Les géants du Web sont devenus ces nouveaux maîtres du monde qui ne s’arrêteraient pas de grandir jusqu’à contrôler les plateformes de l’information, et probablement dominer ainsi nos sociétés dans les années à venir. Une industrie des médias à l’ère du numérique en pleine mutation, mais dictée désormais par de nouveaux enjeux économiques, une véritable bataille annoncée entre les multinationales des technologies de l’information et les médias traditionnels. Outre le monopole financier et l’emprise sur la vie privée des internautes, c’est vers la disparition progressive de ces organes que l’humanité vire désormais.

Une identité éditoriale plus que jamais menacée par les géants du web et l’émergence des « GAFAM », acronyme qui désigne les cinq plus grandes firmes numériques dominantes (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Des entreprises qui dictent les règles du jeu, et malgré les tentatives de les démanteler et de les réglementer, leur maîtrise sur les données et les algorithmes les ont rendus presque invulnérables.

Les GAFAM, une domination incroyable !

En effet, et depuis une dizaine d’années, les revenus publicitaires ont visiblement chuté au profit des GAFAM, avec une transition numérique qui a été plus lente pour certains médias que d’autres. Engouffrés économiquement, ces médias ont tenté malgré tout de s’investir face à la puissance des plateformes sociales et de l’Internet mobile, qui en parallèle, a entraîné l’approche journalistiques au plus bas de l’échelle de la notion de l’information. Une étude récente a montré que 55 % de la vie numérique (e-mail, e-commerce, musique, vidéo, réseau social…) d’un utilisateur moyen se déroule sur l’une ou l’autre de ces quatre plates-formes. D’autres chiffres de cette étude : Google contrôle 90 % de la recherche sur Internet dans le monde, 75 % des pages vues sur les réseaux sociaux aux États-Unis, et qu’Apple détient 45 % du trafic web issu des Smartphones. Désormais, les projets les plus innovants et intéressants se développent désormais hors des rédactions de presse, d’où l’urgence de redéfinir les missions et de redistribuer les priorités et les moyens au sein des rédactions.

Journalisme dites-vous ?

Une nouvelle façon de concevoir les sociétés et les rapports sociaux, avec ce monopole sur la publicité et le commerce en ligne, qui n’est pas pour améliorer la situation de ces médias, un empire de la technologie de plus en plus inquiétant, une drogue numérique et une manipulation de l’attention qui ont plus que jamais assuré une emprise totale sur le concept de l’information. De ce fait, c’est le métier même de journaliste qui s’est vu perdre de son lustre d’antan, au profit de ces empires du Net. Le célèbre journaliste britannique Jon Snow a parfaitement illustré ce constat et cette menace, une totale déconnexion complète de la profession avec la population. « L’explosion des médias numériques n’a ni comblé le vide laissé par la décimation de la presse locale, ni connecté plus efficacement les journalistes avec les laissés-pour-compte, les désavantagés, les exclus. Jamais nous n’avons été plus accessibles au public et en même temps plus déconnectés de la vie d’autrui… Je crois que nous avons, par la nature de notre business, une obligation d’être au courant de, d’être connecté avec, de comprendre les vies, les préoccupations, les besoins de ceux qui ne le sont pas »

Pour tenir face aux géants de la distribution de l’information et assurer aux personnes de l’information de qualité, c’est désormais tout le modèle de gouvernance qu’il faut revoir. Cela veut dire que les différents acteurs de cette industrie doivent travailler ensemble et mettre en commun leurs ressources et leurs expertises. Éclairer les questions qui sont liées à la précarisation de leur profession, à leur indépendance, à leurs conditions de travail, à la difficulté de produire des nouvelles de qualité, à leur marché de l’emploi, mais aussi à la définition de plus en plus floue de ce que sont le journalisme et l’information, est primordiale !

Hamid Si Ahmed

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