Originaire de Tunisie, Saoussen Ouerghemmi a enseigné les Arts Plastiques à l’université de Tunis avant de s’installer à Montréal. Membre fondatrice de la Ligue des Artistes Tunisiens du Canada, elle organise plusieurs événements culturels tels que « Hiver montréalais aux couleurs tunisiennes » et « Huit pour le 8 » à l’occasion de la journée internationale de la femme. En 2013, elle participe à des expositions collectives au Festival Orientalys et au Festival du Monde Arabe. Elle expose aussi dans le cadre de Vues d’Afrique en 2013 et en 2014 et elle anime des ateliers en Arts Visuels au Carrefour des Femmes de Saint-Léonard, à la bibliothèque de Boisé, au collège de Maisonneuve et au Centre d’Apprentissage Parallèle à Montréal. L’artiste qui considère que sa pratique artistique est « une occasion de voyager dans le fabuleux et le sensible » a bien voulu répondre à quelques questions :

L’initiative : Peux-tu décrire ta démarche artistique?

Saoussen Ouerghemmi : L’idée de me lancer dans une carrière artistique m’a toujours hanté. En fait, je n’ai révélé mon travail au grand public que depuis cinq ans. Il porte sur l’informelle et je me préoccupe surtout de la maitrise du geste dans sa part d’improvisation. J’estampe mes toiles de couleurs vives avec une touche prononcée et un coup de pinceau très gestuel. Chaque création improvisée est une empreinte de ma réflexion et une trace de ma sensibilité. C’est la richesse de l’expérimentation qui fait naître chez moi la volonté de traduire mes sentiments et mes impressions. Je n’ai jamais une idée prédéfinie quand je peins. Je m’engage dans une aventure! Un dialogue s’installe entre la toile et moi. C’est un échange où la couleur, la matière et le geste spontané se donnent rendez-vous pour créer une démonstration picturale d’une grande concordance.

Les couleurs vives et joyeuses de tes toiles ne laissent pas indifférents ceux qui les regardent. Où trouves-tu cette énergie et cette vivacité dans tes oeuvres?

Mes toiles sont souvent très colorées et débordent d’énergie. Je trouve qu’elles expriment clairement mes émotions et qu’elles réussissent à communiquer mes états d’âme et à traduire mes aspirations par le geste, la texture, la couleur, la lumière et son mouvement. J’essaie de transmettre à l’oeuvre l’énergie qui m’envahie et qui révèle mes inspirations de paix, d’éclat, d’harmonie, de vitalité et de lumière. Il s’agit de composer avec le plaisir de se découvrir et de se connaitre. L’observateur reconnaîtra dans un fragment de mon travail quelque chose qui lui ressemble.

Pour quelle raison est-ce que tu peins le jasmin et les fleurs dans tes tableaux?

Au-delà de ma grande affection pour la nature et les fleurs, j’essaie de mettre l’accent sur les dualités qui existent dans l’univers. Mes jasmins, qui par la transparence et l’opacité de la matière laissent apparaitre leur force et leur tendresse, sont une représentation abstraite de ce que peut offrir ce monde; autant de beauté que de catastrophes! Pour cela je nomme mes oeuvres avec des jeux de mots polysémiques qui interpellent et invitent à la méditation.

Est-ce que tu travailles de nouveaux projets?

J’observe tout ce qui m’entoure : le rythme de la vie, le quotidien, la nature, la musique, les conflits et les catastrophes. Tout ce qui me touche et tout ce qui me fascine. J’aime me projeter dans de nouvelles expériences et me découvrir de nouveaux états d’âmes. Je vois des possibilités et des thèmes qui deviennent des prétextes à mon expression créative.

Propos recueillis par Réda Benkoula

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