Noureddine est natif de Tunis en 1971. Analyste de données, journaliste radio et membre actif de quelques associations qui œuvrent dans le domaine communautaire, il est titulaire d’une Maîtrise en administration publique, d’un diplôme en gestion de relations publiques et d’un baccalauréat en linguistique anglaise. Notre interlocuteur maîtrise 5 langues : arabe, français, anglais, espagnol et portugais. Il réside au Canada depuis vingt ans, il est marié et père de deux garçons.

Les géants du numériques sont considérés comme les bourreaux des médias d’information, votre version…

Ce sont les pratiques concurrentielles de certains de ces joueurs qu’il faut condamner et non pas leurs propre existence. Il faut dénoncer le monopole, la manipulation des prix et les méthodes non éthiques du domaine.

Les experts estiment que l’information ne doit pas seulement être l’affaire des détenteurs du capital, êtes-vous du même avis ?

Tout à fait. Il faut aller de l’avant avec la démocratisation de l’information. Un seul joueur est nocif a l’industrie, peu importe qu’il soit un détenteur du capital ou un acteur gouvernemental. Les lois devraient aider les petits joueurs à être des acteurs essentiels dans la scène. Les subventions peuvent aussi aider dans ce sens.

On estime que seules les offres médias qui proposent des contenus spécifiques pourront s’imposer, qu’en pensez-vous ?

Oui, ils se sont imposés. Mais, un gros mais : Je n’aime pas le câble car il est plein de chaines de spécialités : cuisine, sport, documentaires etc. Oui, ces chaines trouveront preneur chez les accros mais il nous faut faire revivre les chaines généralistes : PBS aux États-Unis en est la preuve. Un média avec un mandat très positif et un contenu diversifié ciblant la société américaine, rien ne vaut cet aspect éducatif de tous les programmes qu’offre PBS. Après tout ce sont eux les lanceurs de Sésame Street.

A quels genres de médias accordez-vous votre confiance ? A vos yeux, quels médias sont crédibles et de qualité ?

Le contenu ayant un but informatif et éducationnel en même temps prend mon vote. La crédibilité se gagne avec deux choses : la véracité des faits et la qualité du contenu. Je ne donne aucune valeur au sensationnalisme.

De tous les médias existants, lesquels pourront faire face à cette grande mutation selon vous ?

Les classiques tels que les grossistes de l’info en boucle, par exemple Reuters. Ils se distinguent par une mission et une vision interplanétaire. Les moyens aussi jouent un rôle primordial, on peut citer Bloomberg comme média ayant pu s’imposer grâce au coffre plein de son propriétaire. Sinon, le principe informatif de la proximité saura aussi donner un avantage aux petits joueurs afin de leur donner une longue vie.

Toujours à la recherche de flexibilité, les consommateurs ne sont-ils pas les premiers responsables de cette inquiétante situation des médias ?

A la fois actifs et passifs, en fin de compte, ce sont des consommateurs et chacun choisit ce qu’il prend parmi la panoplie de médias et de source d’info. Je ne peux condamner une partie sans mettre en question les pratiques des autres parties. Les médias dépensent des sommes énormes pour influencer le choix du consommateur (algorithme, pub, achat de données, sondages etc) dans toutes les classes sociales et catégories d’âge.

La radio numérique offre des alternatives nouvelles et prometteuses à tous ces changements, partagez-vous cet avis ?

Tout à fait. La connectivité est un élément clé de notre monde moderne. La radio qui a survécu à la télé et Internet, doit aussi faire usage de son savoir-faire pour adopter les méthodes de travail actualisées. Il y a des décennies, la migration vers la bande FM a été mal vécue par plusieurs radios émettant sur la AM. C’est le même cas aujourd’hui, si tu ne voyages pas vers le numérique, tu vas perdre du poids.

Durant les dernières années, On constate un retour de l’attention vers la télévision, est-ce vraiment le cas ?

Oui, et surtout merci Netflix. Ça garde toujours la famille ensemble, la télé.

Quel monde des médias craignez-vous le plus dans le futur ?

Le point de vue unique, car il est manipulateur. Il appauvrit la culture de a société, non pas élitiste ou spécialisé, mais de la population. Donc, je crains la concentration du pouvoir médiatique.

Pensez-vous qu’actuellement, un plan d’aide est nécessaire aux médias d’information ?

Oui, il le faut, même si cela veut dire aider seulement ceux qui en ont besoin. Ce n’est pas juste envers d’autres joueurs. Mais l’intervention est souhaitable pour sauver des emplois, donner une 2éme vie à un fleuron etc. Par contre, il y a des cas ou la disparition d’un média est due à ces changements dont on parle, alors le média n’a pas su gérer la migration vers le numérique par exemple : ici intervenir pour empêcher des crises ne serait pas souhaitable.

Comment imaginez-vous l‘avenir des médias existants ?

Il y aura de plus en plus d’acteurs éphémères et c’est normal. On consomme à la hâte, tout de nos jours : artistes, médias etc. Les ‘fads’ comme on dit en anglais sont à la mode et on n’y peut rien. Dans cette cacophonie, il y a aura ceux qui vont savoir se distinguer et tant mieux pour eux.

Avec l’émergence des médias sociaux, les consommateurs se plaignent de la perte de la sphère privée, qu’en pensez-vous ?

Toute une question, mon ami. Le partage est une décision individuelle, les médias sociaux carburent aux éléments de la vie privée. Il y a une chaine YouTube dont le sujet est le quotidien de la vie d’une famille et dont chaque vidéo est vue par des millions de personnes partout dans le monde. Le gain financier qu’offrent les médiaux sociaux est un aspect non-négligeable de la transaction. Les données personnelles sont le butin que s’offrent ces nouveaux médias.

La survie de l’information de qualité passe donc par un réinvestissement dans le secteur et par l’embauche de journalistes…

C’est le souhait de tout journaliste ! On vit de piges qu’on soit reporter, caméraman ou un simple rédacteur d’une rubrique dans un journal quelconque. Fini le temps des carriéristes ayant un poste permanent avec pension et avantages sociaux. Par contre, un réinvestissement dans le secteur est plausible et possible car la profession n’a pas perdu de son lustre, on rêve toujours d’être journaliste, on évoque toujours les attraits du métier et ceci est un avantage sur d’autres professions (malheureusement pour celles-ci), A mon avis, ce réinvestissement doit être dans 2 volets :

1-La formation et la mise à niveau avec surtout les technologies et les méthodes de travail moderne

2-La révision à la hausse de la grille salariale des journalistes pour aider avec la pérennité de ce domaine.

Entretien réalisé par Hamid Si Ahmed

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