Dans une conjoncture mondiale marquée par des tensions géopolitiques, une inflation persistante et des resserrements des critères de crédit bancaire, les perspectives de l’économie mondiale, selon le dernier rapport du FMI (octobre 2023), prévoient un ralentissement de la croissance à 2,9 % (3% en 2023). Par ce ralentissement, l’économie mondiale enregistrerait la croissance la plus faible depuis des décennies.

Ce ralentissement serait plus prononcé dans les pays développés, avec une croissance passant de 2,6% en 2022 à 1,4% en 2024, car malgré la bonne santé de l’économie américaine, la récession menace la zone euro en raison de la crise énergétique et la remontée des taux d’intérêt. La croissance dans les pays émergents et les pays en développement devrait reculer légèrement, passant de 4,1% en 2022 à 4% en 2024. Les effets du durcissement de la politique monétaire commenceront à se faire sentir sur l’inflation mondiale, qui devrait reculer de 6,9 % en 2023 à 5,8 % en 2024. Le retour progressif à l’équilibre entre l’offre et la demande, avec en corollaire le recul de l’inflation, est la bonne nouvelle avec laquelle l’économie mondiale amorcera l’exercice 2024.

Mais cette bonne note est noyée dans une ardoise qui est enclin à noircir, notamment avec le ralentissement en Chine en raison de la crise de l’immobilier et les effets néfastes des hausses agressives des taux d’intérêt (baisse de la consommation, ralentissement des investissements et hausse du taux de chômage). Comment l’économie canadienne évoluera-t-elle dans cette conjoncture chancelante ?

En 2024, l’économie canadienne sera-t-elle résiliente et capable de changer de cap ?

Selon le rapport Perspectives économiques (septembre 2023) de Deloitte Canada, l’économie du pays devrait connaitre des difficultés durant le premier semestre de 2024 en raison de l’endettement élevé des ménages (en pourcentage du PIB, les ménages canadiens sont les plus endettés des pays du G7), de la hausse vertigineuse des paiements d’intérêts et de l’inflation persistante, avant de connaitre un redressement lors de la deuxième partie de l’année, au fur et à mesure que la politique monétaire amorce la baisse des taux d’intérêt.

La lutte menée par la Banque du Canada contre l’inflation depuis le printemps 2022 place l’économie dans un cycle mettant à l’épreuve les entreprises et les ménages. Sous pression budgétaire pour faire face notamment au prêt hypothécaire, les dépenses des ménages baissent. En même temps, l’accès plus onéreux au crédit, l’augmentation de la masse salariale et l’incertitude qui minent la confiance des entreprises amoindrissent les investissements. La conjonction de ces facteurs ralentira la croissance, Deloitte Canada estime que le PIB augmentera de 0,9 % en 2024.

À mesure que la politique monétaire de la Banque du Canada amorcera la baisse de son taux directeur, l’économie canadienne devrait renouer avec la croissance au second semestre, boostée par le commerce avec les États-Unis et la croissance démographique (2,7% en 2023), prédit Deloitte Canada.

Le scénario de Deloitte Canada est à nuancer en raison de plusieurs facteurs internes et externes. En effet, les effets des hausses agressives des taux d’intérêts se font généralement sentir sur l’économie avec un décalage. Plusieurs spécialistes estiment qu’à partir de 2024 que ces effets seront palpables, ce qui freinera amplement la demande, le moteur de croissance de l’économie du pays. L’inflation pourrait rester encore tenace en raison de la croissance démographique et la pénurie de logements, ce qui rendra le processus de la ramener à sa fourchette cible encore long et dispendieux. Par ailleurs, les conflits géopolitiques imprévisibles peuvent alimenter à tout moment l’inflation via plusieurs marchés, notamment celui de l’énergie.

Sofiane Idir

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