blair McKenzie se joint à l’expédition pour sauver Schwartz, le chimiste, et Bruynseelke, le biologiste. Les deux scientifiques travaillent sur la Pervitine, un dérivé de la méthamphétamine qui est administrée aux soldats allemands qui ont la capacité de rester éveillée au moins 48 heures et ainsi être performants sur le terrain.
Selon le docteur Schwartz : une fois ingérée, elle force l’émission de neurotransmetteurs, tout en saturant la fente synaptique…créant ainsi un véritable feu d’artifice neuronal, qui fausse toutes les perceptions du cerveau ! Les sensations de peur, de faim et de fatigue n’existent plus (Page 21). Schwartz affirmait aussi que grâce à la formule chimique, certains soldats ont tenu 17 jours sans dormir. Celle-ci est même administrée au mystérieux patient A.
Ainsi donc, nous suivons cette fois-ci une aventure du comte de Champignac, où le suspense est entretenu à chaque instant par les BeKa qui ont déjà travaillé ensemble sur plusieurs séries telles que Studio danse, Le jour où…, Les rugbymen, Les petits rugbymen, Les aventures de Teddy Riner, Les fées valentines ou encore Mission capitale.
Il faut dire que l’imagination des BeKa prend forme grâce au talent de David Etien, qui signe avec Le patient A, une suite tout en finesse d’Enigma le premier volume de la série. Le style graphique d’Etien qui est clair et attrayant, nous rappelle dans sa manière d’esquisser les traits du comte, les dessins de ses prédécesseurs. Pour autant, l’artiste ne cherche pas à les imiter, puisqu’il y ajoute cette petite touche qui fait du comte un personnage à part. Champignac que l’on a toujours connu avec les cheveux blancs ou presque, nous surprend dans cette série où l’on découvre un homme plus jeune, vigoureux et courageux. On a ainsi le plaisir à redécouvrir le célèbre moustachu aux lunettes dans cette nouvelle aventure aux contours historiques, mais ô combien passionnante.
Réda Benkoula
[1] L’album a reçu en 2019 le Prix de la BD Fnac Belgique.
[2] Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, comte de Champignac Tome 2 – Le patient A | Béka (Scénario), David Etien (Dessin) | Dupuis | 2021 | 48 pages
