On chante les portes qu’on trace avec des mots et qu’on veut à tout prix construire pour enfin les ouvrir. On s’annonce et on dénonce, peu importe si ça dérange, on prend sa chance. « On veut tout, on prend tout », dit Angelot, un jeune haïtien arrivé à Montréal avec sa famille dans les années 90.

Pourquoi la rue, c’est ma vie, quand on m’a dit bienvenu? C’est un peu ce que divulgue le migrant de Scratch qui veut se sauver de toutes les prisons. C’est plus qu’une blessure, c’est une déchirure, dans le hood, scène urbaine qui se documente alors que retentissent plaintes et revendications et que les conversations brutales se métamorphosent en interprétations.

Dans le drame musical de Sébastien Godron, la rage de vivre fait scène de crime pour les déracinés qui rêvent de changer leur destinée. Quotidien des personnages, documentaire qui se tourne avec eux, vidéoclips, jonction du tout, c’est une fiction qui fusionne plusieurs dimensions pour produire un mix surprenant.

On se laisse aller au rythme de Leslie quand par surprise la musique nous invite à explorer la synergie de Lights and Shadows, le groupe de Hip hop dont il est le fier leader, et le fracas reprend rapidement quand les affaires qui financent les rêves, à moitié éveillé, se discutent à coups de mauvais coups.

La violence des mots qui racontent les maux laisse plonger au fond d’une dure réalité où les choses bougent sans vraiment bouger, et même s’il y a progrès, comme le film laisse un peu penser, c’est goutte par goutte dans un océan d’espérances et de solitudes entremêlées.

Le premier long métrage du réalisateur Sébastien Godron, lui-même passionné de Hip hop, prend l’affiche au cinéma du Parc le 25 septembre, et ce jusqu’au premier octobre 2015. Le film a fait partie de la programmation de Fantasia cette année et a le mérite de susciter la réflexion sans déchaîner les passions, même si on peut en sortir « le cœur gros ».

Read previous post:
Close